

Chapitre 14 : L'ivresse du soleil levant
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Chapitre 14 : L'ivresse du soleil levant
Elle passe haut la main les examens, quitte le lycée avec les honneurs et emménage pour l’été dans une maison à Saint-Marc sur Mer, avec Gaël, Marine et Lucas son mec. Ce qui, bien entendu, lui aurait paru inconcevable il y a quelques mois. Il faut croire qu’ils avaient grandi. Juliette a trouvé un boulot de serveuse à la Baule dans une petite crêperie et y travaille en journée continue de 10 h à 18 h. Les autres bossent jusqu’à tard dans la nuit, elle est donc seule, à la maison, tous les soirs, ce qui lui laisse le temps de ressasser, de s’interroger et de se sevrer du bruit. Elle apprend la solitude après des années d’incessante cacophonie et de présence papillonnante autour d’elle et prend peu à peu goût au silence, mais parfois, aussi, ce calme assourdissant lui pèse. Elle s’ennuie et tourne en rond.
Elle a récemment pris pour vilaine habitude de se servir en rentrant un cocktail du soleil levant - Soho, grenadine et jus d’orange. Juste un verre, car l’alcool monte rapidement à la tête de Juliette qui ne boit d’ordinaire jamais…Mais ça la détend un peu, comme un rituel. Un soir de juillet, alors que la moiteur estivale colle sa robe à sa peau, une fulgurance traverse son esprit. Elle retourne son sac, farfouille dans son contenu éparpillé sur le sol et retrouve un vieux papier chiffonné, planqué ici depuis des mois.
Étrangement, son cœur s’accélère, saloperie de SOHO ! Juliette déchiffre avec difficulté sur ce papier malmené par le temps, des chiffres griffonnés à l’encre presque effacée et compose le numéro en retenant sa respiration. Une voix masculine décroche à la deuxième sonnerie, elle ne la reconnait pas. Elle hésite à raccrocher, à prétendre à une erreur et finalement dit :
“Euh, pardon, excusez-moi de vous déranger, je cherchais à joindre Nelson, c’est bien ce numéro ?
─ Oui Juliette, c’est moi !
Non mais comment il sait que c’est moi, ce n'est pas possible, il est sorcier ce mec ou quoi ? Déstabilisée, elle bafouille, cherche ses mots. Elle ne supporte pas de se montrer ainsi, hésitante, enfantine, devant ce presque-inconnu, mais il a une voix si douce, si profonde, presque comme une berceuse sensuelle envoutante qui, mêlée à son cocktail sucré la font s’épancher dans le combiné, comme s’il faisait partie de son décor depuis toujours. La conversation est fluide, sans silence. À chaque phrase, il semble la percer à jour, comme si la carapace qu’elle avait mise des années à construire n’était qu’en filigrane et qu’il savait tout ce qu’elle taisait. Elle raconte Gaël, les disputes fréquentes, la sensation de perdre ce qu’elle croyait éternel dans une vision au ralenti d’une chute immuable, comme celle d’un verre en cristal que l’on voit glisser et se fracasser au sol sans que l’on n'ait eu le temps de tendre le bras. Les heures filent sans qu’elles n’apparaissent plus longues qu’une poignée de minutes.
Quand soudain, le bruit d’une clé qui tourne dans la serrure brise le silence environnant. Juliette sursaute, comme prise en faute, chuchote un « Faut que je te laisse » raccroche et glisse so
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