Congratulations! Your support has been successfully sent to the author
avatar
Chapitre 1

Chapitre 1

Published Jun 9, 2025 Updated Jun 9, 2025 Horror
time 4 min
0
Love
0
Solidarity
0
Wow
thumb 0 comments
lecture 4 readings
0
reactions

On Panodyssey, you can read up to 10 publications per month without being logged in. Enjoy3 articles to discover this month.

To gain unlimited access, log in or create an account by clicking below. It's free! Log in

Chapitre 1

ᚢ -


J'avance dans les hautes herbes, le pas chancelant. Une certaine lourdeur m'envahit à l'approche de l'entrée. Fébrile, j'hésite ; je ne sais pas si j'aurai la force...

Clara pose sa main sur la mienne. Je me retourne une énième fois, cherchant dans son regard le courage dont j'ai besoin. Elle serre mes doigts, façon silencieuse de me dire que je ne suis pas seul.


J'essuie mon visage détrempé de sel, prends une profonde inspiration puis tire sur le portail grinçant, arrachant au passage les racines grises qui le retenaient. Main dans la main, nous avançons dans le vieux bois, jusqu'à parvenir au bord de l'ancien lac de rétention. Il est vide et jonché de carcasses...


En le contournant, nous traversons la végétation dense, jusqu'à ce que son pignon nous apparaisse par-delà les cimes. Ses planches brisées, ses tuiles manquantes et ses volets arrachés témoignent des outrages et des tempêtes qu'elle a subis. Mais, à notre grande surprise, elle a tenu bon.


Je me dirige vers la porte. Clara reste en retrait, comme pour ne pas me déranger dans cet instant solennel. En traversant ce qui fut jadis un jardin, je touche involontairement les objets éparpillés : un tracteur rouillé, le portique d'une balançoire, quelques jouets qui traînent de-ci de-là.

Cette scène est le témoignage d'un passé révolu, toujours hanté par les rires et les larmes, la vie heureuse d'une famille ordinaire, dans un monde banal. Ces souvenirs sont pour moi comme des fantômes qui dansent, ravivant de vieilles douleurs.


Je pousse la porte qui me paraît aussi lourde que l'est mon cœur. Dans une bouffée d'air vicié, une odeur me revient malgré les murs moisis : celle du cuivre et du sucre qui régnait là, quand cette maison respirait le bonheur et qu'on y confectionnait des confitures. Mais ça, c'était avant.


⚯⩠⁖⎍⧰ -


Avant l'émergence, avant la guerre, avant que l'infamie atroce ne frappe un monde qui n'était pas prêt pour cela... Nous vivions en imbéciles, fier de notre technologie et de notre confort ; oubliant que dans la nature, les prédateurs finissent toujours par devenir des proies.


-


Le désordre y règne, mais elle est toujours debout, bien qu'ébranlée, à l'image de ce monde qui n'est plus qu'un vaste capharnaüm de ruines et de cendres. De la vaisselle entassée dans l'évier, des boîtes de conserve, des vêtements déchirés : on a survécu ici, des mois, des années... Cette idée me submerge, j'ai peur de perdre pied, pourtant je dois en avoir le cœur net.


Clara fait un pas dans ma direction. Dans ce geste, je devine son affection et son soutien. Je lui fais signe de ne pas s'inquiéter. J'ai de la chance de l'avoir à mes côtés dans cette épreuve, car je n'ai pas le choix d'y faire face.


J'approche de la porte de la chambre. J'en saisis la poignée ; c'est fermé, j'insiste. Le bois vermoulu résiste à peine à mon coup d'épaule.

Il fait sombre de l'autre côté, mais les signes sont là. Mon esprit tend à vaciller comme la flamme de mon briquet. C'est à sa lueur tremblante que mes craintes se confirment. Là, sur le lit, deux corps étendus se tiennent la main.


[...]


