Dis papa, comment il est né, le monde ?
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Dis papa, comment il est né, le monde ?
J’ai écris cette nouvelle pour un concours dont le sujet était : 7 plus 2.
Chaque soir, au moment de se coucher, mon fils de cinq ans nous demandait une histoire. Parfois, il se laissait bercer par les contes, comme les autres enfants, mais très souvent, il posait des questions pertinentes. A trois ans, il voulait comprendre les nuages, à quatre ans, les ondes, atomes, etc… Les interrogations de ce petit garçon nous plaisaient car ils nous obligeaient ma compagne et moi, à nous renseigner, à apprendre, à réfléchir, pas facile en ces temps modernes. Et ce soir-là, sa question fut la plus pointue que l’on ait eue jusqu’ici :
– Dis papa, comment il est né, le monde ?
Je me souvins du seul livre que nous avions dans notre coffre fort : la dernière édition de la Bible, imprimée en 2334. Pour l’avoir lue et relue, je savais que des textes de ce livre allaient lui donner la réponse.
– Tu vois Fiston, là, il fait nuit, et s’il fait nuit, c’est que Dieu a créé la lumière sur une terre emplie de ténèbres. Tout était sombre, tout était noir, et rien ne peut exister dans le noir….
– Mais, papa, il fait nuit, et tout ce qui existe le jour, existe aussi la nuit.
– Tu as raison, maintenant, au 24e siècle, c’est comme cela, mais pas au tout début. Il n’y avait rien, absolument rien ni personne !
– Pourtant, tu as dit que Dieu a créé la lumière, et Dieu, ce n’est pas rien ni personne ?
– Non, tu as raison, effectivement. Donc, Dieu, unique être vivant de ce monde tout noir, dit : « Que la lumière soit ! » et la lumière fut. Dieu appela la lumière « jour », et les ténèbres, « nuit ».
– Donc comme il y a eu un soir, un matin, c’est le premier jour. C’est bon !
Mon fils m’étonnera toujours avec sa logique implacable.
– tu as raison, et comme c’est le soir, la nuit, tu dois dormir maintenant.
– Mais papa, dis moi, et le deuxième jour ?
– Le deuxième ?
– Oui, qu’est-ce que Dieu a créé le deuxième jour ?
– Ah, il a créé le ciel.
– Le ciel avec les nuages, les oiseaux, les métavions qui passent ?
Je souris de son engouement !
– Mais non ! il n’y avait que la terre, la lumière, les ténèbres et…donc le ciel, pour ce deuxième jour. Rien d’autre !
– Et alors, quand est-ce que cela arrive le reste ?
– Soit patient, le monde ne s’est pas créé en un jour.
– Ah oui, en combien de temps ?
– On ne sait pas trop, longtemps, on a pensé que Dieu l’avait créé en sept jours, mais depuis quelques dizaine d’années, on sait qu’il a mis deux jours de plus. Les deux jours les plus importants, bien entendu.
Les yeux de mon fils se fermaient malgré lui. J’en profitais donc pour l’encourager à s’endormir vite. Lorsque je redescendais, ma compagne me demanda le thème de l’histoire du soir : la création du monde !
– Quel programme ! et tu vas tout lui dire ?
– Bien sûr !
– Il est un peu jeune pour comprendre, non ?
– Je ne sais pas, il semble tellement apte à tout comprendre, il est surprenant.
– Tu as raison, il est si différent des autres enfants…
Je passais vers Eléana. Un courant nous enveloppa, notre fusion était vive, notre amour si puissant que nous le vivions pleinement depuis sept ans maintenant. Au premier regard, nous avions su immédiatement que nous étions fait l’un pour l’autre. C’était une évidence et la vie ne nous l’avait jamais démentit, même si personne autour de nous, ne l’avait compris.
Le lendemain, mon fils reprit la discussion de la veille, tandis que je préparais le repas. Il prit une feuille verte, la froissa un peu la sentit, et demanda :
– Dis, papa, quand est-ce que Dieu a créé les épinards ? le troisième jour ?
En souriant, je répondis :
– Oui, Dieu dit : « Que la terre se couvre de verdure, d’herbe qui rend féconde sa semence, d’arbres fruitiers qui, selon leur espèce, portent sur terre des fruits ayant en eux-mêmes leur semence ! » Il en fut ainsi
– Et maintenant, on mange ces fruits, et la salade et tout et tout ?
