

Odyssée d'une Âme libreJésus une croyance nécessaire
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Odyssée d'une Âme libreJésus une croyance nécessaire
"Jésus a été inventé pour lisser la noirceur de l'Homme."
Cette phrase, écrite un jour sur Instagram, m'a percutée moi-même.
Elle est devenue une clé, un miroir. Voici le chemin intérieur qui m'y a menée.
Précision nécessaire: Je ne rejette pas tout en bloc.
Ma spiritualité s'est construite par distinctions personnelles - garder ce qui résonne, questionner ce qui blesse.
Certains y verront de l'incohérence. J'y vois de l'authenticité.
La révélation d'une phrase
J'étais sur Instagram quand j'ai vu un post. Les gens commentaient que
"Jésus arrive sur terre pour faire son œuvre".
Je ne sais pas pourquoi, mais ça m'a profondément agacé.
Et là, ma petite voix intérieure m'a murmuré : "Jésus a été inventé pour lisser la noirceur de l'Homme."
Sur le coup, je me suis dit "Wow". Puis, quelques secondes après : "Et si je n'étais pas un peu culottée de penser ainsi ? Si je m'attirais les foudres de Dieu ?"
Je sais que je suis dans une période de profond cheminement, remettant en question tout ce que j'ai cru pendant des années. Alors j'ai voulu écrire. Pour me confronter ; voir si cela était le résultat d'une simple rage intérieure... ou la continuité d'une véritable transformation.
Il m'est arrivé de croire. De prier, même pour aller au ciel.
Pour que quelqu'un, quelque part, me tienne la main quand tout semblait me lâcher.
J'ai longtemps cherché des réponses que personne ne savait formuler.
Je voyais autour de moi la violence, l'hypocrisie, l'indifférence. Et je la voyais aussi en moi. Cette part d'ombre que je tentais d'ignorer, mais qui me suivait comme une ombre fidèle.
Et cette idée qui m'avait traversée sur Instagram revenait, insistante :
Jésus a été inventé pour lisser la noirceur de l'Homme.
Mais était-ce une intuition juste... ou juste de la colère ?
L'invention d'un refuge parfait
Cette figure universelle de Jésus — moins mensonge que nécessité anthropologique. Une projection collective, presque réflexe, pour contrebalancer ce que l'humanité porte de plus sombre
Car l'Homme tue, ment, trahit, détruit. Il porte en lui le feu et la cendre. Mais il cherche aussi la lumière. Et quand il n'en trouve pas, il l'invente.
Alors on a sculpté un homme parfait :
Un homme doux parmi les loups.
Un homme d'amour face à la haine.
Un homme qui accepte d'être crucifié pour ceux qui l'ont condamné.
On l'a fait naître pauvre, le cœur pur.
On l'a fait parler en paraboles, pour traduire l'inexprimable.
On l'a fait mourir jeune, pour ne pas le voir corrompu.
Et surtout, on l'a fait ressusciter — parce qu'il fallait que l'espoir survive à la mort.
Jésus est peut-être le plus beau mensonge que l'humanité ait jamais raconté à elle-même.Non pas pour tromper. Mais pour apaiser. Pour croire encore, malgré tout, que la rédemption est possible.
Le prix de cette projection
Mais voilà le paradoxe : en créant un dieu parfait, nous nous sommes dépossédés de notre propre pouvoir de transformation.
Jésus devient le réceptacle de tout ce que nous refusons d'incarner. La compassion infinie ? C'est lui. Le pardon absolu ? C'est lui. Et nous, que devenons-nous ? Des pêcheurs en attente. Des âmes défaillantes qui mendient un salut extérieur.
Cette figure n'est pas uniquement chrétienne. Bouddha, Krishna, tous les sauveurs universels... Comme si l'humanité fuyait constamment sa propre lumière.
Pourquoi ? Peut-être parce qu'incarner sa divinité demande du courage.
Il est plus simple de dire "Jésus peut tout" que "Je peux quelque chose".
Plus rassurant de prier un sauveur que de devenir celui qui sauve sa propre vie.
Et pourtant — mystère troublant — cette projection fonctionne.
Des vies se transforment. Comment une "invention" peut-elle avoir une telle efficacité ?
Peut-être parce que le symbole réveille ce qui était déjà là, enfoui.
Le piège, c'est de croire que cette force vient d'ailleurs.
"La foi en Jésus : un business qui ne dérange pas"
Il y a des gens qui vont de guérisseurs, de médiums en pasteur, en quête d'une solution.
