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Chapitre 4

Chapitre 4

Published Jun 16, 2025 Updated Jun 16, 2025 Horror
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Chapitre 4

ᛗ -


Je termine de ranger les bagages. Clara dort déjà, serrant Ember entre ses bras. Grandir dans un enclos laisse des plaies en soi qui ne se referment jamais, mais elle semble apaisée. Nous étions des enfants et nous voila adultes, sans être vraiment certain de ce que cela signifie.

Je la couvre et profite de ce moment pour m'attarder sur le passé.


Cette photographie me brise le cœur et me réchauffe en même temps. C'était ma famille... J'ôte mon bonnet pour voir mon visage se refléter dans celui du petit garçon. Quelques cicatrices en plus, une oreille en moins, quelques phalanges aussi.


Pour Éinesha, ce fut bien pire. J'ai vu son visage être écorché et aspiré par une gueule béante. Clara n'a pas assisté à cette scène, pourtant, ça la hante aussi, elle qui n'a entendu que les cris.


Je me serre contre son corps chaud ; son bras vient couvrir le mien. La vie peut continuer... Lorsque je ferme les yeux, je ne redoute qu'une chose : les ouvrir à nouveau dans le camp, comme si tout ça n'avait été qu'un beau rêve en enfer.


⚉ ⧾ ⎍ ⧰ ☷


L'événement fut traumatisant, comme à chaque fois. Les Faucheurs arrivèrent par centaines pour prélever à la volée les corps les plus appétissants. Ils dépeçaient et embrochaient les victimes avant de les faire rôtir vivants. Ces orgies grotesques se déroulaient là, juste sous nos yeux, à quelques dizaines de mètres des enclos.

Les bâfreries durèrent la moitié de la nuit. Puis, repus, les Faucheurs s'en retournèrent vers leurs zalkoz ; ces bâtisses qui leur servaient d'abris.


Ce n'est que le lendemain que l'on put constater la réussite du plan, quand les matons se retrouvèrent seuls devant les grilles, sans plus personne pour leur donner des ordres, tandis que leurs dirigeants se décomposaient déjà.


Ils espéraient qu'au loin dans l'univers, un supérieur hiérarchique ne leur dise quoi faire, mais le temps que les messages soient transmis, la plupart avaient péri. Merci à Einstein et sa relativité restreinte.


Les rescapés incapables de se nourrir furent rapidement décimés par la famine, ne pouvant plus savoir qui était contaminé ou qui ne l'était pas. Ils décidèrent de repartir, n'emportant avec eux que les réserves humaines congelées qu'ils avaient commencé à stocker, sans savoir que celles-ci aussi étaient contaminées...


Voilà pourquoi cela nous avait pris trois ans. Nous voulions leur infliger une terreur telle qu'elle les dissuaderait définitivement de revenir ; leur laisser croire que nous étions en possession d'une arme capable de les annihiler. Les simples Hartstatt n'étaient pas aussi intelligents que les Kollostes, ils furent faciles à manipuler par de simples tours de passe-passe. Un gaz coloré, des cadavres à perte de vue, le reste n'était qu'une question d'interprétation de leur part.

Ceux qui purent fuir n'eurent probablement pas l'opportunité d'aller bien loin et, peu importe leur sort, personne n'avait le courage ni l'envie de les poursuivre ou de leur faire la guerre...


Ils abandonnèrent là une partie de leur technologie. Ce serait une bien maigre consolation pour les générations futures... Mais voilà, nous étions enfin libres, encore fallait-il l'accepter.


ᛉ -


Cette maison est à l'image de l'humanité toute entière. Elle a survécu aux bombardements, à la vitrification des terres, à l'acharnement des envahisseurs ; comme nous avions survécu aux camps et à la moisson. Il est désormais temps de laisser les plaies vivaces se cicatriser.


De mon enfance, il ne reste que cette façade penchée aux planches grinçantes, comme les souvenirs pesants qu'elle renferme encore. Clara se retourne, me serre dans ses bras et m'embrasse. Nous pouvons enfin goûter notre paix et ne plus craindre d'être pris dans la prochaine rafle.


Mais nos cœurs se déchireront toujours à l'évocation de ce gâchis et de tous ces sacrifices. S'ils étaient nécessaires, la culpabilité demeure tenace. Pour avancer à présent, nous devons faire table rase de ce passé.


⟠ ✣ ⍟ ⌬ ❖ -


Pour vaincre l'ennemi, il avait fallu être patient, supporter la famine et les outrages du temps. Beaucoup furent mutilés et perdirent leur langue pour ne pas être dévorés vivants, ce qui était un moindre mal. Ceux qui avaient été fauchés avaient vu la mort s'abattre sur eux ou n'étaient plus en état de s'en rendre compte quand cela leur arrivait ; Miracle inopiné d'une nature venue d'un autre monde...


Après la débâcle, un autre combat dut commencer : il fallait fuir les camps. Les survivants ont pu s'extraire des cages à la force de leurs bras, comme des oisillons sortant de leur coquille. Nous dûmes tout réapprendre, nous réorganiser en société et enfin revivre simplement.


Les quelques sacrifiés qui avaient survécu n'en avaient pas fini avec la malédiction. Pour que le poison soit efficace, il fallait en prendre régulièrement pendant plusieurs jours, voire semaines. À la fin, tous devenaient accros à cette substance qui apaisait tous les tourments... Maudit miracle !


Parmi eux, ceux qui n'avaient pas été sélectionnés demeuraient là, telles des statues de chair, sans esprit, car le cerveau, lui aussi, était dévoré par l'enzyme au fil du temps. Les boîtes crâniennes se vidaient sans qu'on puisse rien y faire, ne laissant qu'un espace béant, même si cela prenait des années.


C'est tout naturellement que les rescapés leur bâtirent des sanctuaires où ils pouvaient finir leurs jours sans souffrance, dans un lieu de calme et de repos.

Quand ils cessaient de prendre au quotidien cette substance, au bout d'un moment, leurs corps mutaient en une hideuse déformation.


Désormais grabataires, ils mouraient dans des conditions indignes si personne n'avait le courage de soulager leurs souffrances. Ce fut toute une population qui périt ainsi, sans qu'on puisse les apaiser...


Nous autres, pauvres ères survivantes et ''épargnés'', nous étions condamnés au silence et à la culpabilité d'avoir survécu aux dépens de leurs existences, comme si les séquelles de l'élevage ne suffisaient pas...


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