L’arbre est moribond.

Ses branches dénudées se dressent désespérément vers le ciel pour implorer un peu de sève afin de le ranimer, en vain. À ses pieds, les petits animaux lèvent leurs regards embués vers cet ancêtre qui leur a offert son abri et son ombre protectrice pendant des années, tandis que les racines des arbres voisins s’entremêlent aux siennes en un dernier geste de réconfort, et que les fougères courbées par le vent se pressent un peu plus contre son tronc afin de le réchauffer…

L’arbre est mort.

Le silence s’est abattu sur la forêt, hébétée par la nouvelle. Les oiseaux se sont tus et volètent tristement autour des branches desséchées qui leur servaient jadis de perchoirs. Le lierre qui tapissait son tronc se laisse choir parmi les fougères et va chercher un autre refuge chez les arbres voisins, dont les feuilles pleurent en un léger bruissement. Le vent lui-même a réduit son souffle en un léger murmure, partageant le chagrin de tous les compagnons du défunt…

Soudain, malgré la tristesse ambiante, un oiseau perché sur une pierre posée auprès de l’arbre mort laisse échapper un joyeux gazouillis en se précipitant dans le massif de fougères. Celles-ci s’écartent avec surprise, tandis que les autres animaux grognent avec agacement. A-t-on idée de faire un tel vacarme en de si tristes circonstances ! Mais le petit oiseau, tout à la joie de sa découverte, se moque bien des remontrances qui lui sont faites, et il persiste, vole vers ses compagnons, puis retourne vers le massif, jusqu’à ce qu’un lapereau et un écureuil curieux se décident à le suivre. Ils découvrent alors, bien cachée parmi les herbes au pied de l’arbre mort, une minuscule pousse toute frêle, qui pointe timidement ses quelques feuilles. Aussitôt, l’excitation de l’oiseau gagne les deux curieux, qui se chargent de propager la nouvelle en un joyeux babillage, qui se répand bientôt à la petite communauté entourant l’arbre qui n’est plus. Alors, une explosion de joie gagne tous les assistants à ce miracle. Le vent souffle joyeusement, les petits animaux courent en tous sens afin de propager la nouvelle au reste de la forêt recouverte d’un voile de chagrin à l’annonce de la perte de l’ancêtre, les fougères dansent en suivant la cadence du vent, et les oiseaux entonnent leur chant de victoire…

Un nouvel arbre naîtra.

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