

La Technologie : Outil ou Béquille de Notre Stupidité ?
Auf Panodyssey kannst du bis zu 10 Veröffentlichungen im Monat lesen ohne dich anmelden zu müssen. Viel Spaß mit 9 articles beim Entdecken.
Um unbegrenzten Zugang zu bekommen, logge dich ein oder erstelle kostenlos ein Konto über den Link unten.
Einloggen
La Technologie : Outil ou Béquille de Notre Stupidité ?
Toute connaissance, toute avancée — qu'elle soit technologique, mécanique, scientifique — ne se pose pas la question de savoir si elle va bousiller nos sens, notre cerveau ou notre corps. Les ingénieurs, les chercheurs, ils ne conçoivent pas leurs inventions en se disant : "Tiens, comment on va rendre les humains plus cons et plus dépendants avec ça ?" Non. Leur question, et c'est une putain de question légitime, c'est : "Comment ça marche ? Qu'est-ce que ça peut faire ?" Et souvent, ils se demandent aussi comment améliorer l'humain, le rendre plus fort, plus efficace.
Prends les montres connectées. L'Apple Watch, par exemple. Bourrée de technologie, de capteurs, de microprocesseurs. Elle te surveille, elle analyse ton rythme cardiaque, ton sommeil, tes mouvements. Et si tu cherches un peu, tu trouveras des histoires, des vraies, où ces merveilles ont sauvé des vies. Elles ont prévenu des crises cardiaques, détecté des arythmies, alerté les secours après une chute grave. Là, la technologie est un putain d'outil de survie, une extension de nos sens, une sentinelle pour notre corps. C'est fascinant. C'est le rêve de la science-fiction qui devient réalité, au service de l'humain.
Mais voilà. Le problème, ce n'est jamais vraiment l'outil. Le problème, c'est l'humain qui tient l'outil. L'avancée technologique est fascinante, oui, mais la vraie question, la seule qui vaille, c'est : qu'est-ce que l'humain va en faire ?
Est-ce qu'on va l'utiliser pour s'améliorer soi-même ? Pour devenir plus conscient de notre corps, plus attentif à nos signaux, plus réactif face au danger ? Est-ce qu'on va se servir de ces gadgets pour libérer du temps, pour apprendre de nouvelles choses, pour nous connecter mieux et non plus ? Est-ce qu'on va se servir de ces écrans pour voir le monde sous un autre angle, ou pour nous enfermer dans notre propre bulle, comme des connards hypnotisés ?
Ou bien, et c'est là que la gueule de bois te rattrape par les couilles, est-ce qu'on va juste attendre un produit qui fera tout à notre place ? Une application qui gérera nos émotions, un algorithme qui trouvera l'amour pour nous, une montre qui nous dira quand on va mourir sans qu'on ait à lever le petit doigt. On veut la solution miracle, le patch qui va tout réparer, sans effort, sans engagement. On attend que la technologie nous sauve de nous-mêmes, de notre paresse, de notre incapacité à affronter la complexité de l'existence.
C'est là que la stupidité humaine entre en scène, avec son acolyte l'ineptie de notre utilisation du monde moderne. On a créé des outils pour nous libérer, mais on les utilise pour nous enchaîner. L'Intelligence Artificielle, par exemple. Une puissance de calcul inimaginable, capable de trier des montagnes de données, de diagnostiquer des maladies, de créer des œuvres. Une IA pourrait nous aider à mieux communiquer, à mieux comprendre nos propres schémas relationnels, à nous décharger des tâches rébarbatives pour laisser plus de place à la créativité et à l'humain. Mais qu'est-ce qu'on en fait ? On lui demande d'écrire nos poèmes d'amour parce qu'on est trop paresseux ou trop cons pour trouver nos propres mots. On lui demande de générer des scénarios de films tellement pourris qu'on s'endort les regardant lorsqu'ils sortent, au lieu de chercher la profondeur et l'originalité. On la laisse nous donner des conseils de vie alors qu'on ne sait même plus écouter notre propre instinct.
