

🍛 Zazou et fripouille au dîner chez Hermine .
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🍛 Zazou et fripouille au dîner chez Hermine .
🍛 Dîner chez Hermine
La nuit tombait sur Paris comme un voile de soie dorée, enveloppant les ruelles de Versailles d’une lumière ambrée. Fripouille et Zazou, perchés sur le muret du château, profitaient des derniers rayons du soleil couchant, qui teintaient les nuages de rose et d’orange, comme une toile de maître oubliée.
— Franchement, dommage que la journée s’achève, soupira Zazou en s’étirant avec une élégance feinte. J’étais bien, moi, ici… Et en plus, on n’a même pas cherché de restaurant pour ce soir. Le temps d’aller au Chas-Croute, notre cantine habituelle, et paf : fermé. Il jeta un regard désespéré à Fripouille, comme s’il venait de réaliser l’ampleur de la tragédie.
— Pas grave ! rétorqua Fripouille, optimiste, en se léchant la patte droite avec application. On va en trouver un autre dans le coin, non ? Un endroit qui accueille les animaux comme nous ? Zazou leva les yeux au ciel, l’air d’un chat qui a vu trop de déceptions gastronomiques.
— Je sais pas, Fripouille, je sais pas… En plus, je ne connais personne dans cette zone ! Aaaah… Il se laissa tomber sur le trottoir avec un soupir dramatique. Quoique… ce sera repas blanc pour ce soir ?
— Repas blanc ? Fripouille cligna des yeux, interloqué. Ça veut dire quoi, ça ?
— C’est comme une nuit blanche, expliqua Zazou avec l’air d’un professeur las. Sauf que là, c’est pour le repas. Tu vois : tu restes le ventre vide à regarder les étoiles en te demandant pourquoi tu n’as pas écouté ton instinct et mangé ce moineau à midi.
— Ah ouais… Fripouille réfléchit, la patte en l’air. Je savais pas qu’on pouvait le dire comme ça.
— Évidemment que les chats expérimentés le disent entre eux, rétorqua Zazou avec un haussement d’épaules. C’est du langage chat chic. Comme "miamdelicieux" ou "crotte-de-luxe".
Fripouille éclata de rire, puis son regard fut attiré par un mouvement près d’une devanture élégante, à moitié cachée par du lierre grimpant. Les briques anciennes et les lanternes dorées au-dessus de la porte brillaient faiblement, éclairant un panneau aux lettres dorées : "Hermine", entouré d’un contour vert foncé. Les volets, peints du même vert profond, encadraient l’entrée comme une invitation discrète à un monde secret.
— Zazou ! Regarde ! s’exclama Fripouille en désignant une silhouette familière. C’est la minette qui gloussait l’autre jour, quand je dansais avec Pigok 2 !
— Ah oui ! Zazou se redressa, soudain intéressé. Celle qui t’a traité de star !
— Oui ! Elle est là-bas, en train de boire à la porte du magasin !
Ils traversèrent la route déserte (à cette heure, même les voitures parisiennes avaient faim) et s’approchèrent de la chatte rousse, qui sirotait une coupelle de lait avec la grâce d’une duchesse.
— Salut ! lança Fripouille, un peu timide. Tu te rappelles de moi ?
La minette se retourna, les yeux écarquillés, avant de reconnaître Fripouille avec un sourire malicieux.
— Évidemment que je me souviens de toi ! miaula-t-elle en se frottant contre lui. Impossible d’oublier la Danse des Plumes ! Et, sans prévenir, elle entonna, en roucoulant : 🎶 "On se retourne, un pas sur la droite, Un pas sur la gauche… Et hop ! T’es une star, mon p’tit chat !" 🎶
Elle éclata de rire, puis ajusta sa cravate imaginaire.
— C’est gentil d’être venus me voir ! Vous vous promenez dans le coin ?
— Non, avoua Fripouille. On cherche un endroit où manger du… miamdélicieux. La minette rit de plus belle, ses moustaches frémissantes.
