Journal (presque lucide) d’une divorcée en récidive - 26 Décembre
Journal (presque lucide) d’une divorcée en récidive - 26 Décembre
26 décembre 2025, 23h47
Il y a quinze ans, j’ai fait ma valise pour monter à Paris le rejoindre, espérant sans trop oser y croire que cette fois, ce serait pour la vie... enfin je me comprends.
Demain, je remplirai des papiers de divorce à son nom, et je mesure déjà les fissures que je vais devoir recoller.
Encore une fois.
Entre les deux, il y a eu les promesses, les silences, une petite fille qui a grandi, un petit garçon presque adolescent dont l’enfance s’accroche encore au coin du sourire.
Et cette question qui me poursuit : comment se reconstruire après s’être perdue soi-même?
Après avoir tenté, maladroitement, de devenir une version que “l’autre” pourrait aimer.
Et d’avoir échoué, forcément.
Parce que lorsqu’on se force à devenir autre chose que ce que l'on est intérieurement, le costume finit toujours par s’étriquer.
Lentement
Inexorablement.
Jusqu’à couper le souffle.
Je ne compte plus les disputes, les bouderies, les incompréhensions.
Elles appartiennent déjà au passé.
Seule la frustration reste, s’accroche aux rideaux, imprègne les murs qui se moquent.
C’est comme regarder au ralenti un mariage s’effondrer et, malgré tout, être surprise par le bruit qu’il fait en touchant le sol.
L’issue était prévisible depuis longtemps.
Et si je dois être totalement honnête, depuis le début.
Parce que j’ai triché.
Sans le vouloir.
À force de petits compromis sur mon feu intérieur, à force de croire que je ne pouvais pas être aimée dans la totalité de ce que je suis, je suis devenue une version de moi qui m’a asphyxiée.
Peut-être trop d’ecchymoses, finalement.
Ces stigmates invisibles que je pensais avoir rafistolés.
Hier soir, sans éclat, on a posé les contours de la suite.
Vertigineuse d’implications, mais inévitable si je veux éviter de m’ensevelir tout à fait.
Je me sens suspendue entre deux galaxies.
Divorce par consentement mutuel.
Garde alternée.
Et soudain, je suis projetée en arrière, presque au point de départ.
Il paraît qu’on répète les mêmes schémas jusqu’à en comprendre la leçon.
On dirait bien que c’est vrai.
Le sapin clignote encore dans le salon.
Les enfants ignorent que c’est notre dernier Noël dans cette maison que j’avais surnommée “ma plumerie”, devenue une cage dont j’ai mis des années à rouvrir les barreaux rouillés.
Et pourtant, ce soir, j’ai presque peur du vide dans lequel je m’apprête à me jeter.
Comme si mes ailes étaient ankylosées.
Il dit que je dois être plusieurs dans ma tête.
Peut-être.
Mais ce soir, pour la première fois depuis longtemps, l’une d’elles réapprend à respirer.
Juliette
Beitragen
Du kannst deine Lieblingsautoren unterstützen


Jean-Christophe Mojard vor 4 Stunden
Une vision intime et lucide qui tranche avec les pseudos résolutions de fin d’année pour la suivante. Le courage d’ouvrir les yeux, d’assumer et de changer les choses. Le courage d’agir, loin des lumières qui brillent dans la facilité d’un salon chauffé par la décomposition d’un couple qui n’existe déjà plus.
Juliette Norel vor 4 Stunden
Merci infiniment pour tes mots.
Disons que c'est l’instant où on accepte enfin de regarder la réalité en face, même si elle fait mal.
Ouvrir les yeux, ça reste la partie la plus facile ; le vrai courage, ce sera de traverser la suite sans me renier, une décision après l’autre.
Jean-Christophe Mojard vor 4 Stunden
C’est comme lorsque l’on est récipiendaire d’une médaille. Le plus dur n’est pas de l’obtenir, mais d’en rester digne.
Ouvrir les yeux, c’est recevoir sa médaille de bravoure. Reste à l’assumer et mériter de conserver la rosette, le ruban.