

Chapitre 15 : Il l'appelle Caramel
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Chapitre 15 : Il l'appelle Caramel
Quand elle rentre, ce soir-là, l’appartement est sombre, vide, elle s’installe sur la terrasse donnant sur le grand jardin en dessous, un plaid sur les genoux, avec un verre de Chardonnay et regarde les constellations se lever et amorcer leurs ballets, en y cherchant des réponses, qui ne viennent pas, alors elle va se coucher, incapable d’avaler quoi que ce soit et s’enroule dans sa couette pour se sentir en sécurité, comme dans les bras de Nelson quelques heures auparavant.
Le lendemain, comme un automate, elle prend son bus, file à la crêperie enchainer ses heures de boulot. Comme un pantin gracieux qui zigzague entre ses tables, prend les commandes, sert les assiettes, les débarrasse, sourit poliment, encaisse, nettoie, avec pour seule envie de regarder le jour se coucher, et pour seul espoir que les étoiles soient plus bavardes ce soir-là. La journée s’étire en longueur, les clients se succèdent, presque sans visages, comme à travers un brouillard qui ne se lève pas et puis l’heure de la délivrance sonne, elle dénoue ses cheveux et range son tablier. Elle rentre, la tête ailleurs depuis hier, cherchant toujours des réponses à ses « comment faire ? » à ses « quoi penser ?» et ses « oui, mais Gaël ? » Dans le battement d’ailes d’un oiseau, dans la mélodie entêtante du carrousel, dans les coulures de crèmes glacées mouillant le caniveau, dans le sourire courtois du chauffeur de bus. Juliette monte à leur étage de la maison, file sous la douche et laisse couler l’eau sur sa peau jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de chaud. Elle finit par sortir de la salle de bain, les cheveux et le corps enveloppés dans des serviettes, allume une cigarette et va farfouiller dans le frigo.
La sonnerie de son portable se met à retentir au loin.
Et merde où est mon sac ? s’agace-t-elle profondément.
Son portable, échoué sur le lit, s’impatiente et s’apprête à enclencher la messagerie.
C’est un numéro non identifié, mais pas masqué.
“Allô ?
─ Oui Juliette ? C’est Gwen.
Elle bloque une seconde, réfléchit : Gwen ? Ah oui le pote de Nel, celui qui le suit comme son ombre, qu’est-ce qu’il veut encore celui-là ?
─ Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ?
─ Écoute, comme tu sais, Nel est parti pour New York, mais il m’a laissé un truc pour toi et faut que je te le donne ce soir impérativement, on vient te chercher à 22 h !”
Euh, je rêve où il ne me demande même pas mon avis, ce naze ? Songe t’elle, piquée.
“Ben non en fait, ce soir ça ne m’arrange pas du tout ! C’est quoi cette surprise, ça ne peut pas attendre demain ?
─ Non, c’est vraiment ce soir, après c’est mort ! S’il te plait, Juliette, je vais me faire engueuler si tu ne viens pas… “
Elle soupire, regarde l’heure et le miroir qui lui renvoie son visage démaquillé, sans artifice.
─ Elle a intérêt à être canon cette surprise, Gwen, ok à 22h…
─ Top ! Ah oui, Juliette, ne met pas de talons ! “
Et il raccroche.
La curiosité l’a emporté sur sa fatigue et sa lassitude. Elle allume une nouvelle cigarette, avec le mégot de la précédente et se dirige vers son armoire pour choisir ses habits, en se maudissant de cette faiblesse qu’elle regrette déjà, un peu impatiente malgré tout de savoir ce que Nel lui a réservé. Pour tromper l’attente, elle téléphone à ses copines, à sa grand-mère, et meuble le temps. Les 22 h s’affichent sur le cadran, elle est prête depuis des plombes, mais ne veut pas leur montrer de peur qu’ils ne la prennent pour une midinette ou pire qu’ils le racontent à Nelson, alors, elle attend que ledit Gwen fasse bipper son portable, compte encore quatre minutes et descend tout doucement, ferme à clé, lentement, s’approche nonchalamment de la voiture, ouvre la portière arrière et se glisse sur la banquette.
Le voyage ne dure que quelques minutes, pendant lesquelles personne ne parle dans l’habitacle, et ils s’arrêtent sur le front de mer, non loin de M. Hulot qui surveille le large, figé. Juliette ne comprend rien, elle regarde les garçons, interdite. Muet, Régis reste derrière le volant alors que Gwen tout sourire sort de la voiture et invite Juliette à le suivre. Ils s’approchent de la rambarde donnant sur le sable fin et il lui désigne le plus gros rocher. Juliette, qui recommence à bougonner, prête enfin attention au splendide paysage qui lui fait face. La lune basse et pleine, d’une teinte crémeuse presque dorée, semble caresser l’amoncellement de roche chatouillée par l’océan.
“Il faut que tu montes tout en haut de ce rocher-là, que tu regar
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