Chapitre 4 : Cabos, l’ami râle.

Malgré sa vitesse élevée, l’aéro-niche réalise un atterrissage plutôt contrôlé sur

la plateforme de décollage.

Aussitôt, des infirmiers canins se précipitent près de

l’appareil. Un soldalmatien sort de l’aéro-niche en criant :

- Venez vite ! Il y a beaucoup de blessés !

Chacun leur tour, les infirmiers entrent dans l’engin et ressortent avec un chiot

dans les bras, ou aident un soldalmatien à marcher. Les Canins pris en charge sont

aussitôt emmenés dans des ambulances. Une fois que tous les blessés sont en route

pour les hôpitaux, un infirmier désigne Falcon et demande à Mentalos :

- Est-ce que je dois emmener ce jeune chiot ? Il m’assure que tout va bien, mais

je ferais mieux de l’emmener.

L’husky observe Falcon, qui fait non de la tête, puis annonce :

- Même s’il devrait aller se reposer avec les autres, je vais m’en occuper.

- Comme vous voudrez.

Tandis que l’infirmier canin repart, Mentalos fait signe au chiot de le suivre.

Un peu plus tard, les deux chiens entrent dans le Quartier Général de la

Révoltruffe, après être passés par une salle de contrôle, et visitent les couloirs.

Falcon est impressionné par tous les soldats qu’il voit : des simples soldalmatiens

aux plus gradés, en passant par les artilleurs. Il est tout aussi impressionné en voyant

la grande salle d’entrainement.

- Notre QG est immense donc nous ne le visiterons pas entièrement, explique

Mentalos. Je vais bientôt te montrer les dortoirs, où tu partageras une chambre avec

d’autres chiots sauvés, comme toi. Mais d’abord, je dois te présenter quelqu’un…

Mentalos s’arrête enfin devant une porte puis l’ouvre lentement. Timide, Falcon

entre tout doucement dans la pièce. Devant lui, un grand chien en uniforme de

militaire lui tourne le dos. D’une voix grave, celui-ci demande :

- Qui est entré ?

Lentement, le grand berger allemand se retourne. Falcon le reconnaît aussitôt :

- Amiral Cabos ! C’est vous ?!

- En personne. (Il remarque ensuite l’husky derrière.) Qui estce que tu m’amènes, Mentalos ?

- Tu as devant toi un super-chiot ! répond le héros en souriant.

Il va te montrer ce qu’il sait faire…

Pris au dépourvu, Falcon ne sait comment réagir : on lui

demande de montrer un pouvoir incontrôlable, qu’il vient tout

juste d’acquérir, devant le chef de la Révoltruffe ! L’Amiral

Cabos l’observe, tandis que Mentalos lui met la pression en lui

tapotant l’épaule. Le chiot cherche du regard un objet adapté et

repère enfin une bougie sur le bureau de Cabos. Après avoir

inspiré profondément, Falcon expire tout l’air de ses poumons en

direction de la bougie. Cependant, rien ne se produit. La flamme

vacille mais ne s’éteint même pas. Le silence règne.

Visiblement déçu, l’Amiral retourne s’asseoir à son bureau en

disant :

- Impressionnant. La bougie s’est presque éteinte. (Le ton sarcastique de sa voix

blesse profondément Falcon, qui baisse la tête.) Emmène donc ton « super-chiot »

aux dortoirs, Mentalos.

Blessé lui aussi, l’husky quitte le bureau en compagnie de Falcon et

l’accompagne jusqu’aux dortoirs sans dire un mot. Avant de fermer la porte de la

chambre qui lui est attribuée, le jeune chiot s’excuse :

- J’étais trop fatigué pour utiliser à nouveau mon souffle glacé. (Il pousse un long

soupir.) Je me suis ridiculisé devant le chef de la Révoltruffe, c’est une honte.

- Ne dis pas ça, conteste Mentalos. Ce pouvoir est nouveau pour toi. J’ai dû

m’entraîner très longtemps avant de maîtriser le mien. En plus de ça, tu as eu une

dure journée et tu dois être épuisé. Dès demain, la Révoltruffe va t’aider à améliorer

tes capacités. Repose-toi bien, Falcon. (L’husky commence à partir mais s’arrête

pour dire une dernière chose :) Au fait, merci pour ton aide lors de la mission, superchiot !

Le lendemain matin, Falcon est réveillé par l’un de ses deux colocataires. Peu à

peu, le golden retriever se réveille et voit un petit chien qui sautille sur place,

impatient de faire connaissance. C’est un jeune chihuahua débordant d’énergie.

