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7 - Quand la vie impose de poser le stylo

7 - Quand la vie impose de poser le stylo

Published May 10, 2024 Updated May 10, 2024 Personal Development
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7 - Quand la vie impose de poser le stylo

Pour la première fois de ma vie, j'avais tout pour être heureux.

Une femme, deux enfants et un travail passionnant. Le sentiment d'être enfin à ma place, de pouvoir marcher la tête haute, en souriant bêtement, juste parce que pour la première fois depuis des années, je me sentais bien dans ma peau. Mon quotidien était celui d'un auteur indépendant. J'écrivais mes livres et mes articles pour un journal. Et les retours étaient toujours positifs. Mes livres se vendaient peu, par manque de visibilité, mais étaient appréciés. Mes articles plaisaient autant aux personnes concernées qu'à la rédaction. Les compliments pleuvaient et les rencontres étaient porteuses d'espoir quant à l'avenir. Alors oui, je ne gagnais pas beaucoup d'argent. Mais c'est l'époque, le modèle social et économique qui donnent tant d'importance aux billets. Ce qui compte vraiment, c'est le bonheur de vivre une vie en adéquation avec soi-même. C'est le fait de pouvoir se voir dans le miroir et ne pas se dégoûter. De ne plus avoir honte de soi, honte de dire ce que l'on fait dans la vie. C'est se sentir utile chaque jour, et profiter de chaque instant, avoir le temps de tenir ses engagements professionnels tout en passant du temps avec sa famille. Ne plus se lever le matin avec la sensation de subir sa vie, avec cette boule au ventre qui ronge les entrailles. C'est être libre, enfin. L'argent ne fait pas le bonheur. Mais sans lui, la liberté n'existe pas. Car passer mes journées à écrire, livres ou articles de presse, ne permet pas d'obtenir quelques aides financières pour subvenir aux besoins du quotidien. On travaille beaucoup pour un salaire quasi inexistant. Mais on travaille quand même, et selon la législation en vigueur, si tu travailles, tu n'as pas besoin d'aide. Surtout si tu gagnes moins bien ta vie que l'année précédente, quand tu ne faisais rien.

"Mais rassurez-vous, Monsieur, l'année prochaine, vos aides seront conséquentes puisque cette année vous n'avez pas d'argent".

Encore une logique qui me dépasse. La situation actuelle ne me permet plus de faire ce que j’aime. Il me faut de nouveau pointer à l’usine, brasser de l’air pour un salaire. Pour payer des frais de bagnole, de la bouffe industrielle, des factures en constante augmentation. Il faut se consumer pour consommer. Et qu’importe si la santé mentale part en couille tant que le corps trime et produit.

La vie m’impose à nouveau de poser le stylo. Quel que soit le métier que je vais devoir exercer, il sera fatalement chronophage et m’empêchera de poursuivre mon activité de correspondant. On ne peut pas être partout à la fois et porter plusieurs casquettes en même temps : père, mari, auteur, “journaliste” et salarié… chercher l’intru. J’aimerais que l’on m’explique un jour à quoi ça sert de vivre puisqu’on ne vit que pour les autres, et jamais pour soi. Alors voilà, ce fut court mais intense. J’ai vu à quoi ça pouvait ressembler, le bonheur. Et quand, à l’avenir, je rentrerai chez moi, le cœur poussière et les yeux rouges, après avoir dépointer et oté mes chaussures de sécu, je me poserai devant le miroir, observant l’image d’un fantôme, d’une coquille vide. Et entre deux vagues nauséeuses, je me dirai :

“Dis, tu te souviens ? Tu te rappelles de ces deux mois, quand t’étais heureux?”

 

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Commentss (4)

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Jackie H 9 days ago

le ressenti de tant d'entre nous...
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Oren Le Conteur 6 days ago

oui et c'est pas normal de devoir sacrifier son unique vie ainsi

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