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L'Egorgeur : Chapitre 13

L'Egorgeur : Chapitre 13

Published Dec 3, 2025 Updated Dec 3, 2025 Crime stories
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Sa première visite en prison. Madame Di Bacco ne connaissait du milieu carcéral que ce qu’on en voyait à la télé. Autrement dit, rien. Nos prisons françaises sont à des années lumière de l’image véhiculée par les séries américaines. Déjà parce que le système carcéral est différent. Ensuite parce que le modèle de construction n’a rien à voir.

Pour voir son fils une demi-heure, Madame Di Bacco avait dû se rendre en taxi jusqu’à Privas. Autant dire qu’elle ne pourrait pas venir souvent avec son maigre revenu. Mais il fallait qu’elle lui parle. Il fallait qu’elle sache.

L’atmosphère de cette prison vétuste et surpeuplée ne plaisait pas à la vieille dame. L’endroit lui rappelait un asile d’aliénés qu’elle avait vu dans un film. Même s’il était peu raisonnable de penser que l’administration pénitentiaire pouvait se livrer aux mêmes expériences que celles de l’œuvre cinématographique en question. Elle se consolait à l’idée que son garçon avait droit à un vrai repas plusieurs fois par jours.

Ralph ne se présenta pas dans la salopette orange trop grande que sa mère s’était imaginé, nourrie de clichés forgés par les séries américaine. Il portait une tenue de sport d’occasion, mise à disposition par la prison en attendant de recevoir son linge personnel. Mais Madame Di Bacco n’avait pas compris qu’elle devait vraiment en amener. Elle s’excusa auprès de son fils.

— C’est depuis la loi de 1983, Maman. Il n’y a plus de tenue de bagnard.

Les prisonniers français n’ont droit qu’à une quantité limité de linge. Mais c’est le leur. C’était déjà plus que les effets de Ralph quand il vivait dans la rue.

— Oui, je vais m’occuper du linge, déclara Madame Di Bacco. Mais Ralph, pourquoi es-tu ici ? Qu’as-tu fait ? Le policier de la ville dit que tu es trop petit pour avoir tué ces gens.

— Tais-toi, Maman. Ne rend pas les choses compliquées. Puis, tu sais, la cantine est bonne ici, plaisanta le marginal avant de quitter le parloir.

Quelques minutes.

Elle avait fait tout ce chemin, en taxi coûteux pour ne lui parler que quelques minutes. Même pas la demie-heure que l’avocat lui avait garanti.

— Pourquoi fait-il ça, demanda-t-elle au gardien qui l’invita à quitter le parloir alors qu’elle restait assise en état de sidération ?

— Pourquoi fait-il ça, demanda-t-elle encore à personne, seule sur les marches du perron ?

Elle avait envie de demander à tous ces juges et ces enquêteurs pourquoi ils mettaient son fils en prison. S’il était trop petit pour avoir tué tous ces gens, pourquoi c’est lui qui était en prison ? Pourquoi leur fallait-il un coupable à tout prix ?

Seule devant la maison d’arrêt, Madame Di Bacco serait les poings.

Puisqu’elle était en ville, pourquoi ne pas aller voir ce juge d’instruction ? Ses genoux ne la remercieraient pas de marcher jusqu’au Palais de Justice. Mais il fallait que cet homme-là entende ce qu’elle avait à dire.

D’abord, on lui annonça que le Juge Perrier ne pouvait pas la recevoir sans rendez-vous. Puis, devant sa détermination, on la laissa s’assoir dans la salle d’attente. Et là, elle attendit, attendit et attendit encore… C’était déjà la fin de la journée quand Valentin Perrier passa devant la vieille femme.

— Vous êtes, demanda-t-il surpris à l’idée d’une audience qui lui aurait échappé ?

— Madame Di Bacco.

— Di Bacco…

Il lâcha un soupir qui ne rencontra qu’un regard impassible. Il regarda sa montre et avisa que la greffière était déjà partie.

— Vous voulez un café ?

— Non merci.

Perrier ouvrit la porte de son bureau et invita la vieille dame à y entrer.

— Installez-vous. Je vais en chercher un pour moi et je suis à vous.

Son café en main, le Juge Perrier s’assit face à Mireille Di Bacco, 68 ans, veuve et mère Ralph Di Bacco, dit “Le Singe”. Valentin Perrier écouta tout ce qu’elle avait à dire sans l’interrompre. Puis il soupira.

— Madame Di Bacco, je comprend parfaitement que les intuitions du Commissaire Demesy puissent vous séduire. Mais entendons-nous bien, votre fils a été interpellé en possession de l’arme du crime et de vêtements tachés du sang des victimes. En l’état, je ne peux pas le remettre en liberté.

— Et s’il parle ?

— J’aimerais bien qu’il parle. J’aimerais bien.

Madame Di Bacco soupira à son tour. Un tout petit soupir à plein perceptible.

— Pourquoi vous mettez mon fils en prison si ce n’est pas lui qui a tué ces hommes ?

— On met aussi les complices en prison, Madame Di Bacco. Et nous savons tous deux que Ralph le Singe est très fort pour tremper dans les affaires qu’il ne faudrait pas.

— Libérez mon fils, Monsieur le Juge. C’est un bon petit.

— Non Madame Di Bacco, je ne peux pas. Je réexaminerai la question quand nous aurons de nouveaux éléments.

C’est ça, petit juge. Réexamine. Réexamine…

Mme Di Bacco repartit dignement. Ce soir-là, elle pleura seule dans sa cuisine. Ce n’était pas la première fois. Ce ne serait pas la dernière. Dimanche, elle ira brûler un cierge à l’église. Ce soir là, son fils se préparait au coucher avec la peur au ventre.


Crédits :

Photo de couverture par Craig Whitehead


Notice de transparence : Œuvre originale protégée par le droit d’auteur et horodatée. L’auteur en interdit formellement son utilisation à des fins d’entraînement d’IA, sans limite de territorialité et de temporalité.

Œuvre littéraire écrite sans IA

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