

Je suis furieux et trimballe ma colère jusque sur le bout du quai…
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Je suis furieux et trimballe ma colère jusque sur le bout du quai…
Ma convalescence est lente, mais je ne m’en préoccupe pas et pars prendre un avion pour Saint-Martin car je sens que je dois lui parler, seul ! J’ai des problèmes d’argent, je suis en pleine angoisse, et je vais rejoindre un ami à Montmartre, il m’héberge, j’ai des cailloux pour offrir à ma belle, je les montre. Je ne suis déjà plus moi tant je suis troublé par cette rencontre, cette mauvaise fortune. Elle m’avait offert un collier, une pierre entourée de fils de bouchon de champagne, je ne l’avais plus autour du cou mais je le serrais dans ma main, dans ma poche ce cadeau. Je devais lui montrer, lui expliquer que je suis son double, sa partie complémentaire alors je vole vers notre destin. Je retourne aux Antilles et je cherche la fille, presque sans argent. Un voyage dangereux et suicidaire. À l’époque je ne voyais pas ma vie sans sa main. J’arrive sur l’île, la partie hollandaise, et de suite je suis perdu. Un taxi, Marigot, je ne sais même pas où elle habite, la nuit tombe, j’ai juste un sac à dos, quelques affaires, pas de quoi prendre une chambre d’hôtel. Je la cherche. J’ignore si elle est encore là. J’erre dans ce petit monde que je connais mais je ne parle à personne. Alors je marche et regarde la nature. Le souvenir est confus depuis tout le temps passé entre ma vie et cet écrit, je me souviens seulement que dès le premier soir, je sais que je ne la trouverai pas. Je sais aussi que je n’ai pas d’argent. Rien, ou si peu. Alors c’est la colère rentrée qui me porte, je vais vivre sur l’île en ermite, première nuit sur le sable, j’ai froid. Je dois compter les étoiles, rêver de son sourire, je dois me battre contre cet air froid sur ma peau, les tremblements, les petits cailloux qui se glissent sous le dos. Le matin arrive enfin, et je commence ma longue balade à la recherche de n’importe quoi, je marche. Marigot, il me reste quelques pièces pour un café et un cybercafé, je cherche à la joindre, j’ai son numéro de téléphone, et je crois être suffisamment proche pour l’appeler, pas si simple. Ma carte bleue est là pour le retour, elle est aussi ma carte téléphonique, et je n’arrive pas à l’appeler, alors je sombre dans le délire de la conspiration, l’état qui me bloque, qui se joue de moi. Je suis furieux et trimballe ma colère jusque sur le bout du quai… toujours en pensant à elle, je cherche des signes qui nous rapprocheraient l’un de l’autre.
Sur cette jetée, je trouve du bois, une cabane en construction, et un poteau de béton. Je pose des planches en biseau, cela sera mon toit car l’humidité est là, il pleut. Je passerai bon nombre de nuits sous cet abri artificiel, entendant la pluie, recevant la pluie. Je suis sur une île seul et je vis en Robinson, perdu dans mon affliction, ma détresse. Je suis venu la voir et elle n’est pas là, alors je passe mon temps comme je peux. Début de ma croisade contre les vents du hasard, je marche, je fais le tour du bout de pierre, homme perdu en mer. Je sors de la partie française et je vais voir la Hollande, le chemin des fleurs et ses villas de milliardaires, je marche sans avoir d’autre but que de croiser sa route. J’ai jeté ma carte bleue, je n’ai plus rien pour vivre, plus un sou vaillant, seule ma jeunesse d’alors m’aide à survivre dans mon obsession à retrouver mon chemin. J’irai demander du travail, je sais qu’en pleine saison des entreprises cherchent des peintres, mais ma tentative va se solder par un échec. Tour de l’île, je me fais chasser comme un malpropre de la partie hollandaise, aujourd’hui encore je ne sais toujours pas pourquoi, peut-être parce que je voulais monter dans un bus. Je coupe un pied de cactus, en bois le jus, ça pique. Je surplombe une marina et me couche fatigué dans un talus, des pierres me caressent le dos et rendent impossible le sommeil, alors je marche vers la jetée.
Un soir, je m’arrête pour me protéger du froid face à la mer sur un terrain que je crois abandonné, un hôtel détruit par un cyclone, une piscine sans eau, je chante dans ma tête « Pull marine »… quelque part je suis bien dans ma conscience car je cherche l’absolu mais j’ai aussi mal au fond de moi de me retrouver tellement seul dans un milieu somme toute hostile. Derrière un talus, je me protège du vent glacial, mon petit sac à dos me sert d’oreiller, le vent s’infiltre sous mes vêtements, ma peau tremble, j’ai froid, je vais donc me réfugier dans le corridor protégé par les murs de l’ancienne bâtisse. Soudain, au milieu de la nuit, une voiture, des bruits de pas, des fers sur le sol, une arme, le clic d’un chargeur, plus de sécurité… un gardien du domaine me tient en joue ! Je ne demande pas mon reste, je repars sur la route sans avoir dormi et retourne sur la plage. Je manque d’eau, parfois j’entre dans un restaurant, une maison quémander ma pitance, je suis perdu.
Je suis retourné sur la jetée et là je me suis jeté dans l’eau tout habillé. J’ai nagé en attendant de couler, jusqu’à ce que je voie le soleil me faire un clin d’œil, alors je suis sorti de la mare. J’en ai marre de souffrir. Une annexe vient me secourir… ils ont remarqué que je nage habillé, je décline leur invitation, regagne la rive, regrimpe vers ma cabane faite des planches de cette construction restée en plan. Je suis sale, plein de sel. Heureusem
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