La sanction est immédiate. C’est la pensée qui le parcourut avec le frisson d’entrer dans l’eau froide et salée. Il accueillait cette idée comme résolution : la résignation serait remplacée par une discipline éclairée.

L’eau dort. Maîtriser le courant c’est être omniprésent. Mais ignorer son propre centre c’est être pris par le courant. Il venait de comprendre ce que le maître de guerre esteran enseignait par le geste à ceux des guerriers du clan qui étudiaient l’art du tranchant des armes.

La crique se trouvait en bord de mer. La vieille Dolto l’avait suivi. Chamane du village qui avait précédé la fondation de Port-Kro, elle avait vu une tribu de barbares nomades du désert et des steppes se sédentariser. Au contact des pèlerins déens le village s’était mué en petite cité portuaire prospère.

L’art d’entrer en contact avec les esprits, de chanter la sacralité de la vie, disparaissait peu à peu. La communauté quittait le giron parfait de la nature prodigue. Prodigue en bienfaits pour les enfants qui savaient encore écouter ses pleurs, ses rumeurs, ses envies, ses voracités.

Dolto rêvait désormais à une aube dorée où la communauté revenait au désert et à la vie nomade, éloignée de toute urbanité.

Elle était l’héritière de tout cela. Son nom elle le tenait de la première chamane qui amena la communauté barbare à donner un plus grand pouvoir aux femmes : dans le langage de la tribu, celle-ci fut nommée Do’L’To, Do, la femme, L, qui parle, To, à l’enfant. Cette femme avait eu deux disciples, la chamane qui observait présentement Konrad et Montessori, Mon, Celle qui assoit, Tess’Ori, les enfants.

Montessori et la chamane initiatrice qui parlait aux enfants avaient succombé à l’épidémie de Mal piquant. Une maladie contagieuse qui avait touché la communauté peu après l’installation à Port-Kro.

Dolto ayant veillé à leur chevet jusqu'à la fin, sans trouver de remède, s’est senti depuis investie d’une mission rédemptrice, et porte depuis pour ce faire, le nom de celle qui lui enseigna les arts occultes. Non seulement auprès de la communauté, mais aussi en mémoire de ses deux consoeurs. Konrad n’avait pas remarqué la présence de Dolto, cachée en surplomb derrière un rocher, et qui l’observait.

Les clapotis de l’eau qui couraient et s’infiltraient sur les rochers, le ressac vague et chamarré, l’ivresse du sel des embruns qui séchait la peau, c’était tout son soûl.

Il avait tout d’un crabe à se déplacer latéralement entre les roches brunes, l’écume de la mer à hauteur des genoux. Il cherchait l’ombre et la fraîcheur dans les eaux stagnantes. Là où d’autres auraient cherché le soleil pour s’étaler sur un tapis de roche volcanique, il aimait se tapir dans les recoins humides. Là où les sons s’assourdissent de la proximité des hauts fonds qui viennent s’échouer sur le caillou.

Il se mouillait jusqu’au haut de son torse musculeux et il attendait que cette sensation d’unité lui revienne. Cette pensée vaine et opportune d