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Publié le 12 août 2025 Mis à jour le 12 août 2025 Drame
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FUNÉRAILLES EN DEUX ACTES - PROLOGUE - DROIT D'AUTEUR : ROBIN HOUILLON

LIVRE ÉGALEMENT DISPONIBLE EN ENTIER ET EN PDF SUR DEMANDE.



"À ceux qui ont voulu mourir pour de bon, mais que la vie a trahis. Ceci est pour vous."



AVERTISSEMENT AU LECTEUR

Ce livre aborde des thèmes sensibles tels que le suicide, la dépression, et le désir de disparition. Il ne cherche en aucun cas à glorifier, banaliser ou encourager ces actes. Au contraire, il met en lumière, avec une esthétique littéraire, la douleur invisible que certains portent, et la complexité des choix qui en découlent.

Si vous traversez une période difficile, si des idées sombres vous habitent, il est vital d’en parler. Il existe des aides, des mains tendues, des oreilles attentives, même si elles vous semblent lointaines.

En France : 3114 – Numéro national de prévention du suicide (24h/24, gratuit, anonyme)

Ailleurs : cherchez la ligne d’écoute de votre pays. Elles existent, et elles vous attendent.

Rester est un acte de courage. Vous n’êtes pas seul(e).




Prologue


Je suis née un 11 décembre, entre neige et nuage, dans une chambre trop froide pour un nouveau-né, dans un monde trop hostile pour une âme sans armure. La sage-femme m’a posée sur le ventre d’une mère qui ne m’attendait pas, qui n’avait pas même souhaité m’aimer. Esther, vingt-deux ans, déjà lasse de tout, m’a accueillie avec la lassitude d’une fin de mois.

Je n’ai pas pleuré. C’est ce que l’on raconte. On dit que j’ai ouvert les yeux, mais pas la bouche, comme si je savais déjà que le bruit ne servait à rien.

J’ai grandi dans une maison sans saison. Une bâtisse fatiguée plantée au bord d’une route, avec pour seul décor des bouteilles vides, des miroirs opaques, et l’odeur constante de quelque chose qui pourrit. Ma mère buvait sans pause. L’alcool lui tenait lieu de conversation, de consolation, de religion.

Je n’ai jamais compris pourquoi elle m’avait gardée. Peut-être par orgueil, peut-être par accident. Elle ne me frappait pas, non. Elle me regardait parfois comme on regarde une tâche sur un tissu qu’on ne portera plus jamais. Une présence vaguement encombrante, mais pas assez pour qu’on s’en débarrasse.

Les jours étaient longs, et les nuits interminables. J’ai appris à vivre dans les interstices. À me rendre invisible. À ne pas demander. À ne pas espérer. L’enfance, pour moi, n’a jamais été une promesse : seulement un passage obligé entre deux silences.

On m’a souvent dit que j’étais distante. Je ne l’étais pas. J’étais gelée. Une forme de protection. Ceux qui ne veulent rien d’autre que survivre deviennent forcément opaques aux autres.

J’ai su très tôt que ma vie n’avait pas de direction. Je n’étais pas attendue. Je ne serais jamais désirée. Alors à quoi bon avancer ?

J’ai tenté des départs. À l’intérieur de moi d’abord, puis en marchant, sans but, jusqu’à ne plus savoir d’où je venais. J’ai dormi dans des lits qu’on oublie. J’ai porté des prénoms imaginaires. J’ai désappris mon reflet.

Mais il reste toujours une date. Le jour précis où tout se condense. Où tout ce qu’on n’a pas dit, pas crié, pas pleuré, devient une lame. Pour moi, ce fut le 3 août. Un jour chaud, collant, sans vent. Le genre de jour où le monde semble figé dans sa propre indifférence.

Ce matin-là, j’ai enfilé une robe légère, les poches vides. Je n’ai pas écrit de lettre. Pas de mot d’adieu. Je n’en voyais pas l’intérêt. Ceux qui auraient dû me lire ne me lisaient déjà plus depuis longtemps.

J’ai marché vers la mer. La mer, cet immense oubli. J’avais lu quelque part que l’eau était une forme de retour. Je voulais revenir à l’état de rien.

Ce n’était pas une fin tragique. Ce n’était même pas une fin. C’était une correction.

J’ai mis un pied dans l’eau.

Je n’ai jamais cru à la rédemption.

Mais j’avais besoin que le silence m’engloutisse enfin.


*

Prochaine partie la semaine prochaine


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