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SAISONS
SAISONS - La nouvelle de Louisa - âge : 23 ans

SAISONS - La nouvelle de Louisa - âge : 23 ans

Veröffentlicht am 7, Juli, 2025 Aktualisiert am 7, Juli, 2025 Romance
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SAISONS - La nouvelle de Louisa - âge : 23 ans

C’est assez fou ce que la vie prépare, le constat assommerait les plus aguerris.


V me suit depuis le collège. Niveaux de classe, voyages scolaires, travaux de groupe et soirées étudiantes. Je sais tout ce que je ne cherchais pas à savoir de lui et ça m’embête. C’est comme s'il y avait une sorte de destinée qui nous lie, maintenant que nous nous sommes accompagnés jusqu’à ce point de nos vies. Il y a tellement de proximité que c’en est effrayant et en même temps, n’est-ce pas un peu magique ? Je ne sais toujours pas dire.


Longtemps, j’ai étudié nos premiers moments, cherchant la limite entre l’amour... et l’amitié. Est-ce que V est l’amoureux tant espéré ? Attrayant, sympathique et respectueux, il pourrait coller à l’étiquette du parfait copain sans grand effort. On a grandi en tant que camarades, mais les circonstances actuelles me poussent à réfléchir autrement. Quelque chose de nouveau, d’inattendu se prépare… Au-delà du rêve, j’en ai besoin.


Aujourd’hui, c’est le jour de notre remise de diplômes. Évidemment avec V, on a suivi le même cursus universitaire, on souhaite tous les deux enseigner l’Histoire. Il n’y a pas eu une classe ou une promotion que nous n’avons pas partagée. Je le connais sans le connaître, comme une sorte de connaissance amicale qui n’a jamais dépassé l’intensité d’une amitié consacrée. On est dans les décors de l’un et de l’autre depuis plus de dix ans. Je suis au courant de tous les ravages de la puberté sur son corps. De toutes les conquêtes qu’il a eues, du moins en public.


Mais aujourd’hui, nos chemins se séparent. J’ai une boule dans la gorge —une grosse— depuis hier soir et je ne parviens pas à la faire passer. Dans ma tête, c’est le chaos total. J’ai le sentiment de perdre quelqu’un que je n’ai jamais eu, quelqu’un que je ne connais que d’une manière bien précise, et un inconnu. N’est-ce pas ?


Assise dans la petite salle miteuse louée par notre promotion, les familles et les diplômés convulsent sous l'étonnante chaleur de cette fin d'octobre. Moi, la première. Me voilà ici seule, mes parents sont en Tanzanie, pris dans un trip plein d’aventure comme ils l’ont toujours fait. Me voilà ici, seule.


Dans cette salle, personne de mon sang, je n’ai que mes camarades de fac pour m’acclamer. Quelque part ça m’arrange, je suis trop éprouvée, chamboulée intérieurement pour m’occuper d’autres personnes, pour répondre à je ne sais quoi qui témoignerait de mon trouble.


Je m’occupe de regarder les élèves défiler. Lorsque le tour de V arrive, ma respiration donne l’air de se couper. Réaction automatique de mon corps, j'aurais pu m'y préparer.


Sa démarche est assurée, calme, sereine. Avec toute l’éducation qu’il a, il remercie, profère un court discours, sonde la salle à la recherche de quelques chose, peut-être s’agit-il de mes yeux ? Je me redresse sur ma chaise, n’importe quoi.


Une fois descendu des marches, mon nom résonne dans la pièce, je quitte ma place. Même dans l’alphabet nous sommes proches, c’est vraiment du délire. Dans le couloir artificiel installé au milieu de la pièce pour organiser les hordes de chaises, nos corps s’effleurent. Son parfum me vient, végétal, marin, quelque chose que j’ai déjà senti à maintes reprises. J’en fais le plein, m'en gargarise en avançant sans perdre de ma concentration.


Qu’est-ce que je ressens ? Revient-il encore ce lâche sentiment qui m’empêche toujours maintenant de me comprendre ? Je dois respirer doucement, je dois maintenir ma face.


— Merci à ma famille qui n’a pas pu être présente aujourd’hui mais qui a toujours accompagnée mes études. À mes amis de promotion, au doyen qui a pu rendre tout ceci possible. Je suis fière et émue, maintenant mon histoire s’écrit.


