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Épisode 2 – Mon père, mon héros

Épisode 2 – Mon père, mon héros

Veröffentlicht am 10, Mai, 2025 Aktualisiert am 10, Mai, 2025 Drama
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Épisode 2 – Mon père, mon héros


Mercredi après-midi


Je n’ai pas eu le temps d’enlever mes chaussures que Jérôme toque déjà à la porte.

— On y va ?! s’écrie-t-il, tout essoufflé. J’ai pris mon carnet pour qu’on note les trucs importants, comme les vrais pompiers !

Papa nous a promis de nous emmener à la caserne aujourd’hui. Rien que d’y penser, j’ai le cœur qui bat comme un tambour. On va y aller avec nos nouveaux vélos, des cadeaux d’anniversaire qu’on étrenne fièrement.

Jérôme et moi, on en rêve depuis toujours. Enfin… depuis toujours pour moi. Pour lui, c’est depuis qu’on se connaît. Lui, il dit qu’il veut être pompier « comme William ». Moi, je veux être pompier « comme mon père ». Ça revient au même. Sauf que c’est mon père à moi.

Sandra nous donne une banane à chacun « au cas où vous sauveriez le monde et que vous auriez une fringale », puis nous lâche avec un soupir faussement dramatique :

— Deux gamins et une princesse dans une caserne, ça va mettre le feu…

On éclate de rire.

Stéphanie insiste pour venir.

— Moi aussi, je veux voir les camions ! Je veux être pompier-princesse !

— Mais t’as pas le droit de toucher à la grande lance ! je grogne.

— J’ai pas besoin de la grande lance ! Je sauve les doudous, moi !

On enfourche nos vélos. Stéphanie grimpe sur le porte-bagage derrière moi, ses petits bras autour de ma taille. Elle chantonne, son doudou coincé sous son menton. Jérôme pédale à côté, son carnet dépassant de sa poche. On roule jusqu’à la caserne, le vent dans les cheveux, libres comme des héros en mission.

Papa nous attend dehors, en uniforme. Mon cœur se gonfle de fierté. Il est si grand, si fort. Même le soleil semble briller plus fort quand il est là.

Mon père, c’est mon roc. Capable d’être un héros qui ne recule jamais, pas même au prix de sa vie. Et d’être un père aussi tendre qu’une mère. Longtemps, on a vécu tous les deux, avant qu’il ne rencontre Sandra. Il est tout pour moi !

— Allez, les pompiers en herbe, vous rangez vos vélos et vous montez dans le camion ?

On court jusqu’au fourgon après avoir calé nos vélos contre un mur. Papa nous laisse grimper à l’arrière, on s’installe sur la banquette, comme les vrais. Jérôme a les yeux qui brillent. Moi, j’essaie de ne pas sourire comme un idiot. Stéphanie s’installe à l’avant, droite comme un piquet.

— Je suis le capitaine ! crie-t-elle. Et vous m’obéissez, ou vous finissez attachés à la lance !

Papa rit. Moi aussi.

Il nous montre la lance thermique, les outils de désincarcération, les casques. Il nous laisse en essayer un chacun. Jérôme s’enfonce le sien jusqu’aux sourcils. Le mien tombe de travers. Stéphanie le cale à l’envers et dit qu’elle est « la super-fille du feu ».

Puis papa raconte l’intervention de la semaine dernière. Une petite fille coincée dans un ascenseur. Il a dû escalader un étage entier pour entrer par le toit.

— Elle pleurait, dit-il. Mais je lui ai dit : « T’inquiète pas, je suis pompier. »

Je bois ses mots comme de l’eau fraîche.

— Et tu as eu peur ? demande Jérôme.

— Un peu. Mais le courage, ce n’est pas de ne jamais avoir peur. C’est d’y aller quand même.

Je retiens cette phrase. Je crois que je ne l’oublierai jamais.

Nous faisons le tour de la caserne. Papa nous emmène voir ses collègues qui s’entraînent. Stéphanie s’assoit sur une chaise pour les regarder, le pouce dans la bouche. Jérôme et moi échangeons un regard complice. On se voit déjà au milieu de tous ces hommes que papa dirige en supérieur.

On reste une heure, puis on reprend nos vélos, ma petite sœur, et on repart la déposer chez moi. Rapidement, je prends mon cahier de catéchisme, et on se dirige vers l’église Saint-Laud, où nous attend l’abbé Michel Duval, le frère de mon parrain et l’oncle de Jérôme. C’est lui qui nous fait le catéchisme ce soir, dans la petite salle des catés qui donne sur l’église.