Et parfois, cette logique se retrouve dans certains discours chrétiens :
"Remets ta vie à Jésus, c'est lui seul qui peut te sauver."
Dans ma culture antillaise, cette dépendance prend une forme particulière. Les personnes dotées de capacités sacrées — guérisseurs, voyants, "gadè zafè" — opèrent systématiquement "par le sang précieux de Jésus".
Leurs prières, leurs rituels s'appuient sur ce pouvoir qu'ils déclarent inébranlable.
Jésus devient le "visa officiel" qui rend légitime des pratiques mystiques autrement condamnées. Les dons ancestraux restent, mais ils doivent être "baptisés" au nom du Christ pour être acceptables.Le pouvoir spirituel individuel ne peut plus exister seul — il doit obligatoirement transiter par Jésus pour être validé.
C'est du colonialisme spirituel : on ne détruit pas les capacités locales, on les soumet. On les force à passer par le filtre chrétien.
Quelle ironie : des dons spirituels millénaires, réduits à mendier leur légitimité auprès d'une figure imposée par leurs oppresseurs.
Mais pourquoi faut-il sans cesse y "retourner" ? C'est le biais de causalité qui s'installe :
Si tu pries avec foi, le ciel te soutient.Si tu jeûnes, tu seras béni.Si tu pardonnes, tu seras libéré.
Un empilement de "si tu… alors tu auras".
Et quand le miracle n'arrive pas ? Ce n'est jamais le ciel qui est en tort.
C'est toi. Tu n'as pas assez cru, pas assez prié, pas assez mérité.
Coeur et Âme ébranlés
Le plus dur, c'est quand tu dois admettre que ce à quoi tu t'accroches ne te tient plus. Quand tu as tout fait comme "il fallait", et que pourtant… tu n'es pas guéri.e, pas sauvé.e.
Alors vient le désert. Un silence long, sans ciel. Une rupture intérieure.
Je n'arrive plus à lire une prière. Quand je vois "Dieu tout-puissant", ou encore "Jesus son fils unique" j'ai envie de crier : "Alors pourquoi le mal ? Pourquoi les injustices ?" Ce Dieu-là me fatigue.
Le souffle du Saint-Esprit, autrement
Je sais que cela peut surprendre: critiquer Jésus et garder le Saint-Esprit. Mais ma spiritualité ne fonctionne plus par package complet.
La seule idée qui me reste tolérable, c'est celle du Saint-Esprit. Mais pas version doctrine. Je parle d'une énergie pure, d'un souffle intérieur, d'un état qu'on peut incarner par nos choix.
Ce n'est plus une personne divine. C'est devenu un état d'être.
Une vibration qui ne trahit pas, parce qu'elle n'attend rien.
Elle est là quand je me tais, quand je lâche tout, quand je ne crois plus en rien.
Confusions "vécues"
Quand l'Histoire trahit la vérité
Une vérité dans son état brut n'agresse pas, ne produit pas de souffrance ni d'actes malveillants. Quand elle est vraie, elle fait trembler, elle soulage et elle tranche, mais elle n'attaque personne. Seule la perception de l'homme et l'ego font résistance.
Or, regardons l'Histoire : le christianisme a engendré des siècles de guerres, de croisades, d'inquisition, de chasses aux sorcières.
Des civilisations entières ont été détruites "au nom du Christ".
Une église s'est érigée en autorité dominante sur les peuples, justifiant l'esclavage par la Bible, massacrant au nom de l'amour divin.
Si Jésus était vraiment "la voie", ses disciples auraient-ils pu tuer pendant des siècles ?
Le Jésus sur mesure : remodeler l'idole selon nos besoins
On crucifie Jésus quand il nous dérange, puis on le ressuscite selon nos besoins du moment. Chaque époque sculpte SON Jésus :
- Jésus guerrier pour les croisades
- Jésus soumis pour maintenir les opprimés
- Jésus prospère pour les églises commerciales
- Jésus libérateur pour les révolutionnaires
N'est-ce pas pour mieux l'écraser, le remodeler quand cela ne nous convient plus ? Jésus a bien été crucifié, battu. Puis, pour bonne conscience, ressuscité — toujours dans ce rôle éternel de sauver l'humanité.
L'exclusivité divine et ses gardiens
Mon baptême ne m'a donné aucune immunité face aux attaques énergétiques ou à la maladie. Bien au contraire : quand ça n'allait pas, c'était ce même Jésus qu'il fallait supplier, adorer pour voir une lueur de guérison.
