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La Chine, nouveau "géant vert" de l'énergie ? Par Karl-Alexandre Pinot, Président de l'Alliance

La Chine, nouveau "géant vert" de l'énergie ? Par Karl-Alexandre Pinot, Président de l'Alliance

Published Oct 26, 2025 Updated Oct 26, 2025 Environment
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La Chine, nouveau "géant vert" de l'énergie ? Par Karl-Alexandre Pinot, Président de l'Alliance

On a trop longtemps résumé la Chine à son image d’« usine du monde ». Ce portrait est désormais incomplet. Pékin est devenu le champion incontesté des énergies renouvelables, et cela bouleverse l’équilibre énergétique mondial.


Mais derrière ces records qui impressionnent la planète entière, un défi persiste : comment faire fonctionner tout cela ensemble ?


Des records qui donnent le vertige


Jamais aucun pays n’avait installé autant d’énergies propres en si peu de temps. Un chiffre suffit à mesurer l’ampleur : la Chine a ajouté plus de solaire en 2025 que le reste du monde… réuni. Des centaines de gigawatts déployés, des déserts tapissés de panneaux, des provinces qui voient leurs plaines se hérisser de turbines.

À cela s’ajoute l’autre pilier de la révolution verte : les batteries. Pékin investit massivement dans le stockage de l’électricité, (essentielles pour lisser la production du solaire et de l’éolien) et a déjà dépassé le cap symbolique des 100 GW. Bref, la Chine ne parle pas de transition énergétique : elle l’industrialise.


Des autoroutes électriques à l’échelle d’un continent


Reste un problème que personne ne peut balayer sous le tapis : le solaire produit le jour, l’éolien quand il y a du vent… et souvent loin des grandes villes. La réponse chinoise à cette contrainte ? Un réseau électrique géant, fait de lignes très haute tension capables de transporter l’énergie sur des milliers de kilomètres. Une première mondiale, qui a permis d’éviter la saturation des régions productrices.


Mais cet outil reste en chantier. Aujourd’hui encore, une partie non négligeable de l’électricité verte chinoise ne peut pas être injectée dans le réseau. On produit, mais… on ne consomme pas.


Plus le pays installe de renouvelables, plus il risque de laisser de l’énergie sur le carreau. Certaines provinces voient des milliers de mégawatt-heures être tout simplement perdus, faute de pouvoir les faire transiter ou stocker à temps. Les ingénieurs chinois le savent : la réussite à venir ne se joue plus sur la quantité de panneaux ajoutés chaque mois, mais sur la capacité à orchestrer intelligemment tout le système électrique.


La transition devient aussi une guerre économique


Ce basculement industriel fait des gagnants… et des perdants. La Chine fabrique tellement de panneaux solaires et de batteries que les prix mondiaux chutent. C’est une bonne nouvelle pour le climat. Mais une mauvaise pour les industries occidentales qui ne suivent plus le rythme. Résultat : la défense commerciale s’active. Les États-Unis et l’Europe accusent la Chine de surproduction et de vendre à bas prix, Pékin réplique... et nous voilà engagés dans une guerre commerciale verte, où chaque bloc protège ses champions.


Ce que tout cela signifie pour le monde ? La Chine montre que la transition énergétique peut aller vite, très vite si l’État investit massivement. Ses émissions commencent à reculer réellement, grâce aux mégawatts verts déjà installés, pas aux promesses. Elle impose ses standards industriels : techniques, financiers, logistiques.

Le cœur du défi n’est plus le manque d’équipements… mais la gestion de leur abondance.


La vraie question : qui donne le tempo ?


La Chine a pris une longueur d’avance sur le « monde de demain » : celui qui veut se passer du charbon et du pétrole. Ce n’est plus un pari : c’est un fait. Mais rester leader nécessitera de résoudre une équation complexe :

produire, transporter, stocker, consommer... sans gaspiller.


Pour les autres grandes puissances, la situation est claire : ou elles s’adaptent au rythme imposé par Pékin, ou elles tentent de rivaliser à grand renfort de politique industrielle. Dans tous les cas, la transition énergétique mondiale ne se joue plus à Bruxelles, Paris ou Washington… mais à Pékin, où s’écrit désormais la musique de notre futur électrique.


Une transition réelle, mais un double-jeu assumé


Reste que la Chine avance sur une ligne de crête : celle du double jeu énergétique. Car au moment même où elle bat des records mondiaux de solaire et d’éolien, Pékin continue d’autoriser de nouvelles centrales à charbon et d’en maintenir l’utilisation à grande échelle pour sécuriser sa croissance industrielle. Le charbon reste l’assurance-vie du système : une source pilotable, domestique, bon marché et difficile à remplacer du jour au lendemain dans une économie encore très intensive en énergie. Ce paradoxe souligne le dilemme chinois : devenir le leader incontesté des technologies vertes tout en préservant la stabilité électrique et sociale. Autrement dit, sauver le climat… mais après avoir assuré la prospérité. Là réside toute l’ambiguïté d’une puissance qui veut accélérer le monde de demain sans renoncer totalement aux leviers d’hier.


Par Karl-Alexandre Pinot

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