– Oui, c’est cela.
– Mais pourquoi doit-on compléter nos repas par des gélules ?
– Ce sont des protéines, notre corps en a besoin. Avant, du temps de nos ancêtres, ils mangeaient de la viande pour avoir ces protéines. .
– La viande ? cela venait de quoi ?
– Des animaux.
– Des chiens ?
– Non, des vaches, des cochons, des poules..
– Ah oui, ceux que l’on voit dans les zoos ?
– Oui, c’est cela. Comme les anciens n’ont pas protégé les espèces, beaucoup d’animaux ont disparus : il n’en reste que dans les zoo. On les a remplacé par les gélules.
– Ils savaient que cela arriverait, n’est–ce pas papa ?
– Oui, bien sur, alors, ils ont choisi d’inventer les gélules, plus facile que d’assurer la reproduction des animaux.
– Ah…
L’air dubitatif de mon fils m’amusa. Je sentait qu’il se posait des questions sur ce fait étrange de savoir que quelque chose allait se passer, mais ne rien faire pour l’en empêcher. Je n’avais jamais réellement compris, moi non plus. Mais bon, les dirigeants de la Terre disaient qu’il ne fallait pas réfléchir… D’ailleurs, ils n’auraient pas apprécié tout ce que j’enseignais à mon fils… Heureusement que nous habitions seuls, en montagne, dans une maisonnette que j’avais montée totalement moi-même, et dont je savais qu’il n’y pouvait y avoir de micro espion.
On sonnait à la porte. J’allais ouvrir et fut heureux de trouver mon ami Fri5lkj/lfg.
– Bonjour, est-ce que je vous dérange ? demanda-t-il de sa voix métallique.
Mon fils arriva en courant et se jeta dans les quatre bras de mon ami. Avec joie, il lui racontait sa journée à mes cotés, à ramasser des légumes dans la campagne.
– Hier, j’ai rencontré GTdf/co24, tu sais, il vient aussi de Pluton, comme toi.
– Oui, je connais bien son père, on a fêté nos 395 ans, l’an passé. Enfin, 395 ans de Pluton, bien sur. Cela fait combien ici ?
– Attend, cela doit faire… 45 ans sur la terre, non ?
– Oui, c’est cela, bravo !
– Entre toutes les planètes, pas une ne compte pareil. Au fait, papa, il les a créé quand, Dieu, les planètes ?
J’expliquais à mon ami, les questions de mon fils sur la création du monde.
– Nous en sommes au quatrième jour. Celui des planètes, justement. Cela tombe bien.
Mon ami se montra inquiet :
– Et tu penses tout lui dire ?
– Je crois.. oui…
– Eh bien, bon courage… !
Fri5lkj/lfg m’emprunta une bûche pour sa cheminée et reparti chez lui. Le bois se faisait rare. Heureusement, avec les progrès, une bûche de trente centimètres pouvait brûler et chauffer une maison pendant trois semaines. Mon fils regardait les bûches, bien rangées dans le coffre fort de la maison.
– Alors papa, Dieu à créé les arbres, le troisième jour. Puis les planètes, le soleil et les étoiles le quatrième . et le cinquième ?
– Tu ne perds pas le nord, toi… bon, le cinquième … j’hésitais un moment, essayant de remettre mes souvenirs dans l’ordre… le cinquième, cela devait être… les animaux.
– Ah oui, ceux que nos ancêtres ont mangé.
– C’est cela… mais note qu’il reste les chiens, les chats et les chevaux, que l’on trouve dans beaucoup de maisons.
– Oui, on a les chevaux pour nous déplacer. Heureusement que nos ancêtre ne les ont pas mangés aussi : ils leur étaient utiles ?
– Oh non, ils avaient des voitures pour se promener.
– Oui, tu m’en as déjà parlé… Mais cela allait plus vite et plus loin que nos chevaux, alors pourquoi elles n’existent plus ?
– C’est un peu compliqué. Les voitures avaient besoin d’essence, et nos ancêtre l’ont toute utilisé. Alors, sans essence, les voitures ne servaient plus à rien.