Un jour, j'ai parlé de mes rêves prémonitoires à un pasteur d'une église de la prospérité. Sa réponse m'a glacée : "Dieu ne te permet pas d'avoir des rêves prémonitoires." L'homme qui prétendait détenir l'exclusivité des révélations divines venait de nier mes propres perceptions spirituelles.
Cette hiérarchie persiste partout. Des hommes s'arrogent le droit exclusif de "diffuser la bonne nouvelle", créant un monopole spirituel qui infantilise les fidèles.
Je me rappelle des rares fois où j'ai fait appel à l'église dans le cadre d'une demande d'exorcisme : j'ai poireauté deux mois à chaque fois.
Deux mois d'attente pour une détresse spirituelle urgente. Pourtant, Jésus ne devrait pas nécessiter d'intermédiaire pour une rencontre personnelle, une guérison immédiate.
Et je ne l'ai jamais rencontré, lui. Seulement des hommes ayant l'autorité de décider de m'aider ou non... par le biais de Jésus.
Cette attente n'était pas de la prudence. C'était un test de soumission.
Prouver ma dépendance en attendant leur bon vouloir.
Ce qui m'a vraiment guérie, ce n'est pas un miracle institutionnalisé.
C'est une prise de conscience : revenir à un état brut avait son importance pour la suite.
Pourquoi nommer quelqu'un si on ressent, si on vit réellement un cheminement profond ?
J'ai compris que ce que je cherchais chez Dieu, c'était ce que je refusais de me donner à moi-même : le respect, l'écoute, la tendresse, la Liberté.
Le vrai miracle ne demande rien. Il ne vend pas de cierges. Il ne fait pas attendre deux mois. Il ne demande pas qu'on mérite sa délivrance. Il ne crée pas de hiérarchie. Il ne massacre pas au nom de l'amour.
Il libère. Point.
Transcendance
Vers une spiritualité libre
Je ne crois plus comme avant. Mais je continue d'écouter, d'observer, de ressentir. Et surtout : j'apprends à me faire confiance.
Cette spiritualité sans maître repose sur quelques principes :
- L'autonomie : Devenir son propre guide intérieur
- La responsabilité: Assumer sa propre guérison
- L'incarnation : Le sacré dans mes choix quotidiens
Je ne sais pas si Dieu existe, mais je sais que je suis là. Et peut-être que c'est ça, la vraie spiritualité : Habiter sa vie, avec ou sans réponse. Devenir son propre sanctuaire.
J'ai quitté les voix qui me disaient quoi penser. Il me reste la gratitude. Et dans ce nouvel élan, cette renaissance douce, parfois une lueur : moi. Vivante. Insuffisante mais entière. Souveraine
Pour toi qui me lis
Si tu traverses une nuit semblable, sache que tu n'es pas seul.e.
Qu'on peut sortir du brouillard sans se raccrocher à une idole.
Et que dans l'espace vide laissé par la foi, on peut apprendre à s'aimer autrement.
Peut-être que Jésus est un mythe, peut-être qu’il est une présence.
Peut-être qu’il est les deux à la fois.
Mais je sais une chose : les illusions, même dorées, se fissurent toujours.
Toute illusion peut apaiser un temps, mais tout ce qui n’est pas vérité finit par se dissoudre.
Et dans cette dissolution, il reste l’essentiel : une âme nue, encore debout, prête à marcher.
.


Bruno Druille il y a 11 heures
Bonjour,
C'est beau, c'est sincère...
Je suis bien loin d'être aussi tourmenté, ais-je de la chance ?
Mais quand même, certaines questions m'interpellent pareillement (misères, douleurs souffrances actuelles dans le monde en guerre...).
Juste une remarque à :
Jésus est peut-être le plus beau mensonge que l'humanité ait jamais raconté à elle-même
Il a fait tellement de petits mensonges ensuite comme Saint François d'Assise, Lourdes, Fatima, Saint Jacques de Compostelle, Notre Dame de Paris...et tant d'autres.
C'est compliqué pour moi mais sans me perturber : j'y crois sans avoir la foi.
Merci pour ce partage.
Chrissy Joseph il y a 8 heures
Merci Bruno pour ton retour 🙏.
Tu dis une phrase qui m’interpelle beaucoup : “j’y crois sans avoir la foi”. Pour moi, croire et avoir la foi sont presque indissociables… Croire sans la foi, est-ce que ce n’est pas comme regarder une lumière sans jamais vraiment y entrer ? 🌌
J’aimerais bien comprendre ce que ça veut dire pour toi