Parce qu’un plat partagé vaut plus qu’un papier, que le regard et le geste parlent plus que le parcours, Top Chef pour l’Emploi propose une recette simple et efficace : l’humain avant le profil.

L’opération Top chef pour l’emploi s’inspire du concept de cantine participative et responsable de la Cocotte solidaire.

Mardi 20 mai, à la Cocotte Solidaire, sur l’île de Versailles, pas de CV étalé sur la table, juste des mains qui s’activent, des regards qui se croisent, des casseroles qui chantent. Recruteurs et chercheurs d’emploi ont cuisiné ensemble, sans connaître leur rôle ni leur statut. Une vingtaine de participants — bénéficiaires du RSA, jeunes de la Mission locale, salariés en insertion — se sont retrouvés autour d’un même feu pour imaginer un menu, échanger, s’écouter, s’apprivoiser.

Top Chef pour l’Emploi, lancé par le Département de Loire-Atlantique, ne joue pas la carte des diplômes, mais celle du savoir-être. Ici, on ouvre une porte aux personnes éloignées du monde du travail, celles qui viennent d’ailleurs ou qui ont décroché depuis longtemps. Cuisiner devient un langage, un terrain partagé où chacun dévoile son vrai visage, loin des jugements sur papier. « Ces candidats sont souvent exclus du processus classique et n’obtiennent jamais d’entretien », explique Gwénola Piémont d’Unité Emploi. « Ici, les recruteurs les découvrent en action et évaluent leur savoir-être, sans la barrière discriminante du CV. »

Les participants ont ensuite partagé le repas et désigné les meilleures assiettes. Puis le voile est tombé : noms, parcours et histoires ont nourri les échanges des entretiens individuels. Toujours sans CV, mais avec des cartes de visite échangées et des témoignages partagés.

Sept employeurs étaient là, du Département, d’Inserim, du GEIQ Propreté... Tous cherchaient des profils hors des sentiers battus, proposant des postes dans la logistique, la propreté, les services à la personne. Depuis 2022, près de 150 candidats et 50 employeurs se sont rencontrés ainsi, à Nantes, Nozay, Saint-Nazaire, Sainte-Pazanne.

Il n’y a pas toujours un contrat à la clé, mais souvent un souffle neuf, une confiance retrouvée, un espoir rallumé. Parfois un stage, parfois une première chance. Pour les recruteurs, c’est l’occasion de repenser leurs méthodes et de valoriser les parcours atypiques, ceux qui ne rentrent pas dans les cases.

Soutenue par l’Union européenne, cette initiative à taille humaine coûte environ 2 500 € par session au Département, qui travaille avec ses partenaires — Unité Emploi, Maisons de l’Emploi, associations d’insertion, Cap Emploi et France Travail — pour sélectionner les participants.

Top Chef pour l’Emploi est une invitation à croire que personne n’est inemployable et que l’insertion peut se faire autrement, dans la confiance et la rencontre. Prochain rendez-vous à Blain, en juin, avec Pays de Blain Communauté. Une nouvelle occasion de cuisiner ensemble le goût de l’humain.

Teddy Fradet

28/05/2025