

Je suis originaire de Montet, mais Montet Fribourg, pas Vaud
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Je suis originaire de Montet, mais Montet Fribourg, pas Vaud
Images TSR : https://www.facebook.com/RTSArchives/videos/1274659664225215
Et c'est presque pareil, parce que Montet Fribourg se trouve juste après Montet Vaud, un peu plus haut. Plus exactement, je suis originaire de Vezin sur Montet. Il faut savoir qu'en Suisse les origines sont une fumisterie. La descendance adopte l'origine du père. Lorsqu'on est naturalisé suisse, on doit se choisir une origine.
C'est un système qui a été mis en place lorsque les français ont traversé la chaîne du jura et expulsé les bernois de l'Etat de Vaud et les prussiens de l'Etat de Neuchâtel. Il fallait bien que ces nouveaux résidents aient une origine, alors les communes ont acheté des origines, tout simplement. Autant dire que personne dans ma famille n'est jamais né à Vezin. Et personne ne savait même où ça se trouvait. Personnellement, je ne savais même pas qu'il y avait deux Montet.
Quand je suis revenu de France en 2003, j'ai eu besoin d'un document, alors je me suis rendu à Montet. A la commune, vérification, aucun Curty dans les registres. Tout-à-coup la secrétaire a une illumination et me dit : "aaah, mais vous êtes sûr que ce n'est pas à l'autre Montet ?". L'autre Montet ? "Oui Monsieur, ici vous êtes dans le canton de Vaud". Oui, parce que, il faut que je vous explique, dans le canton de Fribourg, il y a une enclave du canton de Vaud dans laquelle se trouve le Montet Vaud. C'est-à-dire qu'on est pas dans le canton de Vaud, mais le canton de Fribourg, sauf dans cette petite enclave où se trouve ce Montet.
Donc bon, je vais à l'autre Montet, et à la commune on vérifie et on me dit qu'effectivement, je suis bien originaire du coin, mais qu'en fait c'est à la commune de Vezin, qui se trouve au-dessus. Bon, je monte à Vezin, un petit bled qui aurait été paumé si ça n'avait pas été en Suisse. J'arrive à "l'Hôtel de ville", un petit bâtiment réunissant l'école, la municipalité et d'autres choses. Evidemment fermé, ce n'est ouvert que le vendredi après-midi de 14h00 à 16h00. Autant dire que finalement j'ai fait tout ça par courrier.
Pour ce qui est du reportage, j'ai travaillé dans la restauration sur les bateaux de la LNM quand j'avais 17 ans. Je réalisais des banquets. Ces bateaux sont privatisés pour des événements. Je faisais aussi le cuistot sur La Béroche, qui est équipé d'une cuisine industrielle et sert de vrais menus. Je faisais également l'approvisionnement, boissons, en-cas. La Mouette, je connais bien ce petit bateau de ligne, mais quand j'ai travaillé à la LNM, il était en réparation depuis plusieurs années, sa coque était tellement rouillée qu'ils cherchaient les fonds pour le réparer et n'étaient même pas certains que ça en vaille la peine.
Ce bateau faisait "le triangle", Neuchâtel > Cudrefin > Estavayer > Neuchâtel 4 fois par jour en poussant à Portalban deux fois dans la journée. Quand La Mouette a été sortie, c'est le Ville d'Estavayer qui l'a remplacé, un bateau encore plus petit. Sur ce bateau, j'ai servi un jour les deux stars politiques romandes de l'époque qu'étaient Jean-Pascal Delamuraz et René Felber. René Felber avait privatisé le bateau à l'occasion de l'anniversaire de Delamuraz pour manger avec lui en tête-à-tête entre potes une fondue bourguignonne. Autant dire qu'une fois que j'avais fait les sauces et coupé la viande, il ne me restait plus grand-chose à faire.
A Neuchâtel, on voit la magnifique Place des Halles. Et là aussi j'ai plein de souvenirs. A un moment donné je vois un porche où existait un magasin il y a 35 ans à qui j'ai vendu un gros photocopieur Minolta. De l'autre côté je vois une ruelle où a été créé un bistrot "Le Charlot", par le père d'un ami d'enfance.
Tout ça relève désormais de mon passé, me manque cruellement, le Lac de Neuchâtel et Neuchâtel me manquent. Je me souviens avoir marché avec mon père, de Boudry où nous vivions, j'avais 5 ans, jusqu'à "La Brunette", l'usine de clopes Philip Morris au bord du lac, qui avait une piscine gratuite, ouverte à tous. Sur le parking du port il y avait la Frite Vagabonde, une cabane à frites, où se retrouvaient les fans de Harley, les fans de Ferrari, les fans d'américaines, où on se retrouvait entre potes. Des choses qui ne seraient plus possibles aujourd'hui, évidemment.
Tout cela est malheureusement en Suisse, je ne reverrai donc jamais mon coin, je n'y reviendrai jamais. Sauf à ce qu'on me paie pour y aller. Si jamais on me propose quelques milliers de francs pour réaliser une prestation j'irai évidemment. Mais il faudra vraiment me payer pour que j'aille dans ce paradis devenu infernal.