Je suis contente de mon jeu de mots, quelques rires résonnent ci et là pour témoigner de mon doux et fin humour. À mon tour, je descends des marches dans une émotion qui m’étreint. Un peu comme si j’attendais quelque chose. Rien ne se passe pourtant. Je regagne ma chaise toute dure, plus perplexe que tout à l'heure.


La cérémonie se poursuit, le doyen fait son job, apprécie les ovations. Moi, je ne sais pas trop où je suis, j’observe V de loin. Il reste impassible, sourit de temps en temps, chuchote à l’oreille de sa mère, une mère que j’ai déjà vue des dizaines de fois à la sortie des cours, au collège. Et une mère qui ne me connaît pas.


Après quelques formalités et échanges de rigueur avec quelques potes de la promotion, je rejoins le bar où l’on sert à boire et à manger. Ma marche démontre une sorte d’empressement et en même temps une fuite. Au fond de moi, je dois avoir peur, mais je n’arrive pas à définir ce dont il s’agit réellement.


Je récupère une coupe fraîche, que je descends cul sec. Je m’étonne moi-même. Les bulles picotent le fond de ma gorge. Mon action me vaut une grimace.


— Dommage que tes parents n’aient pas pu être là, lance V derrière mon dos.


Je me retourne. Cette voix, je la connais autant que celle d’un véritable proche. Et quelque part, nous sommes proches, d’une proximité géographique toujours. Il faut désormais se faire à l'idée qu'elle disparaît aujourd’hui.


— Leur amour du voyage dépasse ce genre de chose, c’est comme ça.


Je n’en veux pas à mes parents. Ce sont des amoureux de l’adrénaline, de l’inattendu, de l’inconnu. Sur ça on est différent. C’est moi qui les ai encouragés à partir s'amuser, je connais donc la hauteur de ma responsabilité.


V sourit poliment, il compatit à sa manière.


— C’est étrange de se séparer tous. On va vraiment faire nos vies maintenant.


Je détecte dans sa voix une sorte de tremblement, comme un doute, quelque chose qu’il ne formule pas explicitement. Je n’ajoute rien tout de suite. D’abord parce que, que dire ? Ensuite parce qu’il boit lui aussi une coupe et qu’il reprend, en s’essuyant la bouche du revers de la main.


— J’aimerais te dire… Ton uniforme te va super bien.


Je suis interloquée. Est-ce ça, tout ce que j’attendais, un compliment ? Un semblant d’intérêt, une manifestation directe de V envers un uniforme bas de gamme ? Tu sais V, j'ai porté des robes de haute qualité à des soirées où nos regards ne se frôlaient même pas. Où même s'ils l'avaient fait, ils n'auraient rien eu à se dire, ils n'auraient peut-être même pas eu la langue en terre commune.


L’alcool doit me monter à la tête. Je prends quelques secondes à regagner mes esprits et à lui répondre. Mais qu’est-ce que je ressens ?


— Merci.


Je ne parviens pas à articuler autre chose.


Il poursuit, les yeux plus enjôleurs que tout à l’heure.


— Depuis le temps qu’on se connaît, qu’on se suit, c’est fou qu’on ait rien fait ensemble.


Je déglutis.


Ensemble ?


— Pardon, je suis maladroit. Je veux dire, Louisa… Tu me plais bien, depuis longtemps.


À l’intérieur de moi, une grenade éclate.


Entre le chaos dans ma poitrine et les éclats qui remontent jusqu’à mon cerveau, je perds l’équilibre. Littéralement. V s’empresse de me retenir de tomber. Le choc m’affaiblit. Son contact me tend, me tord, me tétanise.


Dîtes-moi ce que je ressens bon sang !


Ai-je attendu ça depuis mon premier regard posé sur V ? Après plus de dix ans à nous frôler, à alimenter mon imagination maladivement, est-ce ça que j’attendais ? Entendre que je lui plais depuis longtemps. Ça veut dire quoi longtemps ? Je bidouille une réponse machinale. Et je me répète.


— Merci.


Je ne suis pas capable de bien plus. Je vis une traversée et j’ignore où je vais atterrir. Il y a un passage que je franchis, c’est comme se situer à la lisière de deux destinations sans qui’l n’y ait de temps de trajet. Tout se produit dans une certaine brutalité qui m'immobilise. Une fulgurance.


