

Parce que je n'étais plus seule...
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Parce que je n'étais plus seule...
Parce que je n'étais plus seule...
Je m’appelle Hortense. Un prénom doux, presque noble.
Comme un parfum discret posé sur l’épaule d’une existence
Qu’on aurait voulu sans tache !
Petite, j’avais tout.
Une maison immense, des goûters au goût de vanille
Et de tendresse en apparence.
Des cahiers sans rature, des parents avec de beaux costumes
Et de faux sourires.
Mais derrière les voilages en dentelle, il y avait du vide, un gouffre feutré.
On ne me demandait pas qui j’étais, seulement de bien me tenir.
Alors j’ai appris à plaire, à sourire juste ce qu’il faut.
À taire mes questions, et surtout à m’effacer.
C’est dans ce silence que les premiers hommes sont entrés.
Le premier m’a appris à douter.
Il me disait que j’étais trop fragile, que je devais grandir un peu.
Le second m’a enfermée dans son regard
Comme dans une cage dorée. Je ne voyais que lui.
Le troisième m’a fait croire que je n’étais rien sans lui.
Et j’ai fini par le croire.
Mais le dernier…
Le dernier a fait de moi une marchandise.
Lentement. Froidement, maquillée de fausse liberté.
Un appartement « chic » offert sans loyer.
Des dîners, tous sauf banals
Des « amis influents » qui devenaient des clients.
Puis les menaces, puis les caméras
Puis… les soirs qu’on ne veut pas se rappeler.
Un jour, il m’a emmenée dans un chalet.
Ils étaient six, ou huit. Peut-être plus…
Je ne veux pas me souvenir.
Je me rappelle juste cette lampe nue au plafond.
Puis le noir du bandeau sur les yeux, ce bruit des ceintures
Et ce goût âcre et gluant dans ma gorge.
Je me rappelle avoir pensé :
« Si je meurs ici, personne ne saura.
Et peut-être que c’est mieux comme ça. »
Mais je ne suis pas morte.
Je me suis réveillée deux jours plus tard, nue, couverte de bleus
Avec un mot griffonné :
« Tu me dois ça. »
Alors j’ai fui, sans sac, sans papier, sans idée.
Je me suis volée à moi-même.
Je marchais depuis des heures, hagarde, quand c’est arrivé.
Dans un bruit de râle sourd, un choc, et ce SUV noir
Que je ne connaissais que trop bien, poursuivant sa route
Loin déjà.
Ça aurait pu être moi ? Ou dû peut-être…
Mais, non, ce n’était pas le cas.
Sur l’asphalte humide, une masse sombre gisait.
Un chien. Un sale chien, gris, maigre, un bout de vie errante
Heurté de plein fouet.
J’ai crié.
Hésitante, j’ai approché.
Le seul être plus paumé que moi venait d’être écrasé.
Comme on écrase un gobelet vidé.
Mais… Il respirait encore.
Ses yeux me fixaient. Il avait mal, mais pas peur.
Dans ce regard, il n’y avait aucune lamentation.
Juste une question muette : Et maintenant ?
Je l’ai porté. Il ne pesait presque rien.
Je ne savais pas où aller, alors je suis restée là
Sur le bord de la route, toute la nuit, à le tenir contre moi.
Il a posé sa tête sur mon bras.
Et j’ai pleuré pour la première fois depuis des années.
---
Je l’ai appelé Chance. Parce que c’est ce qu’il était.
Un putain de miracle.
Les jours suivants, j’ai volé pour lui acheter de quoi le soigner.
J’ai appris à panser ses plaies.
Et, sans le savoir, je soignais les miennes.
Il marchait bancal, moi aussi.
Il avait peur des hommes, moi aussi.
Mais il avançait. Il voulait vivre.
Et j’ai voulu vivre avec lui.
---
On a quitté la ville.
On a pris les petites routes, les trains de nuit
Les coins paumés où personne ne te demande d’où tu viens.
Je lui parlais, il m’écoutait.
Je lui racontais tout ce que je n’avais jamais dit.
Mes cauchemars, mes cicatrices, mes hontes.
Il m’écoutait sans détourner le regard.
Et dans ce silence, j’ai compris que je n’étais plus seule.
---
Puis, un jour, j’ai pris la parole.
Dans un petit centre social, dans un village du Sud
Une animatrice m’a demandée
Si je voulais dire quelque chose aux adolescentes.
J’ai dit oui. Et j’ai raconté.
Pas les détails, pas l’horreur.
Mais la renaissance.
Je leur ai parlé de ce jour où j’ai rencontré Chance.
Et comment c’est lui qui m’a donné envie de me relever.
Redonné envie d’être, de renaître.
Je leur ai dit que la vie peut basculer mille fois.
Mais qu’il suffit d’un rien,
D’une petite chose minuscule, pour que tout change.
Un regard. Un animal. Un mot. Une main.
À la fin, une jeune fille m’a prise dans ses bras.
Elle pleurait. Elle m’a dit :
« Tu m’as montrée quelque chose. »
Et là, j’ai su.
Ma douleur n’était pas vaine.
Elle servait à rallumer des lumières.
---
Aujourd’hui, je vis nulle part et partout, avec Chance.
Il est vieux maintenant. Il boite toujours, moi aussi parfois.
Mais chaque jour, on avance. On témoigne. On vit.
Loin des chaînes. Loin des rôles.
Je ne cherche plus à plaire, je cherche à dire.
À aimer librement, à vivre autrement.
Parce que rien n’est figé.
Parce que le destin, ce n’est pas ce qui nous arrive,
Mais ce qu’on décide d’en faire.
Parce que, parfois, il suffit d’un chien errant
Et d’un peu de courage pour oser cette renaissance.
Embrasser enfin une autre vie.
Auteur : PascalN ©
Dans : « Scènes de vie »
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Luce hace 2 horas
magnifique
Pascaln hace 2 horas
Merci beaucoup
Jackie H hace 3 horas
Bonne chance pour ce concours Pascal... j'aime bien votre histoire 🙂
Pascaln hace 2 horas
C'est gentil, merci beaucoup.