- Comment tu t’appelles, dis donc ? demande aussitôt le petit chien.

- Je m’appelle Falcon, répond l’intéressé. Et toi, c’est quoi ton nom ?

- Moi, c’est Billy, dis donc !

Même s’il est encore très fatigué, Falcon est content de pouvoir

parler à un autre chiot, après toute cette aventure. Il hésite même à

lui raconter ce qui lui est arrivé, mais Billy le prend de vitesse :

- Et dis donc, comment t’as été sauvé, toi ?

- Des karaté-cats m’ont enlevé, lorsqu’ils ont attaqué mon

village. Tous les chiots capturés comme moi ont été transportés

jusqu’à une sorte de… laboratoire, je crois. J’étais dans la salle

givrée, quand on m’a sauv…

- N’importe quoi… conteste une voix inconnue, depuis le fond

de la chambre. C’est impossible.

Intrigué, Falcon observe la chambre sous tous ses angles

et finit par repérer une silhouette qui lui tourne le dos. « On

dirait une labrador » pense-t-il. Au même moment, la

silhouette se retourne brusquement vers lui.

- Elle est toujours comme ça, Lisa… murmure Billy. Elle

ne fait confiance à personne, dis donc !

Falcon observe cette labrador au regard de braise qui

avance lentement vers lui, avec une grâce étonnante. Il y a une

certaine autorité dans sa démarche.

- On est colocataires depuis plus d’un mois, continue

Billy, mais elle a encore du mal à me croire parfois ! (Le

chihuahua remarque enfin que son interlocuteur ne l’écoute

absolument pas.) Dis donc, tu m’entends Falcon ?

Lisa s’arrête juste devant le golden retriever puis déclare :

- Tu nous mens : personne n’est jamais sorti vivant de la salle givrée.

- Je dis la vérité, assure Falcon.

Ce dernier finit par baisser les yeux face au regard brûlant de Lisa ; elle ne semble

pas le croire. Finalement, il parvient à relever la tête et poursuit :

- J’ai survécu aux températures glaciales de la salle givrée. (La labrador plisse

les yeux, en espérant l’intimider.) C’est la vérité. Et j’en suis sorti avec des

superpouvoirs !

- C’est vraiment n’importe quoi ! refuse Lisa en ricanant. Tout cela n’a aucun

sens.

Après un petit sourire en coin, Falcon observe le plafond qui se trouve à trois

mètres de haut ; le super-chiot inspire profondément et saute avec une grande agilité.

En exécutant un salto arrière dans les airs, le golden retriever touche le plafond avec

ses pattes arrières et atterrit gracieusement. Impressionné, Billy le félicite :

- T’es trop fort ! Dis donc, comment tu as fait ça ?!

- Un superpouvoir… répond fièrement Falcon, en fixant Lisa.

Cependant, cette dernière n’est pas impressionnée du tout. Elle s’étire quelques

instants, s’accroupit, exerce le même salto arrière que lui et atterrit de la même façon.

- L’agilité n’est pas un superpouvoir, déclare Lisa en rivant son regard enflammé

à celui de Falcon.

Pourtant déçu, celui-ci n’abandonne pas. Il regarde autour de lui et saisit un

oreiller. Après avoir pris une grande inspiration, le super-chiot souffle dessus et, à

son grand soulagement, son pouvoir n’a pas disparu.

- Par contre, ça, c’est un superpouvoir ! annonce-t-il en lâchant l’oreiller congelé,

qui tombe lourdement au sol.

- Alors ça, c’est dingue ! s’exclame Billy, en essayant de soulever l’énorme

« glaçon ». Dis donc, comment tu l’as congelé ?

Falcon n’a même pas le temps de répondre que Lisa entraîne le chihuahua à

l’extérieur en annonçant :

- Il est temps de partir travailler, on risque d’être en retard.

- À plus tard, Falcon ! lance Billy, juste avant que Lisa ne referme la porte.

Le golden retriever reste là, seul dans la chambre.

- « Partir travailler » ? se répète-t-il à voix haute. Que voulait-elle dire ? Peutêtre que chaque chiot a un métier, dans la Révoltruffe. Ouais, ça parait logique.

(Tout-à-coup, le chiot se rappelle de quelque chose.) J’ai failli oublier : je dois me

rendre à la salle d'entraînement !

Falcon se souvient parfaitement de son emplacement. Grâce à sa vitesse et à son

agilité, il parvient à s’y rendre très rapidement.