– Mais ils le savaient qu’il ne fallait pas tout utiliser l’essence !
– Bien sur, alors, ils ont créé les petits métavions de maintenant, qui ressemblent aux voitures, aux avions du 21e siècle, mais qui fonctionnent au nucléaire. Certaines ont besoin d’eau, mais comme l’eau diminue sur la planète, il faut faire attention. C’est pour cela que nous n’en avons pas.
– Tout ce que Dieu a créé est devenu rare, les arbres, les animaux, l’eau… c’est pas de chance.. et qu’est-ce qu’il a fait, Dieu, ensuite, le sixième jour. ?
– Il a créé l’homme et la femme.
– Des vrais? comme nous ? ou ceux des autres planètes ?
– Tous sont vrais, tu sais. En fait, le septième jour, Dieu pensait se reposer, mais très vite, il s’ennuya après tout ces jours d’intense activité. Alors il a cloné des hommes et des femmes qu’il a envoyé avec des couples d’animaux, sur chaque planète qu’il venait de créer. La Bible dit que c’était des « arches de Noé ».
– Ah… c’est pour cela que l’on rencontre des Plutoniens comme Fri5lkj/lfg , des martiens, des Neptuniens sur notre planète. ?
– Oui, tu as tout compris. Sur chaque planète, les couples de chaque espèces se sont adaptés au climat, à la nature environnante que Dieu avait voulu différente pour chaque.
– Bon, et le huitième jour alors ?
– On dit que Dieu a créé le monde en sept jours !
J’espérais m’en tirer à bon compte, mais, c’était sans compter sans l’attention vive de mon petit garçon.
– Non, papa, l’autre soir, tu as dis que l’on pensait à sept jours… plus deux. Il a fait quoi, alors, les deux jours suivants ?
– Le huitième, on a mis des siècles à s’en rendre compte, Dieu a permis à tous les êtres humains de communiquer entre eux, quelque soit sa planète d’origine. Pendant des milliers d’années, les êtres interplanétaires ne se sont pas rencontrés. Et quand ils ont pu le faire, ils se sont rendu compte qu’ils pouvaient communiquer. C’est une bonne chose.
– Eh bien, heureusement, car si on ne pouvait communiquer avec les autres, on serait bien seuls… combien de terrien reste-t-il, papa, avec nous , sur terre ?
– Je ne sais pas trop, je n’en connais pas d’autre que notre famille, dans la région. Mais la terre est immense, et il doit bien y en avoir, ailleurs.
– Pourquoi ceux qui viennent des autres planètes sont-ils plus nombreux que nous ?
– Ils sont tous venus des autres planètes qui ont maintenant disparues, Pluton et Mars ont été totalement détruites par leurs propres habitants. Jupiter a été détruite par Mercure, qui l’a percutée, puis elle a disparu sous les eaux, ses habitants ayant fait fondre les glaciers. C’est sur Mercure que l’on s’approvisionne en eau, maintenant.
– Mais papa, c’est terrible comme situation. Et Vénus ?
– Vénus reste la seule planète qui a évoluée sans guerre, sans problème. Ses habitants vivent dans la spiritualité et leur univers est un paradis.
– Et pourquoi n’y allons-nous pas ?
– Ils ont un égrégore très fort qui forme un bouclier virtuel autour de la planète. On peut y entrer en réalisant avec succès, leurs tests. Ils sont terriblement difficiles.
– Quand pourrais-je les passer ?
– Il te faut avoir l’âge de raison.
– C’est quel âge ?
– On ne le sait pas… c’est le premier test. Chacun doit sentir s’il est à l’âge de raison. Après tout ce que l’on a appris en répondant à tes questions depuis ta naissance, je crois que nous en approchons fortement, ta mère, toi et moi.
Mon fils resta un moment silencieux, parti dans ses pensées profondes. Il avait le front plissé, signe d’intenses réflexions. J’avais l’impression qu’il vieillissait sous mes yeux.
– Et le neuvième jour , alors, papa ? Dieu a fait quoi ? sept jours… plus deux ?
– Eh bien… c’est plutôt compliqué à t’expliquer. Nous n’en sommes pas sûr du tout… Personne n’a jamais réussi à comprendre le but de Dieu, pour ce dernier jour. Moi-même, je ne comprends pas alors te l’expliquer est trop…
Mon fils eu comme une illumination. Son être changea subitement. Il se redressa de sa petite taille, sa voix prit un timbre plus rauque, presque adulte. Il leva un doigt :
– Papa, je sais.
