Il y a des termes sur lesquels on s’accorde facilement, et d’autres pour lesquels la définition semble plus difficile.

Paradoxalement, le beau est à la fois simple, car nous savons tous plus ou moins reconnaître ce qui est beau, mais pour expliquer pourquoi nous trouvons cette même chose belle, cela semble plus difficile.

Pour les plus aguerris, il sera possible de développer les traits, les couleurs, les formes d’une œuvre, mais comment décrire cette séduction qui s’opère en nous ?

Nous soutiendrons que le beau est cette force qui vient heurter notre sensibilité, et qui peut même la dépasser.

Le beau peut s’exprimer à différentes échelles :

-Humaine, l’homme pour ce qu’il est et pour ce qu’il crée.

-Naturelle, la création dans son ensemble, indépendamment de l’homme.

-Divine, car c’est la source de toute chose, et donc la fin même du beau.

Ainsi, nous pourrions dire que le beau qui vient heurter nos sens, est celui qui s’explique par la raison. Et que le beau qui vient dépasser nos sens, est celui qui révèle une part du mystère de Dieu. Il peut venir combler nos sens et nos affects, mais il y a quelque chose en plus qui s’en dégage, l’expression de la présence réelle de Dieu.

J’illustrerais cela par un exemple vécu.

J’ai été hébergé pendant une semaine dans la famille de mon ex-amie. Rapidement, j’ai été intégré à l’intimité de cette famille, bien que considéré comme un invité. Lors d’un repas, j’ai été entraîné dans la joie et dans l’amour de cette atmosphère familiale. En fin de repas, le jeune garçon attrape les bras de sa mère et commence alors un jeu d’agrippement. Tous deux se mirent à rire avec une grande joie apparente. J’ai été marqué par cette scène qui m’a sauté aux yeux comme l’expression même du beau. Le rire et la joie étaient marqués par cet amour de la mère pour son fils et du fils pour sa mère.

Le beau était ici indéniablement associé au lien maternel, mais il témoignait surtout de la gratuité de l’amour, et en cela, il y avait là un témoignage de l’amour de Dieu.

Y a-t-il un "beau" universel, perceptible par tous et qui puisse toucher l’esprit comme le cœur ?

Nous savons que le beau immanent, nécessite une capacité à juger, donc le fait d'avoir du goût, et que le goût dépend de notre culture. Le beau transcendant, lui, nécessite la pureté du cœur, ou du moins l’accueil de l’amour de Dieu.

En ce sens, il n’y aurait pas de "beau" universel, car nous sommes libres de rechercher le beau ou non.

Certes, il peut arriver que le beau s'offre à nous, mais encore faut-il être disposé à le contempler.

La quête du beau débute en nous, dans le regard que nous nous portons.

C’est en développant notre Être, que s’affine notre sensibilité, et c'est par le développement de la foi, que notre cœur se purifie.

Le beau est un chemin vers l’Éternel.

L'Amour et Psyché, sculpture d'Antonio Canova, 1787-1793, musée du Louvre