Après le cours, qui dure une heure, on reste un peu avec lui. On aime bien l’aider à préparer l’église pour la messe du soir. Il fait tout seul, sinon, le pauvre !

L’encens flotte dans la nef vide. Les vitraux sont sombres, mais les chandeliers brillent encore faiblement.

Jérôme est concentré. Il aligne les missels, replace les bancs, allume les bougies. Il fait ça bien, avec beaucoup de sérieux : tout droit, tout net.

Moi, je mets des fleurs sur l’autel, je trie les plus belles. Je remplis les petites burettes d’eau et de vin.

Puis, quand on a fini, je lance à voix basse :

— Tu crois qu’on aura des ailes au paradis ?

— Des ailes, non, c’est pour les anges… Mais on pourra aller partout rien qu’avec la pensée, répond Jérôme en riant doucement.

Je souris, m’imaginant déjà libre comme le vent.

On s’avance ensemble vers la chapelle latérale, celle de la Vierge. J’ai encore un vase de fleurs à déposer. On y allume une bougie chacun.

— Tu pries pour quoi, toi ? me demande-t-il en regardant la flamme danser.

Je réponds sans hésiter :

— Pour que mon père soit toujours en sécurité. Et pour que… toi, tu ne sois jamais plus qu’à un cri de moi.

Il tourne vers moi un regard un peu surpris, puis me donne un léger coup d’épaule :

— T’es un peu trop sentimental, aujourd’hui.

— Et toi, t’es un peu trop parfait.

— Je suis un Duval. C’est dans mes gènes.

On éclate de rire. L’écho s’élève sous les voûtes de pierre. Un rire clair, franc, qui fait du bien.

On s’assoit ensuite dans le chœur, là où s’agenouillent les prêtres. Il fait un peu froid, mais on ne dit rien. Il y a un silence particulier ici, qui donne envie de parler doucement… ou de ne pas parler du tout.

Après un moment, Jérôme murmure :

— Dis… pourquoi tu parles jamais de ta maman ?

Je ne réponds pas tout de suite. Je regarde devant moi, le tabernacle doré, les cierges allumés. Je sens un pincement dans ma gorge.

— Je la connais pas, je finis par dire.

Jérôme ne dit rien. Il attend.

Alors je continue :

— Papa m’a dit qu’elle est morte quand je suis né. Qu’elle est « au ciel ». Il dit ça doucement, avec une drôle de voix. Il en parle presque jamais.

— T’as pas de photo d’elle ?

— Non. Rien. Même sa voix, je la connais pas. Des fois, j’imagine. Mais c’est flou, tu vois ? J’espère qu’elle est au ciel et qu’elle me voit.

Il hoche la tête, lentement. Il comprend. Il comprend toujours.

— Et Sandra ? demande-t-il.

Je hausse les épaules.

— Elle est gentille. Mais c’est pas pareil. Je peux pas… l’appeler « maman ». J’ai essayé. Dans ma tête. Mais dans ma bouche, ça sort pas. Ça reste coincé dans ma gorge. Et je sais que ça lui fait mal que je sois comme ça.

— Mais elle t’aime, quand même…

— Oui, peut-être. Mais moi, j’sais pas comment on fait. Quand elle me prend dans ses bras, je suis mal à l’aise…

Il reste silencieux. Puis il dit :

— Tu crois qu’un jour, tu y arriveras ?

— Peut-être. Si quelque chose change.

— Il faut juste que tu te dises que ta maman n’a pas fait exprès de mourir et de t’abandonner. Que tu as le droit d’avoir une maman, comme tous les autres garçons ! D’être heureux ! Et puis, sûrement qu’elle te voit de là-haut. Tu lui parles, des fois ?

Je souffle un peu, regarde ma bougie presque fondue.

— Quelquefois, oui, mais elle ne m’a jamais fait le moindre signe. Alors, maintenant, je parle à la Vierge Marie.

Il hoche la tête en signe de compréhension. On regarde la statue en souriant. Un rayon de soleil passe à travers le vitrail au-dessus d’elle, auréolant d’une lumière chaude la jolie représentation.

On reste là, côte à côte. Deux garçons assis dans une église vide, avec une prière qui flotte entre nous.

Je dis tout bas :

— Merci.

Il répond :

— T’as pas besoin de me dire merci. Je suis ton siamois, non ?

Je ris. Mais mes yeux piquent un peu.

On range les dernières affaires. On souffle les bougies. Et on quitte l’église après avoir dit au revoir à l’abbé Michel.

Il est déjà près de 17 h, l’après-midi a filé comme un éclair. Mais au fond de moi, mon cœur est baigné de lumière.

