Il fait froid.

Putain, qu'est-ce que j'ai froid.

Et j'ai mal à mon pied, ça me fait mal.

C'est parce que j'ai trop froid.

Et cette couverture, pourrie, elle est gelée.

On l'a trouvée ? Ou on nous l'a donnée ?

Je ne sais pas.

J'essaie de te réchauffer,

je suis collé le long de toi.

Tu ne bouges pas.

J'espère que tu dors.

Il faut qu'on dorme, je sais que tu as si peur.

Je ne sais pas ce qui t'est arrivé, mais tu as si peur.

Je voudrais t'embrasser,

je voudrais te caresser,

même ça on n’y a plus droit.

On s'est tout enlevé,

même le droit de s'aimer,

juste le droit d'avoir froid.

Juste le droit de crever.

Même ça je n'y arrive pas.

J'ai faim.

Tout à l'heure tu auras faim.

Il faudrait que je trouve à manger.

Il faudrait que je te trouve quelque chose pour te réchauffer.

Quand il fera jour.

J'irai chercher.

J'espère que tu ne partiras pas.

Reste quelques jours avec moi,

on a plus chaud à deux.

Tu ne bouges pas ?

Est-ce que tu dors ?

Nous aurons eu trop froid,

trop froid pour oublier.

Il faut que je bouge

cette putain de couverture.

Tu ne bouges pas, tu ne bouges plus.

Je sais bien ce que tu as.

Depuis le début de la nuit,

depuis le début de cette nuit.

Je n'ai même pas su comment t'appeler.

J'aurais pourtant voulu, te chauffer.

Mais il fait putain bien trop froid.

Je ne peux pas pleurer.

Toi non plus tu ne savais pas pleurer.

Alors je te laisse là.

Quelqu'un te trouvera.

Avec la couverture.

Je dois trouver à manger, j'ai faim.

Toi au moins,

tu n'auras plus froid.