

Chapitre 2 - Ombres intimes
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Chapitre 2 - Ombres intimes
— Sous la couette, sous pression
La chambre est plongée dans une pénombre apaisante. Les doubles rideaux tirés filtrent la lumière des lampadaires de la rue, projetant des traits orangés sur le parquet clair. Le doux bourdonnement de la climatisation se mêle aux bruissements lointains de la nuit de Johannesburg.
Soo-jin est assise dans le grand lit, adossée contre un oreiller, les jambes recouvertes d’une couette moelleuse couleur ivoire. Son ordinateur portable diffuse une lumière froide qui se reflète sur ses lunettes rondes. Autour d’elle, des documents annotés, des croquis d’architecture, un carnet débordant de notes. Elle fait défiler des images de bâtiments sur l’écran, les yeux fixés, concentrée à l’extrême. Ses doigts effleurent le pavé tactile, hésitants, avant de taper un calcul rapide dans un tableur.
L’odeur légère du thé vert flotte encore dans l’air. Sur la table de chevet, une tasse vide, des traces de lèvres marquant le rebord. Soo-jin inspire profondément, les épaules tendues comme si chaque respiration devait retenir un mur prêt à s’effondrer.
La porte s’entrouvre doucement dans un grincement familier. La silhouette de son mari apparaît dans l’embrasure, haute, athlétique, vêtue d’un simple tee-shirt sombre et d’un pantalon de coton. Sa peau sombre contraste avec la clarté de la pièce. Ses pas sont lents, presque silencieux, alors qu’il s’avance.
— Les jumeaux dorment enfin, dit-il d’une voix basse, légèrement rauque.
Soo-jin relève la tête, un sourire rapide traverse son visage, puis s’efface aussitôt. Elle tapote son clavier.
— Merci, murmure-t-elle sans quitter l’écran des yeux.
Il s’assoit au bord du lit, l’observe un instant en silence. Puis il se penche, ses doigts glissant lentement sur le cou de Soo-jin, caressant la ligne délicate de sa nuque. Son souffle chaud effleure son oreille.
— Tu viens ? susurre-t-il. Juste nous deux… ça fait longtemps.
Soo-jin ferme les yeux une seconde. Elle sent son cœur accélérer, non pas de désir, mais de tension. Sa main se pose doucement sur celle de son mari pour l’arrêter.
— Pas ce soir… Je n’ai pas la tête à ça.
Un silence tombe. Il se redresse, son regard s’assombrit.
— Pas la tête… Tu n’as plus jamais la tête, Soo-jin. On dirait que je partage mon lit avec ton ordinateur.
Elle relève enfin les yeux vers lui, fatiguée.
— Tu sais très bien que ce projet est crucial. Si je le rate, tout s’effondre. Ma carrière… notre avenir.
Il ricane, un son amer.
— Notre avenir ? Pourtant, il y a une heure, tu as bien trouvé du temps pour téléphoner à Alicia.
Soo-jin soupire, retire ses lunettes, les pose lentement sur la table de chevet.
— Alicia traverse un moment difficile. Elle est seule. Je ne pouvais pas…
Il l’interrompt, la voix plus dure.
— Moi aussi, je suis seul. Marié, oui, mais seul dans ce lit. À te voir, on dirait que je suis encore célibataire.
La phrase claque dans l’air comme une gifle silencieuse. Soo-jin baisse les yeux, mordille nerveusement sa lèvre inférieure. L’ordinateur reste ouvert, la lueur bleutée accentuant les ombres sur leurs visages. À cet instant, même la climatisation semble s’être arrêtée
Sans un mot de plus, son mari se glisse de l’autre côté du lit et s’allonge, lui tournant délibérément le dos. Son silence pèse plus lourd que n’importe quelle dispute, une barrière froide au milieu des draps.
Vin de palme et souvenirs amers
La lumière de la salle à manger est tamisée, une seule suspension diffuse un halo doré sur la grande table en bois massif. Alicia est assise devant son ordinateur portable, les épaules légèrement voûtées, les doigts tapant avec régularité. Des feuilles éparpillées, des coupures de presse, un stylo mâchouillé traînent autour d’elle, témoins de longues heures de travail. Le cliquetis du clavier est la seule musique de la pièce.
À côté de l’ordinateur, un verre de vin de palme capte la lumière comme un petit nuage emprisonné dans le cristal. Le liquide blanc laiteux reste immobile, à peine effleuré. Alicia arrête un instant d’écrire, pose ses mains sur le bord de la table, et fixe ce verre. Sa gorge se serre. Elle se revoit, quelques semaines plus tôt, riant avec Tegni pendant qu’ils dégustaient cet alcool doux au goût sucré, planifiant leur cérémonie de dot.
Elle approche lentement le verre de ses lèvres, l’odeur subtilement fermentée lui chatouille les narines. Elle prend une gorgée. Le goût est doux mais une légère amertume lui tapisse la langue. Sa poitrine se contracte, son estomac se nou
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