

Ô marcheur intrépide…
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Ô marcheur intrépide…
Ô marcheur intrépide, vois.
Là-bas, au bord du champ gris de ton regard de braise
se lève une rumeur frêle de couleurs.
Non point flambeaux, non point drapeaux,
non point fanfares, mais lueurs timides
qu'inventent les insomnies du ciel.
Ébauche d'aube, rien de plus.
Rien que ce fil orangé qui ourle ton incertitude.
Reste debout : même l'ombre a ses braises.
Même l'horizon, dans ses lointains,
consent à un baiser de lumière.
Ô toi, marcheur sans temple,
que ta veille demeure close dans l'attente,
et dans le pli secret de ton front,
la première étincelle de ton propre feu.
Ô veilleur silencieux, entends.
Sous tes paupières, le champ noir remue.
Ce n’est pas la nuit qui te tient, mais la bête encore tiède
cachée dans l’étoffe de ton souffle.
N’appelle pas de flambeaux —
le feu viendra du dedans,
la braise est un verbe enfoui sous la langue.
Laisse l’aube s’effilocher sur ton seuil,
ne tends pas la main trop tôt :
la lumière n’aime pas qu’on l’implore.
Ferme l’œil, entrouvre la paume —
sens : c’est ton propre feu qui crépite,
le premier verbe, celui qu’on ne dit pas,
mais qui t’use, grain après grain,
jusqu’à l’horizon nu.

