Hier soir, au Zénith de Nantes, Matt Pokora n’a pas simplement donné un concert : il a envoyé une décharge brute dans les veines du public. Pendant plus de deux heures, le show s’est emballé, sans reprise de souffle. En coulisses, juste avant d’entrer en scène, l’artiste confiait que cette tournée était devenue sa préférée, la première à lui laisser cette sensation grisante — celle d’un concert qui passe trop vite, porté par l’adrénaline, comme un cœur qui bat trop fort pour compter les minutes.

Adrénaline Tour, justement. Une machine bien huilée, oui, mais une machine avec un cœur qui bat fort. Très fort. Matt Pokora est en pleine tournée nationale, porté par le succès de son dixième album, sorti en mars dernier et déjà numéro un des ventes. Mais au-delà des chiffres et des classements, ce qui marque vraiment, c’est la façon dont tout est livré : avec le corps, avec l’âme, sans tricher.

La mécanique est impressionnante. Quatre musiciens jouent en direct, entourés de douze danseurs et danseuses, dans une mise en scène réglée au millimètre. Les faisceaux lumineux explosent, parfois aveuglants, toujours précis, dessinant un décor qui flirte avec la science-fiction. L’ensemble convoque des univers futuristes, presque dystopiques, rappelant l’esthétique de blockbusters comme Tron ou Matrix. Une voix robotique vient régulièrement scander le récit, tandis que Pokora se métamorphose en prototype humanoïde, conçu pour repousser les frontières et briser les barrières. Car les limites, ici, ne sont pas faites pour être subies : elles sont faites pour être dépassées.

Après avoir célébré ses vingt ans de carrière avec l’Epicentre Tour en 2023, l’artiste aurait pu se contenter de refaire la même chose, en plus grand, en plus fort. Il a préféré chercher ailleurs. Trouver ce qu’il n’avait encore jamais fait. Cette fois, ce sera un escalier.

Un escalier qui descend jusque dans le public. Une manière très concrète de supprimer les barrières, de réduire la distance, de rappeler que la scène n’est pas un piédestal mais un point de rencontre. Matt raconte le conseil qu’on lui a donné à ses débuts : « ceux que l’on croise en montant les marches, on les recroise aussi en les descendant. Autant bien se tenir. » L’escalier devient alors la métaphore d’une vie entière. Chaque marche, une décision. Chaque décision, un pas de plus vers le rêve d’enfant qui attend tout en haut.

Et c’est là que le concert dépasse le simple spectacle.

Car lorsque Matt s’adresse à son public, et notamment aux enfants. Il leur dit de rêver grand. De rêver toujours. De s’en foutre du regard des autres, des jugements, des critiques. De continuer, même quand ça tangue. Il remercie aussi cette fidélité rare, presque insolente dans le paysage musical actuel : un public présent depuis vingt ans, et qui transmet aujourd’hui les chansons aux nouvelles générations. Des gamins qui chantent des titres sortis avant leur naissance. Pour Matt, c’est plus qu’un privilège : c’est une chance. Et il le dit sans arrogance. Il rappelle aussi une vérité simple : une fois partagées, les chansons n’appartiennent plus à l’artiste. Elles deviennent celles des gens.

Moment fort du concert : quatre spectateurs invités à monter sur scène. À l’entrée de la salle, un QR code permet de s’inscrire. Les tirés au sort portent un bracelet mesurant leur rythme cardiaque, affiché en temps réel sur les écrans. Une idée aussi simple qu’efficace pour partager, concrètement, l’adrénaline ressentie sur scène le temps d’une chanson. L’artiste s’amuse, le public aussi. Dans la salle, ça rit, ça tremble, ça vit, ça danse, ça chante, ça crie. Certaines tentent de suivre les chorégraphies, plus ou moins bien, mais toujours avec le cœur. L’équilibre entre anciens tubes et nouveaux titres est juste. Les fans de la première heure côtoient ceux de la dernière. Matt, lui, ira plusieurs fois jusqu’en haut des gradins, histoire de rappeler que personne n’est oublié.

Et puis il y a le regard extérieur. Le mien.

Je ne suis pas client de sa musique. Mais je sais reconnaître le travail quand il est là. Et ici, il est colossal. C’est un véritable show, pensé dans les moindres détails, réglé à la seconde près. Rien n’est laissé au hasard. Mais ce qui me marque le plus, au final, ce n’est pas la technique. C’est l’humilité. Et la générosité. Et cette quête du rêve d’enfant. Des valeurs que je partage.

Mon fils de neuf ans était là. Il connaissait quelques chansons, sans être spécialement attiré par le style. Il a aimé le spectacle. Les lumières. L’ambiance. La musique, même si ce n’est pas ce qu’il écoute d’habitude. Mais surtout, les mots. Il les a trouvés justes. Généreux. Pleins de vérité. Et franchement, entendre ce que je me tue à lui répéter sortir de la bouche d’un type capable de faire lever des milliers de personnes… ça crédibilise mes sermons du soir. Alors merci Matt : tu viens d’augmenter mon taux de crédibilité parentale de 200 %.

Matt Pokora reviendra au Zénith de Nantes le 20 septembre 2026, avec des nouveautés annoncées, pour celles et ceux qui ont déjà vu le show. D’ici là, l’artiste poursuivra sa route à travers la France, avant de passer par plusieurs festivals au printemps, dont le Rolling Saône Festival en mai 2026.

Hier soir, le Zénith était heureux. Vraiment. La “famille”, comme Matt appelle son public, est ressortie avec des étoiles plein les yeux et le sourire collé au visage.

Quant à moi, je n’ai pas juste assisté à un concert. J’ai vu un rêveur qui n’a jamais cessé de gravir les marches. Et qui, surtout, n’a pas oublié de redescendre pour prendre les autres par la main.

Teddy fradet/Oren le conteur

15/12/2025

(Cet article est publié à titre personnel sur mes réseaux sociaux et relève de ma propre initiative, et non d’une démarche officielle de Presse Océan.)