— Et toi, tu ressens quoi ?


Je me suis posée cette question en boucle, un tas de fois dans ma vie. Mais jamais autant que dernièrement. Qu’est-ce que je ressens ? Est-ce V, le pour toujours que j’attends ? V le mari qui m’amènera l’enfant ? V le partisan de mes plus beaux moments ? V la figure adulée parce que je voulais approcher l’être aimé, et qu’en V j’ai alimenté de quoi le façonner ?


J’attrape une autre coupe pour me donner de quoi garder la face. Une forme de dégoût grandit en moi. Comme si ma dernière pensée avait un arrière-goût et quelque chose de désagréable. J’aimerais être seule.


— On est camarade depuis le collège mais on ne se connaît pas vraiment.


C’est la vérité. Je connais son visage, sa hauteur, toutes ses expressions et son apparence. Mais ce qui s’anime derrière la chair, demeure inconnu. Toutes ces années et V reste l’inconnu, l’individu érigé en tant qu’idole, et j’ai usé d’une certaine forme d'adulation envers lui.


Je n'ai jamais adressé de lettre à V. Jamais.


Après la cérémonie il me faudra quelques semaines pour tomber sur une conclusion lourde mais nécessaire : V ne sera jamais mon amour. J’ai réfléchi, j’ai pensé que si nos chemins s’étaient séparés après le collège ou le lycée, il ne m’aurait probablement pas manqué. Ce que j’ai aimé à travers V, c'est la préparation, me former pour reconnaître la personne que j’aimerai vraiment. Et elle n’est pas V.


Le constat me glace, cristallise des années de fausses croyances, de la hauteur d'espérances déchues aux fondements de ce qui m'est réellement dû. Je ne m'apitoie pas, j'ingurgite, vomis et m'alimente à nouveau. Dans le seau de mon passé, je découvre un trou, une lumière et j'y plonge, pour tirer de quoi atteindre mes propres lendemains. Il m'a semblé que mes rêves étaient des fantasmes et que ces fantasmes injuriaient une lune qui n'attendait que la sincérité des élans dissimulés sous ma poitrine. Ma foi à moi.


Je ne peux pas souffrir d'un brouillard, de cette opacité rance qui coagulait sous mes tempes parce que je laissais faire, parce que c'était là, parce que je ne me suis pas battue pour savoir ce que je ressentais. J'avais peur que tout m'échappe, que cette vitalité me quitte à jamais, que V emporte avec lui toute mon énergie. Maintenant que nous nous quittons, je réalise que rien de moi ne lui appartenait, que je ne lui devais rien, et que je laisse dans mon sillage ce culte adolescent et ses cendres.


Devant le miroir, je scotche la lettre de la petite Louisa, et je lui réponds avec une émotion différente qui m’entraîne vers une saison où le doute et l’adoration dansent tout en discernement :


« Petite moi, je te dois une réponse. Il m’a fallu plus de dix ans pour comprendre, appréhender et commencer à intégrer ce qui fait que l’on aime, ce qui fait que c’est réel. Pour V, voilà, je te fournis la réponse que tu attendais tant : non, tu ne l’aimes pas, non tu n’auras rien de lui. V a été autour de ton chemin, mais jamais dans ton chemin, et ça ne fait rien. Parce que tu ne le ressens pas dans tout ton être, tu ne le respires pas comme la vitalité que tu recherches. Il ne comble rien et n’harmonise pas ce que tu es de plus beau. Vos tempos ne s’accordent pas, vos musiques sont dissonantes et tu ne t’es jamais trompée parce que le doute persistait toujours sur ta route, et ce doute signifiant quelque chose. Ce doute —ton instinct— n'est pas le fruit de ton mental, il représentait quelque chose d'autre, d'enfoui et de vrai. Aujourd’hui je te l’ôte. Aujourd’hui je t’offre le printemps que tu recherches tant, ta floraison. Ce sentiment qui te colle, il vit déjà en toi, n’a fait que renaître à chaque fois que tu l’étouffais. Car il est toi, il s’aimantera, s’imbriquera quand chez l’autre, le bon autre, au meilleur moment tu le sentiras. Demain, t’attends, Louisa. Je l’arpenterai avec toi ».


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