

Green Tales : Favoriser la créativité dans un contexte multiculturel à Ceuta – Partie I
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Green Tales : Favoriser la créativité dans un contexte multiculturel à Ceuta – Partie I
Comment un projet européen inspire la sensibilisation à l'environnement et la collaboration à l'école de Ceuta
Interview réalisée par Panodyssey pour Green Tales avec Antonio Merino Collantes
Les élèves de Ceuta réunis autour du projet Green Tales : créativité, partage et apprentissage collectif.
Pouvez-vous décrire l’environnement social et culturel unique de votre école ?
La zone manque d’opportunités culturelles. On y trouve quelques associations de quartier et sportives, mais peu d’initiatives dédiées à la culture. Les installations du Centre servent donc de point d’appui pour compenser ce manque. Une partie importante des habitants n’a pas bénéficié d’éducation formelle et maîtrise peu l’espagnol, ce qui crée des besoins éducatifs spécifiques.
La population est jeune et en croissance, ce qui explique une pyramide des âges marquée par une forte proportion d’enfants et d’adolescents.
La participation des parents à la vie scolaire s’est nettement améliorée ces dernières années. Ils suivent davantage la progression de leurs enfants et se déplacent plus nombreux aux réunions et aux entretiens individuels.
La diversité culturelle et linguistique du quartier se traduit par un bilinguisme : les élèves parlent majoritairement la langue de leur pays d’origine à la maison, ce qui influence leur apprentissage de l’espagnol et demande des approches pédagogiques adaptées.
Les dimensions culturelles et religieuses font partie du quotidien des élèves et sont prises en compte dans les activités éducatives, afin de favoriser l’inclusion et le respect de tous.
Quels sont les défis éducatifs actuels auxquels sont confrontées les écoles de Ceuta ?
Les écoles de Ceuta sont actuellement confrontées à une crise éducative multiforme, enracinée dans l’inégalité sociale, les dysfonctionnements administratifs et le manque de ressources. Parmi les principaux défis :
- Niveaux élevés de violence scolaire et de perturbations :
Une enquête récente du syndicat CSIF a révélé des statistiques préoccupantes : 84,56 % des enseignants du secondaire à Ceuta et Melilla ont déclaré avoir subi des comportements irrespectueux ou des agressions verbales et physiques, et 88,97 % ont observé des actes de violence entre élèves. Par ailleurs, 35,6 % des enseignants ont mentionné des tensions avec certaines familles.
Ces difficultés sont aggravées par la surpopulation des classes, dont beaucoup dépassent les 30 élèves, excédant les limites légales et compliquant la gestion quotidienne. (Source : Ceuta 24 Horas)
- Inégalités socio-économiques et ségrégation scolaire :
Le système éducatif de Ceuta reflète de profondes divisions sociales. Les écoles publiques accueillent majoritairement des communautés défavorisées, souvent musulmanes, tandis que les établissements privés sont fréquentés par des familles plus aisées. Cette ségrégation accentue les inégalités de réussite scolaire. Environ 40 % des familles vivent dans la pauvreté, et seulement 21,5 % des enfants âgés de 0 à 2 ans sont inscrits à l’éducation préscolaire, contre une moyenne nationale de 41,8 %. (Source : ElDiario.es)
- Défis administratifs et absence d’autonomie locale :
Le système éducatif de Ceuta est géré de manière centralisée par le ministère espagnol de l’Éducation, ce qui entraîne des lenteurs bureaucratiques et l’absence de politiques adaptées aux réalités locales. Par exemple, l’arrêt de la délivrance des certifications de formation professionnelle par le SEPE a causé un engorgement, empêchant de nombreux jeunes d’obtenir les qualifications nécessaires à l’emploi, notamment dans les services de sécurité, très demandés. (Source : elperiodicodeceuta.es)
- Taux d’abandon scolaire élevé et retards éducatifs :
Ceuta enregistre le taux d’abandon scolaire le plus élevé d’Espagne, à 24,7 %, contre une moyenne nationale de 17,3 %. Par ailleurs, 42,8 % des jeunes de 15 ans ne sont pas scolarisés dans une classe correspondant à leur âge, ce qui révèle des retards éducatifs généralisés.
Ces difficultés s’expliquent en grande partie par les inégalités socio-économiques, la surcharge des classes et le manque de ressources adaptées pour accompagner les élèves dans leurs parcours. (Source : elpueblodeceuta.es)
- Manque de soutien à l’éducation spécialisée et à l’accès numérique :
Les ressources destinées aux élèves ayant des besoins éducatifs spécifiques restent limitées, ce qui ne permet pas toujours un accompagnement adapté et individualisé. Par ailleurs, 27 % des élèves n’ont pas accès à Internet ou à des équipements numériques à domicile, contre 11 % au niveau national. Cette fracture numérique accentue les inégalités dans les apprentissages. (Source : El País)
- Évolutions démographiques et répartition des ressources :
Entre 2018 et 2024, le nombre d’enfants inscrits en éducation préscolaire à Ceuta a diminué de plus de 500. Cette tendance démographique soulève des questions sur la planification future, la qualité des infrastructures scolaires, la disponibilité des matériels pédagogiques et l’expansion de l’offre en éducation préscolaire. (Source : Ceuta Actualidad)
Ces constats mettent en évidence l’urgence d’une réforme globale, avec des investissements accrus et une plus grande autonomie locale, afin de répondre aux besoins éducatifs spécifiques d’une population diverse et en évolution.
Comment les outils numériques et les approches artistiques sont-ils intégrés dans l’enseignement de votre école ?
