Quand le théâtre devient cathartique

Je me plaît souvent à imaginer le dialogue que je pourrais échanger avec "l'autre", la méchante du film, la sorcière...

Bien sûr, je ne veux pas avoir à converser avec cette personne mais si je devais le faire, j'aimerai que cela se passe de la sorte:

montrer mon dédain, tout en douceur, et en délicatesse et surtout, qu'elle se la ferme!

NB

*Par égard pour la bienséance, j'emprunte aux mots leur masque sonore, ne vous méprenez donc point: il ne s'agit pas ici d'escalope. Cherchez, les assonances en "lope", sont faciles à trouver...

Personnages

MOI: ( calme et polie)

ELLE: (la maîtresse silencieuse recevant sans répondre)

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( scène: un jardin, chaises de jardin blanches, théière en porcelaine.

Soleil hypocrite)

Moi (sourire paisible, tasse de thé à la main) —

Ma chère escalope*

Permettez moi tout d'abord de vous remercier, d'avoir par votre tendre initiative, soulagé mon mari de cette charge écrasante qu'est la fidélité.

(Elle incline poliment la tête.)

MOI: (voix douce) —

Je vous admire, vraiment.

Il faut une force inférieure peu commune pour être capable de ramasser ainsi, avec la grâce d'une "entrope", ce qui ne demande qu'à se vautrer dans la facilité

(Elle reste muette, l'air vaguement crispé)

MOI (sirotant mon thé) —

Vous êtes, si je puis me permettre, d'une souplesse admirable.

Un peu comme une belle enveloppe vide...pardon, une belle enveloppe pleine...d'utopie.

(Légère pause, feinte d'innocence)

MOI: (toujours parfaitement posée) —

Je n'oserai point juger, non, car qui suis-je pour blâmer l'escalope qui saute dans toutes les poêles à la première chaleur venue?

(un sourire chaleureux)

MOI (chuchotant comme une confidence) —

Sachez que je vous souhaite, du fond , autant de bonheur que peut contenir une enveloppe...De vide.

(Elle se tortille légèrement sur sa chaise)

MOI (reprenant, mélodieuse) —

Mais je m'égare.

Je vous simplement vous féliciter pour votre prodigieuse capacité à confondre la tendresse avec la trépanation émotionnelle.

(Léger éclat de rire contrôlé)

Moi (avec une douceur poignante) —

Ah, et aussi pour votre don d'entonnoir, pardon, votre don d'entropie sentimentale.

Tout ce que vous touchez, ma chère escalope*, se décompose avec une célérité fascinante.

(Elle se lève, prête à fuir)

MOI (me levant aussi, gracieuse) —

Oh, ne partez pas si vite!

Le thé n'a pas encore refroidi.

Comme votre passion sans doute, d'ici quelques jours.

(Un regard appuyé, innocent en apparence)

MOI (penchant légèrement la tête) —

Je vous souhaite un merveilleux voyage...

De l'escalope* à l'entropie, en passant par l'atrophie du cœur.

Surtout, n'oubliez pas:

On récolte toujours ce qu'on essore.

(Elle part sans un mot. Moi. Droite et paisible, reste seule avec mon thé)