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Ichtyon

Ichtyon

Veröffentlicht am 24, Okt., 2022 Aktualisiert am 8, Okt., 2024 Horror
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Ichtyon

À l’origine, cette nouvelle fut sélectionnée, via un forum d'écrivain, pour ouvrir une anthologie en hommage à H.P. Lovecraft. L’anthologie ne vit jamais le jour. Afin de respecter la volonté des ayants droits de l’écrivain de ne plus faire cette anthologie, j'ai donc changé le titre initial, "Dagon", pour Ichtyon.
Jean-Christophe Mojard

 

Ichtyon

J’ai dit au juge que j’aimais mes parents. Je lui ai dit que je les avais tués, tous les deux, pendant leur sommeil. En quelque sorte, j’ai menti. En quelque sorte seulement.

Mon père travaillait pour un journal de petites annonces. Pour lui, le rythme était plus que tranquille en ce mois de juillet sur l’île, car il ne se passait rien dans son domaine. Ma mère, elle, était beaucoup plus à plaindre. Armée de sa débroussailleuse, elle arpentait les terres escarpées des alentours d’Ajaccio, afin de rendre plus propres les terrains que le maquis prenait un peu plus à chaque incendie. Et, des incendies, il n’en manquait pas cette année. Ainsi, ma mère redoublait d’efforts pour les prévenir, rageant à chaque départ de feu. « Le bûcher pour les incendiaires ! » disait-elle, avant de s’endormir d’épuisement, malgré la douleur de son dos, malgré les élancements de ses griffures que la sueur exacerbait. Elle se réveillait quand mon père rentrait.

Lui, il l’avait belle la vie. Un peu comme moi. Cependant j’étais un lycéen en vacances ce qui était donc un peu normal, pourtant, je suis sûr qu’avec mon boulot de plagiste, je transpirais davantage que lui. Sitôt son travail fini, il taquinait ma mère, il allait plonger dans ses petits coins secrets gardés jalousement, loin des bancs de touristes en balade vers les trois frères, la tête de mort ou l’épave du Mario. Il restait une heure, parfois deux, puis rentrait tranquillement, prenant son mal en patience sur les axes encombrés par la marée touristique. Occasionnellement, je l’accompagnais muni de mon appareil photo dans son caisson étanche. Mais, ces derniers temps, mon caisson restait vide. On ne plongeait plus mon père et moi. Il ne plongeait plus non plus dans ses petits coins à lui.

La maison familiale portait son regard sur la fine plage d’Agosta, mouchetée en cette saison par son lot de touristes rougeoyants. Elle reflétait le bonheur de vivre, comme en ont témoigné les psys chargés d’évaluer ma santé mentale. Cependant, je n’ai pas voulu passer pour un fou. Il ne fallait surtout pas, j’en avais l’intuition. La camisole chimique aurait été la pire chose pour ce qui me reste à faire. Parce qu’aujourd’hui, si les volets sont clos et le regard de la maison familiale à jamais fermé, il n’en demeure pas moins que d’autres yeux ont été ouverts et ceux-ci ne se refermeront probablement pas. Maintenant, je le sais.

Je me souviens encore de ce soir où ma mère ne s’était pas endormie, elle attendait le retour de mon père. J’avais quitté mes copains plagistes assez tôt et depuis j’attendais avec elle, affalé sur le canapé, ne sachant rien de ce qui pouvait la maintenir dans cet état dont seul un Red Bull avait le secret. Ce fut donc avec un plaisir décuplé que j’entendis enfin le râle libérateur du vieux pick-up cahotant sur le chemin parsemé d’ornières de la maison. Je revois la scène aujourd’hui comme je l’ai vue à ce moment-là, ou imaginée plutôt, car nous suivions ma mère et moi la progression de mon père aux bruits qui le précédaient. La grincheuse portière du pick-up, le bruit de son équipement de plongée qu’il descendait prudemment, le robinet plaintif pour noyer le sel et l’empêcher de ronger le tout… Tous ces bruits, comme le rituel immuable du retour au bercail du père, mais qui ce soir semblait ne jamais finir. Ma mère faillit le renverser en lui sautant dessus dès son entrée dans la maison. Assise sur les hanches de son homme, les jambes autour de sa taille, elle déversait les informations de sa découverte. Elle exultait en ajoutant d’innombrables détails avec tant de force et de joie que l'on aurait dit une enfant remerciant ses parents de l’abondance des cadeaux qu’elle attendait tant par un soir de Noël.

