

Page 25 - OREN
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Page 25 - OREN
Il n’était qu’un poète solitaire, un auteur rêveur, un râleur au grand coeur, qui savait hurler en silence ou se taire avec fracas. Il avait en lui l’espoir de l’enfant qui veut croire en demain et la désillusion de l’ancien qui n’a plus de temps à perdre. Ce temps manque cruellement lorsque l’on a la tête saturée de milliers d’histoires, de choses à dire, à raconter. Sa vie, il la rêvait poétique, parsemée de rimes et d’éclats de rire, de voyages qu’il avait à offrir. Dans son ventre grondait la colère d’un homme entier refusant de se plier aux modes de son époque, aux délires bien-pensants d’une élite en carton, des donneurs de leçons. Oren était un oiseau libre, mais les chasseurs furent nombreux. Artiste anonyme, spectre invisible égaré dans la foule, planté comme un vieux chêne, Oren n’aura laissé derrière lui que quelques pages noircies à l’encre de ses veines. L’arbre écorché est à présent tombé, déraciné par le souffle violent de l’indifférence, de l’injustice et de la bêtise humaine. Il ne reste de lui que quelques livres condamnés à la poussière sur de tristes étagères...
L’automne s’accroche, poisseux, et les poètes s’effacent tels des graffitis sous la pluie, sans que personne ne lève les yeux.

