

Le 11 Septembre 2001 à travers les yeux d'un enfant
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Le 11 Septembre 2001 à travers les yeux d'un enfant
Souvenir d'enfance
Je me souviens très bien de l'instant où j'appris pour les attentats du 11 Septembre 2001. Comme nombre d'entre nous.
J'avais 12 ans. Je venais d'entrer au collège. Je n'avais alors aucune conscience ou si peu des enjeux de politique internationale, quoi de plus normal après tout?
Je rentrai chez moi après une interminable journée d'école et trouvai ma famille entière réunie derrière le poste de télévision. Chose assez rare.
-"Salut! Oh... Qu'est-ce qu'il se passe?" dis-je alors
-"Chut!" Se contenta de rétorquer mon père.
Curieux, je m'installai avec eux, ça avait l'air sérieux, pour ne pas dire carrément grave.
Et c'est là que j'ai tout vu.
Ce n'était pas la première fois que je voyais des images violentes aux informations, mais ce jour-ci c'était différent. Il convient de se remettre à la place qui était la nôtre: on ne savait rien. Je visionnai pour la première fois les images d'un avion de ligne s'encastrant dans un des nombreux gratte-ciels de la ville de New York. "World... World Raide quelque chose" le nom n'était pas important. L'important c'étaient les images.
Le premier avion avait foncé droit dans la tour, dans une formidable explosion. Je me souviens n'avoir eu absolument aucune considération pour les victimes à ce moment là. Juste un choc: Woaw! Mais... Qu'est-ce qu'il se passe là au juste? Qu'est-ce que je suis en train de regarder? Est-ce un accident?
La thèse de l'accident m'a paru plausible au début. Un avion de ligne, des gratte-ciels... L'avion aura peut-être eu un grave problème et fini sa course dans l'immeuble au lieu de se crasher comme ça arrive parfois. Aujourd'hui cela peut prêter à sourire, mais nous avons été nombreux ce jour-là à penser en premier lieu à un dramatique accident de vol.
Puis vînt le deuxième avion, dont la course montrait clairement l'intention de viser la seconde tour... Et la théorie de l'accident s'évanouit. C'est une attaque. Quelqu'un quelque part est en train de pilonner l'une des plus grandes mégalopoles du monde en employant des avions de lignes en guise de projectiles!
Je me souviens n'avoir réalisé que tardivement que ces avions et ces immeubles étaient remplis de gens. Les spectaculaires impacts et explosions faisaient déjà s'écrouler les plus fragiles des bâtiments jouxtant les tours qui, elles, commençaient à s'enflammer sous l'effet de la libération du kérosène... Des victimes... Combien de victimes?
J'apprends alors que d'autres vols ont été détournés. Un visant le Pentagone a partiellement détruit le bâtiment. Un autre s'est écrasé en rase campagne. On suppose que quelque chose à bord s'est mal passé?
Puis après les impacts: le Chaos. Du haut de mes jeunes années je voyais se déchaîner devant moi la folie des hommes et m'interrogeai. Tout en visionnant les pompiers New-yorkais tenter de sauver les leurs, une question me vînt: Qui a fait ça? Pourquoi? Est-ce un message? Si oui lequel?
Dans l'absence d'information j'ai émis l'hypothèse d'un appel à laide.
Le tiers-monde mourrait alors de maladies et de famines. Et si quelqu'un quelque part ayant constaté l'inaction des pays riches avait décidé de passer à un message plus ... percutant? Un message qui dirait "HE! HO! ça va bien de nous ignorer oui? On meurt bordel!"
Cette idée me parût séduisante. Dans un ultime geste de désespoir d'attirer l'attention, cette personne se serait résolue à endosser l'impensable. il serait honni, conspué, lynché, sacrifié, mais son but aurait été atteint. Et avec quel panache. Sur le moment cette théorie m'a presque émue. C'était presque beau.
Passé le choc
Les jours ont passé. Des images nous arrivaient continuellement des décombres des tours qui s'étaient effondrées sur elles-mêmes. C'était définitivement une journée que New-York... non. Que le monde n'oublierait jamais.
Les premiers résultats de l'enquête étaient plutôt décevants. Pas d'appel à l'aide de petites gens tentant désespérément de faire entendre leur voix. Mais un Milliardaire saoudien fanatique. Quelle déception.
Ce jour a eu pour moi la force d'éveiller mon intérêt pour les relations internationales: comment en était-on arrivé là? J'apprenais alors tout le passé commun entre Oussama Ben Laden, le cerveau de l'opération, et la CIA. Des histoires si longues et complexes pouvaient donc se terminer de cette manière. C'était terrifiant de savoir que quelqu'un quelque part pouvait décider comme ça de ne me considérer que comme un dommage collatéral, un sacrifice acceptable sur l'autel de son idéologie.
Puis, vînt le temps des théories du complot.
C'est toujours un plaisir de voir jusqu'où l'imagination des hommes peut aller. Je me souviens en vrac de: "En fait c'est la CIA qui a fait le coup" "Regardez dans les flammes et la fumée, on voit le visage du démon!" "Nan mais les tours elles auraient pas pu s'écrouler en fait, c'est du faux". Parmi tant d'autres.
Conséquences
Difficile d'évaluer avec précision les conséquences de cette journée funeste. Les USA établiront par la suite la liste des pays considérés comme "l'axe du Mal" des mots fous. L'invasion de l'Afghanistan et de l'Irak dans une seconde guerre du golfe suivrait de très près, condamnant la région à une instabilité constante jusqu'à nos jours, plus de 20 ans après.
Les USA usèrent de l'argument du 11 Septembre pour tout: Quiconque s'opposait à eux était du côté des terroristes. Je me souviens avoir ressenti de la fierté lors du discours de Mr De Villepin à l'ONU dans lequel la France condamnait fermement toute invasion de l'Irak. Au moins à l'époque nous avions le courage de dire "non" même aux puissants, même lorsqu'ils sont dans une croisade nationale et absolument déterminés à outrepasser toutes les digues internationales pour leur vengeance.
Le Bilan du 11 Septembre est colossal.
En une seule journée, ces attentats ont coûté la vie à 2977 personnes.
le nombre de blessés est considéré entre 6291 et 25 000.
Sans compter les multiples traumatisés à vie de cette journée.
Bâtiments réduits à néant, personnes se défenestrant, mouvements de foules en panique, secouristes bloqués dans les tours en train de s'effondrer.
Le destin du monde a changé ce jour-là.