— Du miamdélicieux ? Oh là là, vous visez haut, les gars ! Ici, c’est chic, ça ne court pas les rues, surtout pour nous autres. Mais bon, vous avez l’air d’adorer les défis… Mon frère Liono m’a parlé d’Hermine. Chic et ultra bon, paraît-il. Mais pour y entrer… bon courage. Depuis le changement de propriétaire, il y a deux nouveaux matous très sélects : Bruce et Kily. Ils filtrent les clients comme des videurs de boîte branchée.
— Il n’y a pas un endroit moins… snob ? demanda Zazou, sceptique.
— Infâme, le reste, répondit-elle en grimaçant. Soit c’est des trous à rats, soit c’est fermé. Mais allez, je vous y accompagne ! Moi, je dois retrouver ma sœur pour le Bal des Célibchats. (Elle baissa la voix.) Entre nous, si vous mentionnez que vous êtes des amis de la famille Pigok, ça peut aider. Bruce adore ses clips.
Une fois arrivée à destination, elle se retourna pour leur dire :
— C’est ici, allez-y ! Bon appétit à vous, bye-bye !
Elle agita sa queue en un dernier signe d’au revoir, aussi vive qu’un coup de pinceau sur une toile. Les deux amis restèrent plantés sur le trottoir, le museau levé vers la façade élégante. Une bouffée d’air chaud, chargée d’arômes de beurre fondu et de thym, s’échappa du restaurant quand la porte s’entrouvrit. Fripouille renifla, les moustaches frémissantes :
— Wow… Zazou, ça sent le miamdélicieux à trois kilomètres !
Zazou éclata de rire, mais ses yeux brillaient déjà d’une lueur déterminée.
— Allez, viens. On entre avant qu’ils ne changent d’avis.
Ils échangèrent un sourire complice, puis la porte dorée d’Hermine s’ouvrit sur un monde de luxe feutré : des chandeliers scintillaient comme des étoiles captives, les nappes blanches semblaient tissées de nuages, et les vases remplis de roses pâles diffusaient un parfum envoûtant, presque hypnotique.
Les murs, peints d’un vert d’eau apaisant, reflétaient la lumière des bougies, tandis que les serveurs, un garçon de café en tablier bordeaux et nœud papillon, une serveuse en pantalon et chemisier noir, cravate impeccable glissaient entre les tables avec la précision de danseurs.
— Tu crois qu’on la reverra un jour ? murmura Fripouille.
— Avec elle, c’est sûr, répondit Zazou en souriant. Les chats comme elle ont le don de réapparaître quand on s’y attend le moins.
Un matou imposant, vêtu d’un smoking noir (oui, un smoking), les intercepta près de l’entrée. Bruce, visiblement. Ses yeux jaunes balayèrent Zazou et Fripouille avec un mépris à peine voilé.
— Réservation ? demanda-t-il d’un ton qui n’admettait aucun refus.
— Euh… non, avoua Zazou, soudain moins sûr de lui. Mais on nous a dit que…
— Pigok 2 ! s’exclama Fripouille, inspiré. On est des amis de Pigok 2 ! Bruce plissa les yeux, puis un sourire carnassier apparut sur son museau.
— Ahhh, le roi des trottoirs ! Très bien. Table 12, près de la fenêtre. Mais attention : pas de crasses sur les nappes, pas de miaulements pendant le service, et surtout… (il baissa la voix) pas de danse. Kily déteste ça.
Ils furent conduits à une petite table près d’une fenêtre donnant sur un jardin secret, où des lanternes dorées tremblaient dans la brise. Un menu en velours leur fut présenté :
~ Menu "Soirée Étoilée" ~
Amuse-bouches : Souris farcies aux herbes de Provence (option végétarienne : boules de graines de tournesol)
Plat : Filet de saumon poêlé, sauce crème à l’aneth (ou poulet rôti aux épices douces pour les chats difficiles)
Dessert : Mousse au thon et chantilly (ou glace à la menthe pour les palets raffinés)
Boisson : Lait chaud infusé à la vanille (ou eau de source pétillante, servie dans des coupes en cristal)
— Je… je prends le saumon, balbutia Fripouille, subjugué.