On reprend nos vélos, on fait la course dans le parc qui nous ramène vers la maison de Jérôme, « la villa des Duval ». Mais, comme à chaque fois que je le ramène chez lui, on n’arrive pas à se séparer. On reste devant son portail, discutant des pompiers, du danger, de la bravoure…

Finalement, je dis à Jérôme :

— Demande à ta mère si tu peux venir dormir à la maison. C’est bientôt la fin des vacances… Après, on pourra plus !

— Tu veux pas plutôt rester dormir chez moi, pour une fois ?

— Non, Sandra veut que je range ma chambre, elle dira non, c’est sûr ! Mais papa a dit que tu pouvais rester la nuit quand tu veux !

Il acquiesce et va voir sa mère. Un quart d’heure plus tard, il revient avec un petit sac contenant quelques affaires pour la nuit, et on repart chez moi, à un pâté de maisons de là.


Ce soir-là, Jérôme dort chez moi. Papa est d’astreinte, mais il a dit qu’il rentrerait à temps pour le dîner. Sandra nous a préparé des croque-monsieur et un flan à la vanille. On est aux anges.

On mange tous les quatre dans la cuisine. Stéphanie parle sans s’arrêter. Elle veut qu’on joue à la princesse kidnappée par les flammes, et que Jérôme soit son « chevalier extincteur ».

Il prend une serviette et la noue autour de son cou comme une cape :

— Je suis Sir Jérôme, le sauveur des doudous carbonisés !

— Et moi, je suis Super Guigui, le héros à la lance en mousse !

Stéphanie rit tellement qu’elle en recrache un bout de pain. Sandra râle un peu, mais elle sourit en coin.

Quand papa rentre, on se rue vers lui. Il sent la fumée froide et le cuir. Il embrasse Stéphanie, me passe la main dans les cheveux et dit :

— Alors, les siamois, vous avez mis le feu à la maison ?

— Non, mais on a sauvé trois peluches, une Barbie et un poulet en plastique, répond Jérôme.

Papa rit. Ce rire-là, je le garde toujours un peu en moi, comme une étoile.

Après le repas, on aide à débarrasser. Puis papa nous rejoint dans le salon. Il nous raconte une autre intervention, cette fois un chien coincé dans une bouche d’égout.

— Il a failli me mordre, mais au final, il m’a léché la joue. J’ai pris ça pour un merci.

Stéphanie s’est assise contre lui et lui caresse la manche de son uniforme. Jérôme et moi, on l’écoute comme si c’était un conteur de légendes.

— Tu crois qu’un jour, on sera aussi courageux que toi ? je demande.

Il me regarde longtemps. Puis il dit :

— Je suis pas sûr d’être courageux. J’ai juste peur… après.

Je ne comprends pas tout. Mais je retiens cette phrase.

On monte dans ma chambre. Jérôme pose son sac de couchage au pied de mon lit. On papote encore un peu. Des trucs de garçons. Des rêves de casques, de flammes, de médailles. Et de Dieu aussi.

— Tu crois que si on meurt en sauvant quelqu’un, on va direct au ciel ?

— Direct, avec une échelle magique, dis-je.

— Faudra juste pas oublier notre soutane.

On rigole. Puis on se tait. Comme si les anges écoutaient.

Je sors ma médaille de sous mon tee-shirt. Je la montre à Jérôme.

— Elle est belle.

— C’est Alexandre qui me l’a offerte. Elle brille comme le feu, non ?

— Comme ton père, dit-il.

Je sens une chaleur dans ma gorge. J’acquiesce.

Stéphanie frappe à la porte. Elle veut un bisou du soir. Elle grimpe entre nous deux, nous serre très fort.

— Vous êtes mes frères, dit-elle en bâillant.

Elle repart dans sa chambre, doudou sous le bras. On entend Sandra qui la borde.

Je regarde Jérôme.

— Tu crois qu’on sera toujours "les siamois" ?

— Ouais, Même si on devient chauves et vieux !

— Même si t’épouses une fille qui aime pas les pompiers ?

— Je pourrais pas épouser une fille comme ça.

On rit. Puis le silence revient. Doux, paisible.

Dehors, la nuit est calme. Je regarde par la fenêtre. La lune éclaire doucement la rue. Mon cœur est plein.

Je suis encore un enfant. Mon père est mon modèle, mon roc. Ma sœur, un baume de tendresse sur mon petit cœur. Mon meilleur ami dort dans ma chambre. Tout est simple.

Alors, je ferme les yeux et je promets, tout bas : je n’oublierai jamais ces jours-là.

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