À ce whisky que tu crois dilué avec du soda
À ce whisky que tu crois dilué avec du soda
Ces lignes ne te toucheront jamais. Elles sont pour moi, un cri étouffé dans le vide, un coup de poing dans un sac de sable qui ne rendra rien. Tu as déversé tes pavés à l’aube sur son téléphone, tu parlais de paix volée, de crises qui te rongent la nuit, d’un type qui se marre sûrement de te voir plier. Tu proposais de l’argent, une médiation, une discussion tranquille. Tu la suppliais de convaincre l’autre de lâcher la plainte, comme si tout ça n’était qu’un malentendu, une rancune puérile. Mais tu n’as rien compris. Rien du tout.
Cette plainte n’est pas une vengeance. C’est le mur que la vie dresse enfin devant un mec qui croyait que la colère donne tous les droits. Tu es venu cracher sur une vitre, comme un animal qui pisse sur un tronc pour dire « c’est à moi ». Tu as hurlé que tu casserais des reins, des genoux, que tu ferais manger le bitume. Tu as choisi la peur comme langage, la menace comme ponctuation. Et tu as tenté d’appuyer sur un handicap, pensant y trouver un point faible, alors que c’est une force forgée au feu, une armure que la vie a soudée jour après jour, bien plus solide que toutes tes explosions.
Et maintenant tu pleures parce que le monde ne plie pas. Tu inverses la carte, tu verses du soda dans le pur malt pour te plaindre que le goût est gâché : c’est l’autre le méchant, le sadique, celui qui prend plaisir à ta panique. Comme si c’était lui qui t’avait forcé à venir ce jour-là. Comme si c’était lui qui avait glissé les mots violents dans ta gorge. Comme si c’était lui qui avait cru que le handicap rendrait la menace plus lourde, plus sale. Non. C’est toi qui as tout mélangé. Tout seul. De A à Z.
Retirer la plainte te rendrait le souffle, oui. Mais elle t’apprendrait quoi ? Que la vie est un grand effaceur magique ? Qu’on peut cracher, menacer, terroriser, et qu’il suffit ensuite de verser quelques larmes pour que tout redevienne lisse ? Que les conséquences sont toujours pour les autres ? Je ne veux pas te voir condamné pour le plaisir de la chute. Je veux que tu sois forcé de regarder en face ce que tu as fait. Pas dans une discussion polie où tu pourras minimiser, justifier, pleurer plus fort que la vérité. Mais devant un miroir officiel : un stage auprès de gens qui vivent avec un handicap, qui te montreront que la fragilité n’est pas une cible, mais une école de courage bien plus dure que toutes tes colères.
Parce qu’un homme responsable ne menace pas. Il ne se cache pas derrière ses crises pour effacer ses coups. Il assume, il change, il grandit. Tu es père. Ton gosse te regarde. Si tu sors de ça en te disant que tu étais la victime, que l’autre t’a poussé à bout, tu lui légueras quoi ? Le droit de frapper et de pleurer ensuite ? Le droit de renverser la faute sur plus faible que soi ?
Je ne juge pas ton passé. Je ne connais pas tes blessures. Je me fous du pourquoi. Je regarde juste le quoi : ce que tu as fait, là, à cet homme, à cette période précise. Et je souhaite, au fond, que cette procédure te casse quelque chose en toi. Pas ton corps, pas ta vie. Mais cette illusion que la violence verbale n’est rien, que la menace reste dans l’air, que la peur infligée disparaît quand on change de sujet. Casse cette illusion. Rebâtis autre chose à la place. Pour toi. Pour ton enfant. Pour ne plus jamais avoir à supplier les autres à l’aube pour réparer ce que tu as démoli.
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