Texte inspiré du tableau « Le Phare » de J. Hesry

De loin en loin les échos s’allument

Fluorescences vives qui entament la nuit

Le phare rugit face aux plaines violentes

Les bleus blessent le ciel et les dunes soyeuses

L’obscurité grignote le paysage

La clarté du papier s’endort

Les nuages turquoises lissent les vents contraires

La marée tend ses navires au creux des vieilles vagues

L’herbe des plages timide et increvable

S’enracine au milieu des carcasses rouillées

On ne voit que la lumière sanguinolente d’une lune aliénée

Dont le noyau ressemble aux algues des grands fonds

On ne voit que ce caillot verdâtre de chlorophycées

Dans l’aber solitaire où poussent les nuits fragiles

Comme inondées de prières pour les disparus

Quand les cierges de messe ne les ont pas ramenés

Du haut du précipice les oiseaux crient leur révolte

Et la mer endormie creuse ses reins fautifs

Les racines du phare s’enterrent

Dans le dur du granit

Sur les côtes de braises la langue des cieux tangue et plie

Les falaises à genoux colorent l’écume crépusculaire

Pour dire à tous les hommes

Qu'il suffit du peu de la nuit pour rêver

Aux prairies moutonneuses où voguent les serments.

© Khamylle-Abel Delalande 

in Le Témoignage du dormeur

Février 2020