Le premier jour à la fac² était ravissant

Tel un spectacle grandiloquent

Parés comme des diplomates influents

A la cérémonie de prestation de serment   

Les bleus ³ bouffis, affichaient une allure incoercible.

Hélas ! Effervescence éphémère, non triviable

Consternation au seuil de l’amphi

Bondé de visages dépaysés et mornes qui

S’épreignaient dans cette aula exigüe

Malgré ses dimensions très étendues   

Où blazers et capes s’assimilaient à une wassingue mal entretenue.

La voix du professeur se perdait nonobstant

L’amplificateur de son, dans un vacarme étourdissant

Dans le quel retentissaient en revanche, les voix des marchands itinérants

Qui s’écriaient : « noyaux noyaux⁴, bien pimentés », « beignets chauds chauds »

On entendait les birbes chuchoter aux novices d’un ton menaçant

« Ici ça ne donne pas le lait⁵, on a le foléré⁶ aux yeux c’est chaud la magie⁷

Vous allez lire l’heure sur le calendrier haoussa⁸

Bienvenus  à Ngoa … »  

1- appellation des étudiants  (argot)                        2- faculté    

3- appellations des nouveaux recrus à l’université, fraichement venus des lycées

4- viande hachée enrobé de trippes présentée sous la forme des boulettes

5- ca ne donne pas le lait exprime le caractère difficile d’une situation donnée

6- boisson naturelle faite de façon artisanale dont la couleur rouge se rapproche de la couleur du sang

 NB : le poème décrit la frustration des jeunes étudiants qui ont  récemment bravé le Baccalauréat et font leurs premiers pas à l’université. Pour eux, l’université est un environnement prestigieux, un nouveau monde qui inspire pouvoir et noblesse. Grande est  leur déception lorsqu’ils réalisent le contraire : 2000 étudiants à l’amphi 1000, seuls les premiers à arriver auront une place assise, les autres sont assis à même le sol à défaut de se mettre débout une journée entière. A cela s’ajoute une ambiance pas du tout studieuse qui allie intimidations des ainés,  présence des vendeurs ambulants…