— Moi, le poulet, décida Zazou après une hésitation. Mais avec une double portion de sauce.
— Excellents choix, ronronna la serveuse en notant leur commande.
Alors que Fripouille s’installait sur son coussin en velours (oui, un coussin), il chuchota à Zazou :
— Tu crois qu’ils ont des croquettes en dessert ?
— Fripouille… soupira Zazou. Ici, on ne dit pas "croquettes". On dit… "perles croustillantes artisanales".
Soudain, une ombre passa près d’eux. Kily, un chat persan blanc aux yeux verts, les observait avec un sourire énigmatique.
— Alors, les amis de Pigok… murmura-t-il. J’espère que vous aimez les surprises. Et il disparut dans un froufrou de queue, laissant les deux chats se demander s’ils venaient de signer un pacte gastronomique… ou quelque chose de bien plus étrange.
La cloche 🔔 tinta dans la cuisine, claire comme une alerte militaire. Fripouille sursauta, renversant presque son petit bol. Il était en train de laper un mystérieux “liquide snack saveur bœuf affiné” , l’équivalent félin du champagne au caviar.
— Aaah… ça fait des siècles que j’ai pas eu ça, ronronna Zazou, les moustaches toutes vibrantes. On n’en trouve que dans ce genre de resto, croyez-moi…
Il jetait un coup d’œil prudent à Kily, posté non loin, raide comme une statue grecque mais les yeux plantés sur eux comme deux lasers verts.
Pendant ce temps, Fripouille, trop excité par la friandise, lapait avec l’énergie d’un aspirateur en panne. Sa langue faisait “schloup schloup” dans le bol, ses moustaches trempées pointant dans tous les sens.
— Doucement ! miaula Zazou entre ses dents serrées. Fripouille, on est pas dans une gamelle de quartier. Tiens-toi droit, aspire avec élégance, fais mine d’avoir étudié à l’Académie des Chats Gourmets !
— Mais… mais c’est trop bon ! répliqua Fripouille, les pupilles dilatées comme une chouette.
Et ce qui devait arriver arriva : CLING. La coupe d’eau pétillante de luxe bascula, roula sur la nappe immaculée et éclata en mille morceaux de cristal.
Silence. Le genre de silence où même les bougies se figent.
En moins d’une seconde, Kily fut sur eux, surgissant comme une ombre blanche, la queue battant l’air.
— QUI… a osé ?! souffla-t-il d’une voix grave, son “S” sifflant comme un serpent. Ses yeux verts flamboyaient d’indignation. On aurait dit qu’ils venaient de déclencher une alarme anti-incendie.
Fripouille, paralysé, ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Zazou, lui, leva un sourcil avec un flegme forcé :
— Oh… juste une bulle capricieuse. Ces verres, vous savez… fragiles comme de la porcelaine .
Kily répond, agacé :
—La porcelaine, au moins, elle ne se brise pas toute seule, mon cher.
Fripouille chuchote à Zazou :
— C’est pas de la porcelaine, c’est du cristal… T’es sûr que t’as étudié à l’Académie des Chats Gourmets ?
Kily s’approcha, si près que son parfum musqué envahit leurs moustaches. Il humecta ses babines, comme pour juger si cet “incident” valait expulsion immédiate…
— J’ignore pourquoi Bruce vous a laissés entrer, cracha Kily en plissant ses yeux verts. Mais vous n’êtes ni du quartier, ni des habitués huppés. Si ça n’avait tenu qu’à moi… vous seriez dehors depuis longtemps.
Il miaulait en grommelant, sa queue fouettant l’air comme un métronome de colère.
Mais Bruce s’approcha, ayant assisté à la scène depuis son poste près de la caisse. Il posa une patte ferme sur l’épaule de Kily et souffla :
— Calme-toi, vieux. Tu te trompes. Ce petit-là est issu d’une famille huppée… mais c’est le vilain petit canard. Ce n’est pas de sa faute.
