

Chapitre 2 - La Fête des Hyènes
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Chapitre 2 - La Fête des Hyènes
La terrasse du Grand Ivoire vibrait d’une énergie de fête que seule la grosse fortune pouvait acheter. Armand Bekolo, costume sur mesure impeccable malgré la moiteur de la nuit doualaise, leva son verre vers la ville scintillante.
— À l’accord du Pipeline côtier ! Qu’il nous apporte une prospérité aussi vaste que l’océan devant nous !
Des acclamations éclatèrent dans son cercle d’amis — majoritairement des hommes en costumes hors de prix, leurs rires résonnant à travers la terrasse. Parmi eux, quelques jeunes escortes au rire plus feutré, aux gestes plus étudiés. L’une d’elles traça de petits cercles sur l’avant-bras d’Armand, se penchant vers lui.
— Tu pêches toujours les plus gros poissons, Armand. Quel est ton secret ?
Un éclair de suffisance traversa son regard.
— Savoir s’entourer, ma chérie. Et un soupçon de… persuasion.
Annie était assise près d’Émile, un homme à la carrure imposante, amateur évident de plaisirs en tout genre. Sa main reposait timidement sur son bras, un sourire forcé aux lèvres, tandis qu’il lui serrait les doigts avec possessivité.
— T’es bien silencieuse ce soir, belle petite, grogna-t-il, son haleine parfumée au cognac hors de prix. Le chat t’a volé la langue ? Profite de la soirée ! Le champagne est haut de gamme.
Annie acquiesça d’un hochement de tête.
— C’est… une belle fête.
Un invité, un gros bonnet visiblement habitué aux contrats louches, tapa Armand dans le dos.
— Bon, Bekolo ! Assez parlé business ! Certains d’entre nous ont besoin d’un changement de décor. Les chambres là-haut nous appellent ! Qu’est-ce que t’en dis ?
Sa voix, alourdie par l’alcool, déborda de sous-entendus, aussitôt partagés dans les rires gras du groupe. Les escortes les plus aguerries échangèrent un regard complice, prêtes à jouer leur rôle — une nuit payée de plus, une facture room service à gonfler. Annie, elle, esquissa un mince sourire tendu. Son estomac se serra. Elle se répétait que ce n’était qu’un travail, une autre nuit à traverser. Elle se préparait mentalement à offrir une intimité factice.
Émile ricana, caressant sa cuisse nue à peine dissimulée par la mini-jupe rouge qu’elle portait.
— Exactement ce que je pensais ! Allez, mon amour. On va s’isoler un peu. J’ai réservé une suite avec Jacuzzi.
Armand fit un geste vague de la main, son sourire figé.
— Allez-y. J’ai un appel tôt demain avec les investisseurs. Faut garder la tête froide pour ces requins. Et vous, mes jolies… comme d’habitude, profitez des… commodités.
Son regard effleura Annie, empreint d’un froid calcul. La prochaine fois, il la prendrait lui aussi. Comme Émile, lui aussi il les aimait jeunes. Il pensa à Maria, sa maîtresse aujourd’hui enterrée, si fraîche, si jolie à leur première rencontre lors d'une soirée huppée du centre-ville, et à la façon dont elle le rendait presque fou de désir. Et c'est cette même folie qui l'avait conduit à l’irréparable. Il l’avait tuée dans un accès de rage mêlée à la passion, après avoir découvert qu'elle couchait avec un autre homme, malgré tout ce qu'il payait pour lui faire goûter à la grande vie. Quelle trahison ! Maintenant, la garce était morte. Et il était libre. La vie était belle. Il vida son verre en guise de toast silencieux.
Le groupe commença à se disperser. Émile guida Annie vers les ascenseurs, la main ferme dans son dos. Les rires et la musique s’évanouirent peu à peu, remplacés par le calme feutré des étages supérieurs.
Dans la suite luxueuse, un silence étrange s’installa. Émile, moins jovial, indiqua la chambre d’un geste. Annie le suivit, un sentiment de résignation l’envahissant.
La pièce était tamisée, presque trop calme. Ils se déshabillèrent sans un mot, comme s’il s’agissait d’un rituel déjà trop répété. Dans le lit vaste, une impression d’inéluctable tomba sur Annie. Il la toucha, sans douceur. La façade charmante s’était évaporée. Il n’y avait plus que l’envie égoïste de se mettre à l’aise. Un besoin de domination, une soif féroce de la chair d'Annie, le plaisir brut et intense des va-et-vient entre ses cuisses, tandis qu'il la pénétrait avec un abandon total.
Annie avait depuis longtemps appris à se détacher de ces instants, mais pas complètement, car elle devait encore faire semblant d'y prendre plaisir. Elle devait penser à satisfaire son client, afin de pouvoir à nouveau avoir cette « opportunité » de gagner une somme considérable en une nuit. Certains clients étaient faciles à satisfaire. D'autres, comme Émile, l’étaient moins. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était faire semblant…
Grognant, haletant, Émile attrapa son petit sein, s'enfonçant profondément en elle et jouissant enfin. Elle serra les dents, mais se sentit soulagée malgré tout, pensant que c'était fini.
— Tourne-toi…
La voix d’Émile, plus dure.
— Quoi ? Pourquoi ? — souffla-t-elle, inquiète.
— Fais-le. Commence pas à faire ta difficile. Tu sais ce que c’est. Je veux ton derrière…
Annie hésita, une petite voix de protestation s'éleva en elle.
— Je… je veux pas…
Impatient, Émile lui saisit le poignet, brutalement.
— C’est comme ça que j’aime finir. Et je n’ai pas encore fini avec toi.
Il essaya de la forcer à s'allonger sur le ventre.
Elle tenta de se dégager, ses mots tremblants.
— Non, s’il te plaît… ça va faire mal… Arrête !
La gifle fusa, sèche, violente. Annie resta pétrifiée. Des larmes lui montèrent aux yeux, la peur remplaçant la résignation.
— Ferme-la et tourne-toi ! J'ai payé, salope ! Tu feras ce que je te dis. Je vais te défoncer, et tu vas aimer ça !
Il la plaqua sur le ventre, l’écrasant de son poids. Ses protestations étouffées se perdirent dans les oreillers de luxe. La douleur, lorsqu'elle survint, fut vive et brutale, une violence déchirante qui lui fit se contracter involontairement le corps. Elle ferma les yeux, gardant dans son esprit l’image du papier peint à motifs, cherchant à fuir mentalement l’instant. Le silence n’était brisé que par la respiration rauque d’Émile et les sanglots étouffés d’Annie. L’acte fut rapide, violent, sans âme.
Quand Émile se retira d’elle enfin, le souffle court, il ne la regarda pas. Il remit sa chemise, indifférent.
— Voilà. Arrête de pleurnicher. Tiens, un bonus — lança-t-il en jetant des billets froissés sur la table de chevet. Rhabille-toi. Je me casse.
Annie resta immobile, le corps endolori, le cœur vidé. Un bruit lointain de festivités venant de la rue résonnait à travers les murs, cruel rappel du monde extérieur. Elle se sentait seule. Froide. Écorchée.