Tout a commencé au début du mois de juillet. Ma mère s’occupait d’un terrain sur une vieille propriété non loin de l’étang de Casavone. C’était une vieille bâtisse quasiment à l’abandon dont venaient d’hériter de jeunes continentaux qui ne voyaient là qu’un pied-à-terre pour leurs vacances. Ces nouveaux propriétaires y venaient de temps à autre. En revanche, jamais au moment des grands travaux de débroussaillages et toujours vers la fin de l’été, voire début septembre. Pourquoi s’embêter quand inévitablement les voisins devaient le faire en cas de manquement ? Enfin, j'ignore quel moyen de pression a eu raison de leur déplorable comportement, mais en tout cas cette année ma mère eut en charge les travaux de débroussaillage. C'est alors que ma mère était tombée sur ce qu’elle appelait son trésor. Au départ, elle avait pesté et juré en découvrant un amoncellement de pierres au beau milieu des ronces. Elle se voyait déjà charriant les blocs avant de tout nettoyer. Mais, rapidement, son irritation laissa place à une profonde excitation. Les pierres faisaient partie du pourtour d’un immense puits, dont un côté gisait éventré au milieu du fouillis de la végétation. Elle avait alors arrangé le bosquet de ronces sans toutefois en dégager l’œuvre d’art que l’histoire avait placé sur son chemin. La curiosité piquée, elle comptait bien garder un peu plus longtemps pour elle sa découverte, le temps de dégager davantage la ruine, avant d’en parler aux propriétaires.

En deux jours, elle avait aménagé un tunnel dans les ronces et dégagé l’accès au puits. En une semaine, une bonne partie de l’intérieur de l’édifice était dégagé et c’est à ce moment-là qu’elle s’était décidée à nous en parler. Les marches qui descendaient en tournant à l’intérieur étaient conformes à l’architecture que l’on pouvait retrouver dans d’autres ouvrages comme celui-ci, disséminés dans le maquis à l’abri des regards des touristes. Mais, passé trois mètres de profondeur, il n’en était plus rien. Elle nous raconta que les marches laissaient alors place à une pente douce qui tournait en s’enfonçant plus profondément sous les débris qui obstruaient encore le puits. Mais, ce qui avait ensuite décidé ma mère à nous en parler était plutôt les inscriptions étranges qui accompagnaient l’arrivée de la pente en lieu et place des marches. Des inscriptions ou plutôt des bas-reliefs pour être plus précis. Elle nous les avait dépeints comme des sortes d’hommes, cependant leurs mains étaient palmées et leurs yeux exorbités. Gravures naïves, hommages à une espèce de divinité poisson, elle n’en savait pas plus, cependant, elle comptait bien aller plus loin encore dans sa découverte.

La semaine suivante, elle demanda à mon père de l’accompagner et de l’aider un peu, car le sol était devenu dangereusement instable, visqueux par moments. Mon père avait accepté immédiatement. En réalité, il mourait d’envie d’y aller depuis le début. Pour ma part, le temps devint ainsi élastique. Les journées devinrent plus longues à attendre le retour de mes parents. Ma mère avait bien entendu insisté pour que je ne vienne pas. Trop dangereux disait-elle. Allez donc lutter contre le pouvoir protecteur d’une mère trop aimante… La suite des évènements lui donna tellement raison.
Mon père ne venait plus plonger. Tout son temps et celui de ma mère étaient accaparés par leurs aventures du puits perdu comme je tentais d’en plaisanter avec eux ; mais chose étrange, cela les faisait à peine sourire. À vrai dire, leur sourire d’ordinaire fendu jusqu’aux oreilles avait laissé place à une simple esquisse de sourire, chaque jour plus difficile à percevoir. C’est aussi à ce moment-là que je perçus l’odeur âcre qui accompagnait leur retour à la maison. Au début, je pensais qu’ils se faisaient du poisson grillé sur place, ce qui expliquait finalement pourquoi ils mangeaient aussi de moins en moins. Mais, c'était un raisonnement stupide de ma part. Ils pouvaient refuser de manger tout simplement, argumentant qu’ils l’avaient fait sur le terrain, et puis en été les barbecues sont interdits. 

Ainsi, je m’éclipsais une nuit, officiellement pour aller en boîte avec des amis. Cependant, officieusement, je comptais bien aller faire un tour sur ce qui accaparait mes parents et les faisait progressivement changer. Je ne pris qu’une petite lampe torche et partis directement sur le terrain. Après quelques hésitations, je finis par trouver l’endroit d’après

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