Fripouille cligna des yeux, surpris. Zazou leva un sourcil sceptique : “huppé, lui ?!” pensa-t-il en silence.
Bruce reprit :
— Allez, ce n’est rien pour la gamelle. Ça leur coûte trois fois rien. Pas la peine d’en faire tout un fromage.
Kily grogna, les regardant tour à tour d’un air mauvais :
— Hmph. Mais je ne vous lâche pas des yeux. Si un seul de vous recommence… je le balance direct. Compris ?
— Oui…, miaulèrent Zazou et Fripouille en chœur, faiblement, comme deux écoliers pris en faute.
Kily repartit en traînant sa fierté jusqu’à son repaire, là où il s’était assis au début.
Bruce, resté près d’eux, ramassa la gamelle avec soin et la tendit à la serveuse qui approchait.
— Excusez-le, souffla-t-il. Il est… à cran, ces derniers temps. Profitez de votre repas, mais soyez prudents : Kily ne plaisante pas.
— Merci, répondit Zazou avec un petit sourire pincé. On fera attention.
Bruce s’éloigna, mais avant de disparaître derrière le comptoir, il fit un clin d’œil discret à Zazou. Celui-ci comprit aussitôt : toute cette histoire de “famille huppée” et de “vilain petit canard” n’était qu’une invention, un mensonge bien placé pour calmer Kily et leur éviter la porte. Zazou esquissa un sourire intérieur. Pas mal, le gros matou… il a du métier.
Soudain, la porte battante des cuisines s’ouvrit dans un doux froufrou, et le silence de la salle fut troublé par l’apparition d’une silhouette. Une chatte gracieuse, au pelage soyeux couleur ivoire, portait deux plateaux argentés avec une élégance digne d’une danseuse. Ses gestes étaient précis, presque chorégraphiés : pas un tremblement, pas une faute de pas.
Zazou la vit. Et le monde, pendant un instant, s’arrêta. Ses yeux d’ambre accrochèrent les siens, et il eut l’impression qu’on venait de lui donner un coup de patte en plein cœur.
Fripouille, excité par l’arrivée des plats, s’agitait sur son coussin :
— Oh, ça y est, ça y est ! C’est nous ! J’espère que c’est bien mon saumon, hein ? Dis, tu crois qu’il y a de la sauce dessus ? Parce que moi, j’adore la sauce…
Mais Zazou ne répondit pas. Il avait la gueule entrouverte, les moustaches figées, le regard perdu dans l’allure féline de la serveuse. Fripouille s’interrompit en le fixant, intrigué :
— Heu… Zazou ? Allô ? Tu m’entends ? Tu fais une crise ou quoi ?
Zazou ne cligna même pas. Fripouille claqua ses petites pattes devant son museau.
— Ohé, réveille-toi ! C’est pas un mirage, hein !
La serveuse posa délicatement les assiettes devant eux : un filet de saumon brillant d’une sauce à l’aneth pour Fripouille, et un poulet rôti aux épices douces pour Zazou, le tout dégageant des parfums qui donnaient faim rien qu’à respirer. Puis elle leva doucement les yeux vers Zazou et… lui adressa un sourire, fin, énigmatique, presque complice.
Zazou, toujours muet, sentit ses oreilles chauffer.
Fripouille pouffa de rire, les moustaches tordues :
— Oh là là… ça y est. Le grand Zazou est amoureux !
La chatte gracieuse, après avoir déposé les assiettes fumantes devant eux, s’inclina légèrement et fit demi-tour pour regagner les cuisines. Son parfum discret flottait encore dans l’air. Zazou, hypnotisé, suivit son pas chaloupé du regard comme un marin regarde un navire disparaître à l’horizon.
— Attendez ! s’exclama-t-il soudain, d’une voix un peu trop empressée. Vous pourriez… vous pourriez nous apporter un supplément d’eau Crystal, s’il vous plaît ?
