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Genèse de l'Autorité

Genèse de l'Autorité

Veröffentlicht am 13, Feb., 2020 Aktualisiert am 13, Feb., 2020 Kultur
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Genèse de l'Autorité

... Dans la vie sociale ordinaire, beaucoup de nos peurs viennent des projections. C’est le cas par exemple lorsque nous investissons un être d’un pouvoir ou d’une autorité que désormais il va exercer sur nous, en bénéficiant de notre respect. Si l’on étudiait en général la généalogie de l’Autorité, on verrait bien qu’elle prend sa source dans notre propre soumission craintive, et que cette dernière se justifie par la présomption qu’elle fait chez l’autre d’une supériorité ou d’une compétence quelconque. Ces dernières sont simplement supposées et projetées, elles ne sont pas forcément réelles.

Comment se comporter sagement face à ce phénomène ? D’abord il faut bien l’analyser. Par exem­ple, on voit que ce sont les signes seuls de l’Autorité qui suffisent à la faire respecter. L’uniforme du gendarme, la robe du juge, la blouse blanche du médecin inspirent comme on dit le respect, et imposent l’obéissance. Ainsi le décorum qui entoure le président de la République (les appariteurs, la garde nationale, etc.) nous le fait respecter. Mais ce décorum vient-il à disparaître, comme dans le cas du président Deschanel, victime du syndrome d’Elpénor (ivresse du sommeil) et tombé nuitamment en pyjama du train présidentiel en 1920, que toute l’aura du personnage peut elle aussi disparaître...

On a prouvé que n’importe quel individu peut se comporter en bourreau, en ne faisant qu’obéir à de tels signes : il suffit qu’il soit environné par un théâtre particulier auquel il fait crédit, en l’espèce le décorum médical, pour qu’il se sente exonéré de sa propre responsabilité et fasse taire la voix intérieure de sa conscience. Voyez les expériences de Stanley Milgram, consignées dans son livre Soumission à l’Autorité. Henri Verneuil s’en est inspiré pour une séquence de son film I comme Icare.

Peut-on exciper de ce fait une irresponsabilité personnelle, en invoquant ce qu’on appelle parfois une obéissance passive ? Par exemple Eichmann s’est défendu d’avoir participé à l’extermination des juifs en disant qu’il ne faisait qu’obéir à des ordres venus de ses supérieurs. Sans doute était-il sincère et leur conférait-il une sorte d’aura bien particulière justifiant sa soumission. C’était un petit fonctionnaire zélé, un exécutant consciencieux, incapable de réflexion froide sur ce qu’il faisait, comme Hannah Arendt l’a souligné en analysant son procès dans son livre Eichmann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal. C’est sur le vide de la pensée, a-t-elle dit, que s’inscrit le mal. Elle s’est attiré les foudres des membres de la communauté juive pour avoir voulu comprendre comment fonctionnait celui qu’ils considéraient comme un monstre inhumain. Mais c’est à elle que je donne raison, car comprendre n’est pas excuser, montrer la banalité du mal n’est pas le banaliser, et on ne peut pas parler dans le cas d’Eichmann de projections permettant une absolution...

Des tyrans, La Boétie, dans son Discours de la servitude volontaire, a bien dit : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. » Cela peut être pris littéralement même, car il peut y avoir une instrumentalisation concrète des projections, une mise en scène pour les favoriser. Ainsi la petite taille de l’observateur, ou sa position dans l’espace, induit respect à la fois et appréhension dans son esprit. L’Autre est vu de bas en haut, ou comme on dit en photographie en contreplongée. Le regard alors est admiratif, ou hyperbolique : magnifiant.

Pensez à l’estrade du juge au tribunal, ou du professeur dans sa classe, par exemple. Si les élèves prenaient l’habitude de monter sur les tables, je veux dire non pas spontanément comme il se voit parfois aujourd’hui dans certains collèges difficiles, mais si vraiment on le leur demandait pour leur ouvrir l’esprit, comme dans le film Le Cercle des poètes disparus, ils seraient habitués à la vision contraire rapetissante, en plongée, et donc au perspectivisme des visions...

***

Ce texte est extrait de mon livre Sur les chemins de la sagesse - Des clés pour mieux vivre, nouvelle édition augmentée 2019 (pp. 20-22) - éd. BoD 2019.

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