

La bataille pour la paix - Lettre à T.
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La bataille pour la paix - Lettre à T.
Cher T.,
Il est tentant de croire qu’une blessure ne peut totalement cicatriser. Trop profonde, trop douloureuse, le corps semble incapable de l’oublier.
Cette blessure semble faire partie de son histoire personnelle, sorte de rappel ou même d’antidote aux affronts à venir.
Elle nous donne une impression de contrôle : douleur connue, zone déjà visitée.
C’est peut-être même confortable, ça donne la possibilité d’être plaint.e, choyé.e, d’avoir une bonne excuse quand la vie nous déborde. Ça évite même de réveiller le passé.
Selon moi, c’est le pire des pièges ! La blessure continue d’être douloureuse, alors quitte à être maso, autant consentir à des tortures plus excitantes. La blessure non cicatrisée se réactive à chaque signal faible, nous fait perdre tous nos moyens, notre ouverture, notre confiance. Elle nous crie de fuir, de nous battre ou d’être dans le déni… bref, elle nous encourage aux mécanismes de défense, nous asservit en kidnappant toute autre faculté.
Guérir ses blessures, être en paix, c’est un long chemin. Jamais fini, toujours exigeant. Un chemin qui demande un solide bagage : la confiance, le rayonnement, la remise en question, les apprentissages, l’ouverture à l’expérience. Le bagage peut coûter très cher : heures d’écritures, thérapies, larmes, somatisation…et ne se constitue jamais seul.e au monde. Ça reste un choix autant qu’un privilège, une discipline, une philosophie, un art. C’est à mon sens le sens de la vie.
La bataille pour la paix, coûte que coûte. Passe-droit pour la liberté tranquille, le contentement, la joie sacrée, l’amour véritable.
Laisser vivre les fantômes du passé, accepter l’inachevé. S’offrir un carnet de pages blanches, est Phénix qui veut bien affronter son ego.
Je ne souscris pas et ne souscrirai jamais à ta posture de vouloir faire la paix avec toi-même « juste un peu ». Tu ne récolteras que ce que tu sèmes à ce niveau-là. Si tu veux faire un peu la paix, tu ne l’auras que très peu. Et par ricochets, cette noirceur que tu portes continueras de te toucher et de se diffuser autour de toi. Je n’accepte pas d’être témoin de cet autosabotage victimaire. Je ne resterai pas là à le cautionner.
Je comprends- sûrement trop tard- que je ne pourrai rien changer, ni avec mes mots, ni avec mes larmes. Comme disait un tag « Le problème c’est que la solution c’est toi ».
Je ne peux pas aimer quelqu’un qui aime si peu la vie, qui se consacre si peu à apprendre à aimer.
Je ne reste pas avec quelqu’un qui se contente d’un « l’avenir me fait peur ».
Hors de question de me faire une fois encore aspirer avec toi dans la spirale du « j’ai tout gâché ».
La vie ne s’arrête pas de filer : certains meurent, d’autres naissent. Le mouvement c’est la vie. Si tu restes immobile et apeuré, la vie s’en moque. Tu peux être en colère, tu peux être déçu, frustré, la vie continue son chemin. Que tu luttes contre elle ou que tu sois avec elle.
Je te livre ces quelques mots, à bout de souffle, en guise d’encouragement à ta propre renaissance. Tu mérites de te battre pour la paix. Tu mérites de te battre pour avoir confiance en la vie. Cette conquête ne demande pas que de l’envie, elle avancera à la puissance du feu de ta détermination. L’envie n’est rien face à ces montagnes.
J’ai travaillé dur pour arriver à te livrer cette profession de foi pour la paix. Tu la trouveras ce matin, en te réveillant. Je serai partie travailler, tentant de poursuivre mon chemin. Je m’arrête là, mon rôle n’est pas de t’expliquer davantage mon point de vue ou de te convaincre de t’accrocher à la vie. Je n’ai rien à débattre, rien à négocier.
J’ai 35 ans, toi 33. Je ne fêterai pas mes 36 ans sans un changement clair de direction.
Je te laisse avec ces mots, je me donne le temps d’habiter le présent et de rêver l’avenir. A feu doux.
Avant que le grand volcan triste en moi saccage ce qu'il me reste d'amour,
Je te souhaite une bonne journée.
Laurène

