Une histoire à épisodes pour #LinkTober2025

L’autre truc qui tranchait un peu dans cette misérable histoire, c’est ce qui rencontra la gorge du chef Stein. Un truc en plus à nettoyer.

St Biose de lave soigneusement le visage et les mains, puis donna un coup d’éponge sur ses chaussures avant de balancer le rectangle de polyester à dos vert dans l’évier.

— Pas terrible, cette éponge.

— Je ne savais pas que vous étiez rivaux, lâchais-je à défaut de savoir quoi dire d’autre.

— Rien à voir avec de la rivalité, mon petit.

Rien à voir avec de la rivalité ? Mais alors, c’était quoi cette explosion de violence ?

— C’était quoi ? C’était quoi ? C’était la mission, nous lança St Biose comme une évidence.

La mission.

À priori, je n’étais pas en plein cauchemar car les autres me le confirmèrent. La mission était d’éliminer Erik Stein. Enfin, celui qui se faisait passer pour Erik Stein depuis une dizaine d’années.

Pour faire disparaître la fausse identité du bonhomme, il suffisait d’appuyer sur un bouton. Quand aux deux cadavres, nous allions les laisser à la police.

Avec la mort du faux Stein, l’équipe Luciole avait besoin d’un nouveau chef. C’est avec lui que nous avions rendez-vous vendredi soir.

Le type s’appelait Findus.

— Findus, c’est suédois ça, non ?

— Et alors, Bindesbøll ? Ça vous ennuie d’avoir un chef suédois ?

Non, ça ne m’ennuyait pas. En revanche, je me gardais bien d’exprimer ce que ce cela évoquait dans mon esprit.

Cette nuit là, l’évènement du jour perturba mon sommeil. Dès que je fermais les yeux, je revoyais en boucle St Biose et sa lame de scie circulaire, le rire du faux Stein se figer pour laisser place à un flot bruyant de sang.

Pourtant, j’en avais vu des horreurs avant ça. Mais il faut bien comprendre que découvrir un cadavre et assister à une mort violente sont deux expériences très différentes. Je n’étais clairement pas préparé à vivre la seconde. Les autres non plus, à priori. S’ils étaient dans la confidence, contrairement à moi, ils s’attendaient à un scénario plus conventionnel.

Une balle dans la nuque, un coup de parapluie bulgare ou une corde à piano peut-être. Mais pas ça.

Autant vous dire que j’avais désormais une autre image d’Auguste St Biose.

Est-ce que les psychopathes vont en enfer ?

Je me pose la question, parce que maintenant que j’en connais un, je me dis que l’endroit pourrait lui plaire. L’enfer, c’est pour les gens qui mettent des glaçons dans leur whisky. Pour les gens comme lui, on bien dû inventer autre chose.

Une lame de scie circulaire, quoi. Cela mes laisse pantois.

Même pour égorger, il y a plus propre. Plus humain… Un coupe-chou, par exemple. C’est vrai que c’est plus un style “barbier”. Mais vous comprenez un peu l’idée. J’espère.

Un tel sadisme est déroutant.

Je parle bien de sadisme parce qu’il n’avait pas seulement fait ça pour la prime accordé par le siège. Non, ça lui faisait plaisir !

— Tu fais toujours ça aux gens que t’aimes pas ?

— Non. Seulement les jours de fête. Mais t’inquiètes pas, Hansi. Toi j’t’aime bien.

Crédits :

Photo de couverture par Victoria Strukovskaya

Illustrations dans le texte par Daniel C. Muriot

Liste de mots fournie par Sacheen Sierro & Bernard Zirnhelt

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