On a perdu des choses essentielles par cette stupidité. On a perdu la capacité à être présent, à sentir le manque sans paniquer, à attendre sans s'impatienter. On a troqué la richesse de la rencontre imparfaite et organique pour la perfection illusoire du numérique. On s'est détournés de la complexité des relations humaines – avec leurs bugs, leurs ralentissements, leurs plantages imprévus – pour des interfaces lisses qui nous promettent une fluidité qui n'existe pas. On a confié notre cœur à des algorithmes, nos souvenirs à des clouds, et nos interactions à des applications, persuadés que ça allait nous simplifier la vie.
Et le pire, c'est qu'on se plaint de la technologie à longueur de journée. On râle contre les algorithmes, contre les notifications, contre cette sensation d'être toujours connectés. Mais en même temps, on la veut, putain. On veut toujours le dernier modèle, le smartphone le plus fin, la montre la plus intelligente, exactement comme on veut la femme de l'autre, ou l'homme de l'autre. On convoite le modèle "upgradé", la version 2.0 de la relation. On s'imagine qu'on va pouvoir lui offrir le meilleur, ce que la version précédente - le futur ex - n'a jamais pu donner, parce qu'on a le dernier logiciel, la dernière technique de drague, le dernier gadget pour optimiser la séduction. On fait ça sans la moindre empathie pour la famille qu'on détruit autour, pour les enfants, pour les amis, pour tout l'écosystème émotionnel qui part en miettes. On agit comme un consommateur égocentrique, persuadé que le bonheur est un produit à acheter, et qu'il est toujours "mieux" chez le voisin.
On la critique, mais on l'utilise sans vergogne. On la maudit, mais on est les premiers à faire la queue pour la dernière mise à jour, la dernière fonctionnalité. C'est l'hypocrisie incarnée. On pointe du doigt le mal, mais on s'y vautre avec délice. On se plaint de nos relations qui partent en vrille, mais on continue de les gérer comme des applications jetables. Le rêve de l'autre — l'autre partenaire, la meilleure machine, la vie soi-disant parfaite vue sur les réseaux sociaux — devient notre putain d'obsession. Sauf que, comme toute nouvelle version technologique précipitée, il y a des bugs, et les choses partent en couille, souvent encore plus vite. Ce "rêve" qui semblait si vendeur est en fait merdique. Il nous laisse encore plus désabusés, encore plus seuls, avec une gueule de bois encore plus sévère. Et sans parler que chacun copie l'autre en essayant de ne pas ressembler à l'autre... alors qu'on est tous des putains de miroir des autres, même celui qui ne dit ne pas l'être.
Au lieu de nous améliorer, cette ineptie nous rend plus faibles, plus dépendants, plus incapables de naviguer dans le réel. On se transforme en passagers de nos propres vies, le volant entre les mains d'un système qu'on ne comprend plus. On est devenus des enfants gâtés qui attendent le prochain jouet, la prochaine mise à jour qui, on l'espère, résoudra tous nos problèmes sans qu'on ait à bouger un muscle. Et c'est ça, la vraie tragédie. La technologie n'est ni bonne ni mauvaise en soi. Elle est neutre. Mais entre nos mains, elle devient souvent un putain de catalyseur de nos pires travers. On la tient pour une béquille alors qu'elle pourrait être un levier. Et cette sale habitude d'attendre que tout nous tombe tout cuit dans le bec, c'est ce qui nous pourrit. C'est ce qui nous laisse avec cette gueule de bois éternelle, cette incapacité à agir, à nous remettre en question. Parce qu'au fond, on préfère que la machine pense pour nous, qu'elle nous offre l'illusion du contrôle, plutôt que d'affronter la complexité brute et parfois douloureuse de notre propre humanité.