Eléana, ayant sentit mon questionnement, s’approcha de nous en silence. Elle posa sa main sur mon bras, m’intimant le silence, elle observait notre fils. Il la regarda en souriant puis continua ses explications.
– Dieu a décidé d’aider les êtres humains à mieux vivre, dans la paix et l’amour. Alors, il leur a donné la possibilité d’utiliser tout leur cerveau. Tout était possible pour tous, sur toutes les planètes. Tous maîtrisaient le magnétisme pour se soigner des petits maux naturels, l’intuition pour savoir où trouver leur nourriture, le souvenir des vies antérieures afin d’évoluer facilement, la clairvoyance pour savoir ce qui allait se passer, la télépathie pour communiquer… Bref, ils maîtrisaient toutes les possibilités de leur cerveau. C’était une bonne idée, à la base, vous ne trouvez pas ?
J’étais abasourdi par ce que me disait mon fils, mon petit garçon de cinq ans.. comment pouvait-il expliquer ce que nous avons mis des siècles à tenter de comprendre. ?
– Mais comment sais-tu cela ?
– Je ne sais pas, papa, je le sais, c’est tout, j’ai compris progressivement, quand tu m’as expliqué la création du monde. Jour après jour. Tout est devenu limpide, comme si j’avais grandit de 30 ans, d’un coup. Je me souviens de mes vies antérieures, je sais ce qui va se passer…
– Et que va-t-il se passer ? dis moi ?
– Sur terre les hommes ont déjà détruit toute la nature par leurs bombes nucléosolaires, les terriens ne pourront survivre car l’air se fait rare.
– Et ?
– Nous allons partir d’ici.
Mon fils était très sérieux, ses traits se modifiaient, prenant des airs d’adulte savant. Cela m’inquiéta un peu. De sa voix douce, Eléana demanda :
– Et que penses-tu que nous devrons faire, nous, les quelques terriens qui restent ?
– Nous partirons tous les trois sur Vénus.
– Mais les tests ?
– Inutiles
– Comment cela ? je ne comprend pas .
– Nous n’en aurons pas besoin. Je sais comment nous y rendre, par la téléportation. Ils nous attendent !
Comme nous le regardions abasourdis, il nous sourit :
– Bon, je vous explique. J’ai le souvenir de mes vies, j’ai le souvenir de tout, je suis Dieu.
Nous n’étions même pas surpris, cet enfant n’était pas comme les autres. A six mois, il parlait, posait des questions. A cinq ans, à le voir ainsi, on pouvait l’imaginer en vieil homme barbu, tel que nous nous représentions Dieu. Il comprit que l’on croyait ses dires et continua :
– Je ne peux plus rien faire sur la plupart des planètes. La cupidité, l’envie, les égos des êtres humains les ont poussés à oublier, renier, rejeter même, leur spiritualité. Aux premiers temps, ils vénéraient mes créations : la nature, le soleil, moi, même parfois. Ils pensaient évoluer, alors qu’ils perdaient toutes les facultés que je leur offrais le neuvième jour de la création. Ils oublièrent tout ce qui pouvait les rendre heureux au détriment des armes, des recherches poussées pour être plus forts que la nature, que moi…
– Mais et nous, tes parents, pourquoi nous ?
– Je suis venu dans votre famille car vous étiez le dernier couple de terriens croyant en moi. Vous avez et lisez la dernière Bible qui existe. Le seul couple à connaître l’amour vrai, l’amour total. Le seul couple à avoir su vous reconnaître, grâce à votre intuition, signes que votre cerveau n’est pas sous le contrôle des « maîtres de la Terre » . Vous pourrez donc partir avec moi, vous êtes capables de vous adapter sur Vénus et faire revivre vos facultés, comme au dernier jour de la création, comme les êtres les possédaient, à leur premier jour.
Abandonnant une planète dévastée, nous sommes partis sur Vénus. Tous les habitants de cette planète, avaient deviné notre arrivée… Ils attendaient avec une immense joie, notre fils, qu’ils appelèrent « notre Père ».