Elle se retourna avec un sourire doux.
— Avec plaisir.
Et sur ces trois mots, Zazou fondit. Ses oreilles rougirent sous son pelage, et son cœur battit si fort qu’il crut qu’on allait l’entendre à la table d’à côté.
Fripouille, lui, mordait déjà à pleines dents dans son saumon, la sauce dégoulinant un peu sur ses moustaches.
Il leva à peine les yeux .
Zazou, toujours rêveur, soupira comme dans un vieux film romantique :
— C’est elle, Fripouille.
— C’est elle quoi ? demanda-t-il la bouche pleine.
— … La chatte de ma vie.
Fripouille faillit s’étouffer avec une bouchée, les yeux ronds.
— Hein ?! Sérieux ?! T’es en train de tomber amoureux en plein milieu d’un plat de luxe ?!
Zazou lui lança un regard sévère, mais ses moustaches trahissaient son trouble : il était bel et bien fichu.
Le dîner touchait à sa fin. Fripouille léchait distraitement le fond de son assiette, repu, mais l’œil vif : il avait bien remarqué que Zazou, lui, n’avait presque pas touché à son poulet. Trop occupé à suivre du regard la belle chatte serveuse, chaque fois qu’elle entrait ou sortait des cuisines. Son cœur battait la chamade au rythme de ses pas feutrés.
Quand ils réglèrent l’addition et se dirigèrent vers la sortie, une voix grave les arrêta net :
— Hé, toi !
Kily, le persan blanc, se tenait là, planté devant la porte comme un videur de boîte de nuit. Ses yeux verts étincelaient d’un éclat glacial.
— Je t’ai vu… fit-il d’un ton menaçant. Tu n’as pas cessé de regarder Hermine.
Hermine et moi, on se connaît depuis l’époque où elle était la seule à me défendre…
Zazou cligna des yeux. Hermine ? Son cœur bondit. Ce prénom sonnait comme une caresse. Mais presque aussitôt, il réalisa : c’était aussi le nom du restaurant.
— Hermine ?… souffla-t-il, confus.
Un sourire carnassier fendit le museau de Kily.
— Oui. Le propriétaire l’a nommé ainsi en son honneur. Mais retiens bien ceci… elle est à moi. Alors garde tes yeux ailleurs, ou je t’arrache les moustaches une par une.
Il avait dit ça avec une brutalité glaciale, comme un chat qui réclame son os de luxe, prêt à bondir.
Mais soudain, une voix douce mais ferme résonna derrière eux.
— Kily ! Qu’est-ce que tu racontes encore ?
C’était elle. Hermine. Elle venait de terminer son service, et sa présence fit battre le cœur de Zazou encore plus fort.
Elle planta son regard clair dans celui de Kily et ajouta, agacée :
— Je t’ai déjà dit que toi et moi, c’est juste de l’amitié. Rien de plus.
Le persan grimaça, pris sur le fait. Zazou, lui, resta pétrifié, partagé entre la peur de Kily et la joie de découvrir le prénom de la chatte qui faisait chavirer son cœur.
Zazou sentit ses moustaches vibrer d’un mélange étrange : un frisson de peur, Kily aurait pu le réduire en charpie et une vague de chaleur qui lui chatouillait le ventre chaque fois qu’Hermine parlait.
Il toussa, maladroit.
— Euh… moi, je… je voulais pas… enfin…
Fripouille roula des yeux. Voilà, ça y est, il bégaie comme un chaton devant sa première gamelle de lait.
Mais, contre toute attente, Zazou redressa soudain la tête, ses yeux verts brillant d’une étincelle qu’on ne lui voyait pas souvent.
— Enfin… je voulais pas manquer de respect, Hermine. Mais… si j’ai regardé, c’est parce que je n’ai pas pu faire autrement.
Un silence. Le genre de silence où même les couverts dans la cuisine semblent s’arrêter de tinter.
Hermine, surprise, cligna des yeux, ses oreilles se dressant malgré elle.
