

Ce que l’on trouve derrière le rideau du théâtre de la vie.
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Ce que l’on trouve derrière le rideau du théâtre de la vie.
Rien.
Rien que des souvenirs.
17 Décembre 1993. Tu connaissais toutes les mers, et c’est sur la plage que tu nous as quitté, sans un au-revoir. Je me souviens de cette nuit, où dans mon lit, je tremblais car je savais que tu t’en allais pour une dernière mission, et tu ne m’avais toujours pas parlé. Le navire amiral allait venir te chercher, impuissant, je le sentais… La rue bouillonnait de cris, le chien te cherchait, et toi, tu sortais du bistrot pour aller boire la tasse, la dernière.
– Papa !
Je crie. Je pleure.
J’annonce à mes frères et sœurs la terrible nouvelle : ta mort ! Tu es parti, nous laissant seuls, et parfois je pense que de là-haut, tu me surveilles, ai-je tort ? Que fais-tu maintenant que tu es six pieds sous terre ? Tu sais, je divague. J’ai mal. Je suis sans cesse au bord de la crise de nerfs.
Tu m’entends ? Quand le port s’est refermé, je suis resté prisonnier d’une douleur atroce : celle de mes souvenirs… trop flous. Tu remorques ma vie, et je suis tes pas sans vraiment le vouloir. Difficile de parler de l’absence, ça manque de sens. Difficile de parler de toi, et pourtant, j’imagine que tu me vois. Difficile d’accepter de ne plus te croiser, t’entendre chanter, te voir pêcher, tu es loin maintenant. J’avance à petits pas, et je me demande parfois si tu serais fier de moi. Fier, pourquoi ? Généreux est le mot qui t’allait de source, car tu n’avais pas le fond mauvais, au contraire, tu donnais ! Je tente de rester moi-même, mais même cet exercice n’est pas facile. Sur quels murs danse ton âme ? Tu es le murmure de mes insomnies, tu es la marque de fabrique de ma vie. Tu es là !
Je sais que tu es sorti voir les flots, et qu’ils t’ont englouti. Dieu et le diable se sont associés pour te ramener au pré. Regarde ! Regarde ma solitude… et comprends-moi ! Inutile de fuir, je suis ton ombre, j’avance sur la mappemonde, et je me perds, mon père. Tu me surveilles, tu veilles au grain, et pourtant je suis dans la tourmente, la faute à pas de chance, sans doute. Je vais te parler de ma vie, te raconter mes soucis, et tu vas sourire, et même rire. Oui, je l’entends déjà ce rire, et je voudrais le partager, il est essentiel à ma vie. Je voudrais voyager, mais je suis bloqué par mes peurs, mes frayeurs… tu sais la tête brûlée que j’ai été… mais mes ailes se sont froissées. Je raconte.
Chapitre 1
Je partais vers des lendemains chantants, une histoire d’amour, un coup de foudre, et puis plus rien. Si, quelques nouvelles, et je savais que j’allais apercevoir sa silhouette, je rêvais de son sourire, j’avais encore l’odeur de sa peau incrustée au sein de mes sens, pas de chance. Vol au-dessus des nuages, je suis en compression, dépression, le mal est tapi en mon antre, mais je ne le vois pas. Je voyage, de Brest/Saint-Martin aux îles de Saint-Martin/Antilles, derrière moi je laisse mon vague à l’âme, et je pense à elle tellement qu’elle me tourne la tête, je suis coincé entre la joie de la revoir, et le désir de la laisser vivre sa vie telle qu’elle l’entend. Sur la mer, les oiseaux disparaissent, nous sommes au milieu de nulle part, enfin si, au centre de l’Atlantique. Cinq gamins qui jouent sur l’Aigue-Marine, un joli bateau de cinquante pieds flambant neuf, nous alignons les quarts, et la vie à bord se passe bien. Bien que je sois un fennec, le corps a sa sueur ! nous mangeons, nous rions. Parfois un troupeau d’orques se laisse approcher, d’une centaine de mètres, ça fait déjà froid dans le dos, ils sont si gros, une famille près des côtes des Canaries, charmant bout de terre, montagne et bord de mer ; plus tard c’est la queue d’une baleine, des dauphins et un groupe de rorquals qui viennent nous saluer, un convoyage, un beau voyage, et au bout, elle. Je la pense, je l’envisage, et quand j’ai sa voix au téléphone, je sais qu’elle est en colère, alors j’ai peur, peur de mélanger les genres, le rêve et la réalité.
Nous finissons par nous attacher au port dans l’anse Marcelle et celle qui a tous mes suffrages est là ! Pas d’orage… non, juste la peur d’être gauche, maladroit. Notre rencontre se résumera à un désastre. Je ne m’attendais pas à un piège, je ne m’attendais pas à autant de froideur, je ne savais pas que j’allais être si transparent. Je frissonne en pensant à ce plongeon vers lequel je vais tenter de vous entraîner, personne n’est prêt à tant de douleur, je voudrais être honnête. Elle, elle se reconnaîtra si elle lit ces quelques lignes, et moi, c’est moi, Jean-François Joubert, un patronyme que je porte depuis ma naissance.
Le rendez-vous. Une copine d’alors m’accompagne, elle m’aide à vaincre cette boule dans l’estomac. Nous nous embrassons sur la joue, nous nous installons à une table, commandons des bières, et elle parle. Je la regarde, la frayeur au ventre. Je ne rate pas un mot. Elle est partie avec un autre que moi, un homme, je ne le verrai pas. Je sens qu’elle le quitte et j’ai peur de lui dire ce que je ressens, alors je suis muet, ou presque… et la bonne copine ne fait rien pour arranger les choses ! Elle reste à notre table sans me laisser la possibilité de m’exprimer, elle écoute, parle, s’intéresse et me laisse la maudire. J’aimerais un peu plus d’intimité, je m’autoriserais bien à voir ce que je cherche, un sourire, des rires, la complicité que nous avions, et rien ne vient. Je jette un œil sur son ventre, son tee-shirt est court, je vois qu’elle n’a pas les tablettes de chocolat, chose qui me prouve qu’elle ne grimpe pas au mât (souvenir d’une discussion d’avant le naufrage). Je l’écoute et ça n’a pas été de tout repos : son désir d’évasion, de liberté comme elle dit… et moi, je l’observe… je voudrais lui dire, moi, je voudrais lui dire que j’ai envie de la serrer dans mes bras, je voudrais… mais je suis paralysé.
Je crois qu’il n’existe pas de moments plus délicats dans une vie que ceux qui vous donnent une seconde chance de réaliser les rêves qui vous poursuivent la nuit pour la rater de façon magistrale. Elle est là, son regard est loin des étincelles de mes maux, froid, glacial ; à l’évidence elle a tiré un trait sur notre passé, et vous, et moi, je suis trop con pour le faire. J’ai le souvenir vivace et je vais plonger dans le grand noir, l’assiette de pas de veine, connaître la folie, alors que je n’y suis pas préparé, mais qui est préparé à cela ? Une heure. Nous avons pris un verre, discuté soixante minutes, et je n’
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