Félicitations ! Ton soutien à bien été envoyé à l’auteur
avatar
Balade normande...

Balade normande...

Publié le 20 juil. 2025 Mis à jour le 20 juil. 2025 Culture
time 3 min
1
J'adore
1
Solidaire
0
Waouh
thumb 6 commentaires
lecture 18 lectures
5
réactions

Sur Panodyssey, tu peux lire 10 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 9 articles à découvrir ce mois-ci.

Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit ! Se connecter

Balade normande...

Balade normande...

(De mer, de terre et d’âmes)



Je suis né là où les mouettes savent dire bonjour, sur les quais du Havre, entre sel et acier, là où les cargos croisent les souvenirs et où les grues lèvent le ciel plus haut que les rêves. Ville martyre, ville reconstruite, ma ville debout sur ses cendres, fière et droite malgré le feu tombé du ciel. Ici, les pierres ont parlé la langue du courage, et les hommes celle de l’espoir. On dit chez nous : « Ne jamais rien lâcher », et cette devise est devenue la mienne. Car au Havre, même quand on a tout perdu, on garde la mer au fond des yeux.


Mais au-delà des docks, au-delà des sirènes et du béton, la Normandie s’étire, vaste, diverse, puissante. Terre double comme un cœur à deux battements : la Haute, la Basse, séparées par la Seine, ce fleuve qui divise sans jamais briser, enjambé fièrement par les ponts de Tancarville, de Brotonne, de Normandie, comme des liens tendus entre deux sœurs qu’aucune querelle ne saurait séparer. Et quand je suis parti de « l’aute côté d’l’eau », comme on dit chez moi, c’était pour rejoindre celle que j’aime, dans le bocage ornais, à Saint-Georges-des-Groseillers, là où les haies dessinent des prières au creux des champs, là où la brume sent la mousse, le lait, la mémoire lente des matins paisibles.


Mais la Normandie ne dort jamais tout à fait. Elle veille. Elle murmure ses légendes, ses cicatrices, ses conquêtes. C’est ici qu’un certain 6 juin, des pas lourds ont foulé les plages pour rendre la liberté à un peuple. Omaha, Juno, Sword, Utah, Gold… Des noms gravés dans le sable comme des promesses. C’est par cette terre que la France s’est redressée, avec l’aide des ombres et le cri des vivants. Terre d’accueil, terre des souffrances, mais également terre de renaissance.


Avant cela, bien avant, d’autres pas y ont retenti. Ceux des hommes venus du Nord, les Vikings, nos aïeux farouches, conquérants de sel et de feu, bâtisseurs d’un duché devenu royaume. C’est ici que naquit Guillaume, dit le Conquérant, qui traversa la Manche pour faire trembler l’Angleterre. Car en Normandie, on naît avec l’histoire dans le sang, et le vent dans la voix.



Et les mots aussi y sont rois. Flaubert, Maupassant, Barbey d’Aurevilly…

Ils ont écrit la lumière grise de nos ciels, les silences de nos campagnes, la pudeur de nos cœurs. Le silence ici parle plus fort que les discours. Et dans chaque ferme, chaque port, chaque table, il y a une chanson ancienne, un goût d’éternité. Le cidre coule en mémoire, la crème s’invite sans bruit, le camembert fond comme un pardon. Et quand il pleut, on dit en souriant :

« C’est qu’ça va s’arrêter… ou ben r’commencer ! »


Même dans le sport, la Normandie ouvre la voie. Le Havre Athletic Club, doyen des clubs français, fils d’Oxford et de Cambridge, porte le bleu ciel et le bleu marine, couleurs d’une mer intérieure. Il fait rouler des ballons depuis plus d’un siècle, fidèle à l’élégance ouvrière de sa ville. On y joue comme on vit : sans tricher, avec cœur, sans bruit, mais avec honneur.


Moi, j’ai planté ma plume dans la terre ornaise, j’ai trouvé dans ses chemins creux une respiration nouvelle, mais je reste un Havrais de sang et d’âme. Même si mes pas foulent les sentiers d’un bocage tendre, mon regard cherche toujours l’horizon marin. Car je suis né du large, façonné par les marées, et lorsque le vent cessera un jour de souffler pour moi, lorsque la grande voile devra être repliée, je reviendrai sans bruit vers le bassin du Roy, et j’irai dormir une dernière fois dans mon port d’attache, au creux de mon Havre de paix, mon Havre de cœur.


PascalN ©

« Scènes de vie »

photo source Pinterest

lecture 18 lectures
thumb 6 commentaires
5
réactions

Commentaires (6)

Tu dois être connecté pour pouvoir commenter Se connecter
Alexandre Leforestier verif

Alexandre Leforestier il y a 1 jour

Sublime texte ! Sublime Normandie, et vive l’Orne 🍎🍏

Cacher les réponses Afficher les réponses
PascalN verif

Pascaln il y a 1 jour

Merci Alexandre de Normandie 😉😋

c.lair.e verif

C.lair.e il y a 1 jour

On dit aussi "i'r pleut !"
J'adhère à 10 000 % !
Merci Pascal.

Cacher les réponses Afficher les réponses
PascalN verif

Pascaln il y a 1 jour

Je n'en suis pas surpris, entre normands... Merci Claire.

Jackie H verif

Jackie H il y a 1 jour

Très émouvant hommage à votre région natale 😥

Cacher les réponses Afficher les réponses
PascalN verif

Pascaln il y a 1 jour

Merci beaucoup, oui ma région et ma ville natale très encrée en moi...

Tu peux soutenir les auteurs indépendants qui te tiennent à coeur en leur faisant un don

Prolonger le voyage dans l'univers Culture
"Incassable" de Shyamalan
"Incassable" de Shyamalan

Très beau film de Shyamalan, « Incassable » est un grand classique du cinéma. Mais au-delà de traiter le sujet du...

Al De Leerey
1 min
Censure
Censure

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joie.

Bernard Ducosson
1 min
Noter
Noter

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joie

Bernard Ducosson
1 min

donate Tu peux soutenir les auteurs qui te tiennent à coeur

promo

Télécharge l'application mobile Panodyssey