— Oh…
Kily, lui, serra les crocs, ses poils de cou gonflant d’agacement.
— Tu as du cran, toi, marmonna-t-il. Mais fais attention : parfois, le cran, ça se paye cher.
Fripouille, sentant l’électricité dans l’air, chuchota à Zazou :
— Tu sais, dans certains restos, le dessert, c’est les clients qui le deviennent…
Zazou, malgré tout, esquissa un petit sourire en coin.
— Tant pis, Fripouille. S’il faut être le dessert ce soir… eh bien… j’aurai eu droit au plus beau regard avant.
Hermine détourna les yeux, mais ses moustaches frémissaient d’un sourire qu’elle essayait de cacher.
Les cuisines d’Hermine bruissaient d’odeurs exquises : beurre fondu, herbes fraîches, ragoût qui mijotait doucement. Mais derrière la porte battante, dans la cour pavée où les caisses de légumes s’empilaient, l’ambiance n’avait plus rien de gastronomique.
Kily s’avança, sa silhouette de chat persan blanche luisant sous la lanterne, ses yeux verts flamboyant comme deux émeraudes furieuses.
— Voilà ce qu’on va faire, miaula-t-il d’une voix glaciale. Un combat à la loyale. Ici, derrière les cuisines. Si tu gagnes, je te la laisse. Si tu perds… elle est à moi.
Fripouille écarquilla les yeux, ses petites pattes tremblantes.
— Mais… mais c’est ridicule ! On n’est pas dans un dessin animé de cape et d’épée ! Zazou, dis-lui !
— Chut, Fripouille, répondit Zazou d’un ton grave, les moustaches déjà redressées comme des lames.
Hermine surgit derrière eux, son regard flamboyant d’indignation.
— Ça suffit, Kily ! Combien de fois je dois te répéter que je ne suis pas un trophée à gagner ou à perdre ? Tu ne m’écoutes jamais !
Kily ricana, ses griffes effleurant les pavés.
— Ce n’est pas toi qui décides, ma douce. C’est le destin. Et le destin se règle… par un duel.
Zazou fit un pas en avant, son dos se cambrant, la queue battant l’air comme un fouet.
— Non, Hermine. Laisse. Il l’as dit lui-même : parfois, il faut montrer du cran. Je suis prêt.
Fripouille, catastrophé, agrippa la patte de son mentor.
— Zazou, non ! Et si tu te fais griffer, ou pire… si tu perds ? Moi… moi je pourrais pas…
Zazou baissa les yeux vers son protégé et lui fit un petit clin d’œil, malgré la tension.
— Alors regarde bien, Fripouille. Parce que ce soir, tu vas voir comment on gagne… même quand on tremble.
Fripouille tremblait, ses yeux rivés sur Zazou et Kily qui se jaugeaient comme deux tigres miniatures dans l’arène improvisée des cuisines. Ses pattes tripotaient nerveusement le sol… jusqu’à ce qu’il sente sous ses coussinets une étoffe douce.
Le nœud papillon bordeaux. Celui que Pigok 2 avait laissé tomber, souvenir d’une danse inoubliable.
Fripouille le saisit entre ses griffes et le serra fort contre lui.
— Pigok 2… il disais qu’on danse même quand on a peur… Alors… je vais rester debout. Pour Zazou.
À ce moment-là, une silhouette familière apparut au détour du muret. La minette rousse aux yeux pétillants : Kazie.
— Re-coucou, c’est moi Kazie , désolée j’ai oublié de te dire mon petit nom miaula-t-elle doucement en le voyant fébrile. Mais je savais qu’on se reverrait !
Fripouille écarquilla les yeux.
— Tu aurais pu me le dire plus tôt sur qui tu étais, petit cachottière …
Elle s’approcha et, d’un geste tendre, posa sa queue sur son épaule.
— Le combat va bien se terminer, je le sens. Oh, et au fait, j’ai croisé Pigok 2. Je lui ai dit que vous étiez ici.