L’école CEIP Santiago Ramón y Cajal de Ceuta bénéficie d’une reconnaissance nationale pour son intégration innovante des outils numériques et des approches artistiques dans ses méthodes pédagogiques. Ce modèle éducatif met l’accent sur la créativité, l’inclusion et le développement de compétences clés grâce à des projets immersifs et interdisciplinaires.
Depuis 2001, l’établissement participe activement au programme MUS-E, une initiative de la Fondation Yehudi Menuhin qui promeut l’usage des disciplines artistiques dans l’éducation. En 2019, l’école a renforcé cette approche en créant le « MUS-EO », un musée et espace d’exposition interne. Ce projet implique directement les élèves dans la conception et la présentation d’expositions, cultivant des valeurs telles que la tolérance, la coopération et le vivre-ensemble. L’engagement de l’école a d’ailleurs été récompensé en 2024 par la Médaille d’Honneur de la Fondation Yehudi Menuhin.
L’établissement a aussi adopté les technologies numériques pour enrichir les expériences d’apprentissage. Par exemple, les élèves ont participé à un projet immersif de « voyage dans le temps » à l’époque des pirates des Caraïbes. Ce projet mêlait éléments audiovisuels, théâtre, arts visuels et robotique, créant un environnement stimulant qui favorise le travail d’équipe, le respect mutuel et la participation active.
Pour l’avenir, l’école prévoit la création d’une « Aula del Futuro » (Salle de classe du futur), un espace équipé de technologies avancées pour renforcer encore ses méthodes pédagogiques innovantes. En attendant, une version provisoire a déjà été mise en place avec les moyens disponibles, preuve de l’engagement constant de l’établissement pour l’amélioration et l’adaptation continue.
En résumé, le CEIP Santiago Ramón y Cajal illustre un modèle visionnaire qui conjugue arts et numérique pour offrir aux élèves un environnement d’apprentissage dynamique, inclusif et inspirant.
Enseignants et éducateurs réunis pour explorer de nouvelles approches pédagogiques.
De quelles manières Green Tales contribue-t-il à encourager la créativité chez les élèves et les enseignants ?
Green Tales s’inscrit directement dans le Plan de Coexistence, en renforçant ses dimensions émotionnelles, relationnelles, et en favorisant la résolution pacifique des conflits ainsi que l’acceptation de la diversité. En développant le travail en équipe, le projet a permis de :
- Promouvoir une éducation fondée sur les valeurs, renforcer la cohésion sociale et créer un climat scolaire plus serein et inclusif.
- Stimuler la motivation à apprendre et réduire l’absentéisme ou le risque de décrochage scolaire.
- Favoriser les échanges interculturels et interpersonnels, en cultivant le respect des différences personnelles, culturelles, linguistiques, religieuses et sociales.
- Développer la coéducation par les arts visuels comme espace de rencontre au-delà des stéréotypes, tout en intégrant une perspective de genre.
- Encourager la participation active des élèves, l’initiative personnelle et la conscience collective. Valoriser l’autonomie, l’intelligence émotionnelle, la communication respectueuse et égalitaire, ainsi que la capacité d’autorégulation.
Comment voyez-vous l’impact de Green Tales sur l’avenir de l’éducation dans votre région et au-delà ?
Green Tales a eu un impact concret et durable sur plusieurs dimensions éducatives :
- Compétence numérique : les élèves ont appris à sélectionner l’information de manière critique, à mieux comprendre les médias audiovisuels et à développer une pensée autonome face aux contenus numériques.
- Compétence entrepreneuriale : les enfants ont expérimenté différents rôles (leader, coordinateur, modérateur, participant), appris à planifier un projet, à analyser des résultats et à identifier les forces et faiblesses de leurs propositions. Cette approche a renforcé leur sens de l’initiative et leur confiance en eux.
- Implication des familles : les parents se sont impliqués davantage dans les activités quotidiennes de l’école, créant une dynamique collaborative entre élèves, enseignants et familles. Cela a renforcé les liens école-communauté et favorisé une éducation plus partagée.
Un moment d’apprentissage des élèves de Ceuta autour du projet Green Tales
Quel est selon vous le bénéfice européen le plus significatif apporté par le projet Green Tales ?
Le projet a permis une amélioration significative des compétences numériques de nos élèves, malgré la rareté des moyens technologiques dans leur environnement familial. Au-delà de l’acquisition de savoir-faire, Green Tales a donné aux enfants la possibilité de développer une pensée critique et créative face aux outils numériques.
C’est là, selon nous, la véritable valeur ajoutée européenne : réduire les inégalités d’accès, tout en ouvrant à chaque élève la possibilité de participer pleinement à la société numérique et culturelle d’aujourd’hui et de demain.
Yann Bonnin accompagne les élèves dans un exercice de stop motion collaboratif.
Lisez la suite ici : Green Tales : Favoriser la créativité dans un contexte multiculturel à Ceuta – Partie II
Pour aller plus loin, découvrez aussi l’interview de Yann Bonnin, artiste engagé dans Green Tales, qui revient sur son parcours et sa vision de la création dans cet article : Raconter la Terre une image à la fois : l’enfance au cœur de la création avec Yann Bonnin - Partie I, Partie II, Partie III
Pour découvrir d'autres articles autour de ce projet, rendez-vous dans la Creative Room Green Tales
Curieux d’en savoir plus sur ce projet européen ? Découvrez la page officielle de Green Tales
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Thierry Curty vor 3 Monaten
Ouh mais c'est très très bon ça...