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Le jour n'est pas encore levé, nous nous préparons à partir dans la moiteur matinale.

Un dernier adieu, puis une porte se ferme définitivement. Dehors, le ciel s'éclaircit. Il redeviendra certainement bleu lorsque la catastrophe climatique engendrée par les faucheurs s'atténuera. Ils ne toléraient pas le soleil, sa chaleur, sa lumière. Ils avaient donc obscurci le ciel et provoqué un hiver de 10 ans. Désormais, les tours d'oblitérations ont été abattues ; maigre victoire, mais victoire quand même.

Un ciel rouge et noir est encore visible parfois quand la météo s'empêtre dans l'avant et le désormais.

La lune réapparait subrepticement. Elle était toujours là, mais on ne pouvait plus la voir. Elle éclaire difficilement le filet d'eau de l'ancienne rivière. Tout comme l'astre, le ventre de Clara s'arrondit. La vie renaît en même temps que l'espoir. La température est douce et dans le bois qui revient à la vie, nous avons aperçu une biche tranquille qui paissait.

J'essuie une dernière fois mes larmes et craque un bâton de magnésium que je jette aussitôt dans la maison qui s'enflamme lentement.

''Embraser le passé pour embrasser le présent'' aurait dit mon père.

Nous reprenons notre route sans nous retourner. Je ne peux m'empêcher de songer qu'un jour peut-être, une famille partagera une partie de pêche sur ce lac. S'en suivra un piquenique dans la prairie en fleur à l'occasion d'un prochain printemps. Rêve lointain d'une génération future qui retrouvera, je l'espère, la joie et la notion de l'essentiel.

''Tout n'est qu'une question de temps et de résilience'', aurait répondu ma mère.

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C'est l'espoir qui nous avait permis de s'accrocher, de supporter chaque jour cette atrocité : survivre pour les enfants. Dans les cages, les vivants se soutenaient mutuellement, les plus jeunes étaient protégés comme un trésor. C'est bien cette force d'âme qui avait permis à l'humanité de se battre jusqu'au bout, pour ne pas devenir tel que les faucheurs ; des prédateurs sans scrupules.

L'instant de leur départ fut nommé ''libération'', mais ce n'était pas une fête, c'était une commémoration...

...Il n'y aurait plus de fauches ni de cages, l'enfer était juste terminé. Mais si leur départ avait marqué la délivrance des humains, certains d'entre eux, habitués à leur rôle de bétail, resteraient peut-être éternellement prisonniers de leurs chaînes mentales. Car si l'enfer était terminé, il fallait encore traverser le purgatoire...

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Malheureusement pour Clara, il ne reste de son quartier qu'une vaste désolation. Les blasts plasmiques de leur arsenal étaient terriblement efficaces. De ces bombardements, ne demeurent que des cratères vitrifiés remplis de cristaux de quartz que l'on mine pour rebâtir notre civilisation.

D'une certaine façon ça l'arrange, elle préfère tourner la page.

Sur le trajet du retour, nous faisons une pause pour que je lui masse les pieds ; elle a ce petit être à porter en plus de son propre poids. Il est temps de tout recommencer.

C'est alors qu'elle sort de sa poche les alliances que j'avais laissées dans la chambre et me les tends. Je comprends le message et l'embrasse en guise de réponse.

Tandis que nous rejoignons la civilisation renaissante, le monde pourra réapprendre à tourner et la nature pourra reprendre ses droits. Cependant, l'empreinte laissée sur l'humanité demeurera indélébile.

Nous avons enfin réalisé que rien n'est éternel et que ce qu'il reste du monde doit être préservé pour les générations futures. Quant au passé, il doit retourner à la poussière, s'élevant vers le ciel avec les voix silencieuses de nos disparus ; tout comme, au loin, les cendres de la maison penchée qui se dispersent dans l'inconnu.

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