Les yeux de Fripouille brillèrent d’un espoir nouveau.
— Vraiment ? Et… il va bien ?
— Comme un roi, répondit Kazie avec un sourire. Dommage qu’il ne soit pas là : il adore ce genre de spectacle. Il dit toujours que c’est un mélange de hockey et de basketball. Tu verras… ça fait pas peur.
Fripouille déglutit, ses moustaches tremblant.
— Pas peur, pas peur… Facile à dire ! Tu n’as pas vu ce Kily… il est puissant, effrayant…
Kazie haussa les épaules, amusée mais sérieuse.
— Puissant, oui. Effrayant, sûrement. Mais tu sais quoi ? La peur, c’est comme un pigeon trop collant : si tu lui tiens tête, il s’envole. Et puis, regarde Zazou : il n’est pas seul. Tu es là. Moi aussi. Et qui sait… Pigok 2 n’est jamais très loin quand la musique démarre.
Le cercle s’était formé derrière les cuisines, lanternes vacillantes éclairant les pavés. Zazou et Kily s’affrontaient dans une tension électrique : deux fauves miniatures, deux flammes opposées.
Hermine, postée un peu en retrait, les yeux brillants, se rongeait presque les griffes. Désespérée de les voir se battre, mais secrètement ravie qu’on se dispute son cœur, elle priait en silence : « Zazou… que ce soit toi, Kily est trop brutal, pas pour moi. »
Un grognement fit trembler l’air. Griffes contre griffes, queues fouettant le sol, les deux chats tournoyaient comme des lutteurs antiques. Puis, d’un bond fulgurant, Zazou projeta Kily contre un tas de cageots. L’os de luxe qui servait de trophée improvisé fila en cloche… et atterrit pile dans une corbeille de fruits vide.
Silence. Puis une clameur de miaulements approbateurs : Zazou avait gagné.
Kily, haletant, recula dans l’ombre, blessé dans son orgueil plus que dans son corps. Hermine, soulagée, accourut, ses yeux rivés sur Zazou.
— Bravo… murmura-t-elle, son souffle chaud contre sa fourrure. Tu t’es battu… pour moi.
Zazou, d’ordinaire si sûr de lui, en resta muet, ses moustaches rosissant légèrement.
C’est alors qu’un battement d’ailes tonitruant éclata dans la cour. Pigok 2, majestueux, se posa, son nœud papillon flamboyant encore humide de quelques gouttes de pluie.
— Non mais QUOI ?! s’exclama-t-il, vexé. Vous commencez sans moi ?! Pas de roucoulement d’intro, pas de chorégraphie ?! Je suis DÉÇU ! Mais bon… ravi pour toi, Zazou !
Il éclata de rire et salua d’un battement d’ailes théâtral.
Hermine, les yeux brillants, prit alors les devants :
— Zazou… laisse-moi me présenter correctement. Je suis Hermine. Et si tu veux bien… ce soir, j’aimerais que tu partages un dîner avec moi.
Fripouille, bouche bée, sentit son ventre se nouer. Il ouvrit la bouche, prêt à protester, mais Kazie posa doucement une patte sur son épaule.
— Pas de problème, dit-elle avec un clin d’œil. Je m’occupe de toi ce soir. On a beaucoup de choses à se raconter, non ?
— Tout à fait ! renchérit Pigok 2 en claquant des ailes. Une soirée entre nous, ça va être du tonnerre !
Fripouille hésita… puis sourit. Même si c’était dur de voir son mentor partir avec Hermine, il avait trouvé de nouveaux amis. Il leva sa queue pour saluer Zazou. Celui-ci lui répondit de la même manière, un geste fraternel.
— À demain, p’tit frère, murmura Zazou.
Et Fripouille, le cœur battant, s’en alla avec Kazie et Pigok 2 vers de nouvelles aventures.
Fin
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✍️ Écrit: le 21 Août 2025
📸 Image :seeart.Ai
👩🏼🎨 Barbara Wonder