Malgré leur état, je n'ai pas de doute. Je chancelle de nouveau, et Clara me saisit pour me serrer dans ses bras : elle est désormais mon ancrage.

Eux, étaient mes parents, pour elle, des amis, des voisins... Je me souviens de leurs sourires, du dernier que j'ai pu contempler. Ils se superposent à cette grimace macabre qui leur fait office de masque pour ultime figure...


Ils semblent être partis paisiblement, de leur plein gré ; c'est déjà ça. Ils tiennent entre leurs mains la photo de leurs enfants. À leurs pieds, une lettre d'adieu que je n'aurais pas la force de lire maintenant. L'enveloppe contient aussi leurs alliances...


Ils ne sont, comme d'autres, que les dégâts collatéraux d'un conflit supérieur qui a frappé le monde.


⍉ ⚯⩠⁖⎍⧰ -


Tout a commencé le jour où des vaisseaux immenses ont obscurci le ciel. Rares furent ceux qui eurent des doutes sur leurs intentions. Avant que l'humanité ne puisse accepter l'idée qu'elle n'était plus seule dans l'univers, elle le regrettait déjà bien amèrement.


En quelques heures, les forces armées et les gouvernements de tous les pays furent balayés. Aucun dialogue, aucune négociation.

Les capitales furent rayées instantanément par des frappes précises et synchronisées, s'abattant tel le jugement dernier.

Leur technologie et leur puissance militaire rendirent nos défenses humaines dérisoires et toute fuite impossible. Nous étions les fourmis, ils étaient la botte.


ᚾ -


Je referme la porte doucement pour ne pas les déranger, puis m'effondre, décontenancé, mais incapable de hurler ma peine ; même ça, on nous l'a pris. Clara se penche sur moi et, du revers de sa tunique, essuie mes larmes. Ensemble, nous nous arrêtons sur cette photo : cette petite sœur qui me manque, cette amie que Clara pleure encore. Nos mains tremblantes se serrent sous l'émotion, les cicatrices douloureuses qui s'y trouvent se ravivent d'une brûlure inextinguible.


⍉ ⎊ ⌬ ⌾ -


Les Faucheurs n'étaient pas venus pour nous... Ils ne faisaient que passer.

C'est la surabondance des technologies de communications qui attirèrent leur attention dans le grand vide cosmique, comme la lumière des leds attire les nuées de moustiques.


Maudit paradoxe de Fermi.


Dans leur conquête d'autres galaxies, il leur fallait des points de ravitaillement. La Terre n'était qu'un astre parmi d'autres à leurs yeux, un rocher insignifiant dans le vaste univers. Les survivants de l'holocauste furent mis à contribution, et très vite, les terres conquises devinrent fermes d'élevage.


À proximité, des usines d'abattage s'érigèrent haut dans le ciel. Passant des enclos à l'abattoir, exploités sans fin jusqu'au bout de leurs forces, les esclaves devenaient le bétail.

La peau, les os, la kératine, tout avait une utilité. Comme nous, il leur fallait se vêtir, alimenter leur industrie, produire, produire, produire, toutes sortes de choses dont le but nous échappait parfois.


Il était évident que pour eux, en l'humain "Rien ne se perd, tout se transforme."

La nuit venant, dans le bruit des machines, on entendait les cris de ceux que l'on dépeçait vivants.


Leurs échos résonnent encore dans les rares moments de silence...


Le hasard nous avait placés sur leur chemin et, après des millénaires de voyages stellaires, ils avaient faim ; il s'avéra que nous étions des mets de choix.


lecture 4 readings
thumb 0 comments
0
reactions

Comments (0)

You must be logged in to comment Sign in

Are you enjoying reading on Panodyssey?
Support their independent writers!

Prolong your journey in this universe Horror
TEMACOATZL
TEMACOATZL

Quand trois étrangers sont recrutés de force pour enquêter sur une drogue

Audren Lombardini
42 min

donate You can support your favorite writers

promo

Download the Panodyssey mobile app