Les jours s’étaient fondus en une semaine, l’air moite de Douala saturé de son mélange habituel de gaz d’échappement et de l’odeur âcre des déchets en décomposition jonchant les rues. Lors de son service de nuit, Mama Zola patrouillait autour de la Résidence Wouri. Mais la silhouette familière d’Annie, postée d’ordinaire près de la pharmacie vivement éclairée du coin, brillait par son absence.

Le sourire fatigué de la jeune femme, la fragilité dans son regard — Mama Zola s’y était habituée durant les heures tardives. À présent, un autre visage occupait le coin, une autre ombre marquée par la même lassitude bien connue. Elle l’avait déjà aperçue, traînant dans les rues du quartier, montant dans les voitures de passage. Elle se souvenait vaguement de son prénom. Sandra.

Mama Zola s’approcha, un nœud d’inquiétude au creux du ventre. Sandra était au téléphone. Elle devait avoir un réseau aussi complexe que les câbles électriques enchevêtrés de la ville. Sa voix, rauque d’années de cigarettes et de secrets murmurés, tranchait dans la nuit.

— Bonsoir. C’est bien toi, Sandra ? Tu n’as pas vu Annie ?

Le regard de Sandra, malin et lucide, se plissa légèrement.

— Annie ? J’ai entendu dire qu’elle a eu un sale coup. Elle a fini à Saint Michel.

— Saint Michel ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

La voix de Mama Zola trahissait une inquiétude vive.

Sandra haussa les épaules, un geste las, empreint de résignation.

— Des problèmes avec un client à l’hôtel Grand Ivoire. Elle a essayé de… tu vois… prendre le long chemin pour rentrer chez elle.

Le visage d’Annie, jeune, assombri par le désespoir, traversa l’esprit de Mama Zola.

— Elle a fait quoi ? Elle a voulu mettre fin à ses jours ? Mais pourquoi ?

Le regard de Sandra s’égara vers les lueurs lointaines du ventre sombre de la ville.

— C’est toujours la même histoire... Cette vie nous broie, puis nous