

L'étagère
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L'étagère
Je suis une étagère, une p'tite étagère qui ressemble à rien.
Juste un p'tit bout de bois posée sur un mur.
On m'a collé là pour à coté d'un lit, d'un lit fait pour deux.
Sur moi, on a posé, un plante en pot, une chiffonnette,
Des médicaments.
J'ai été collée là pour un homme, un sacré bonhomme.
Un homme très aimé, un homme torturé,
Qui savait aimer et puis oublier.
Qui m'a collée là et pourquoi.
C'est n'importe qui, juste une p'tite femme
Un p'tit brin de femme, qui pensait vraiment,
Que je suffirai à tout réparer
L'homme se plaignait,
La maison est trop sombre
Je ne suis plus que l'ombre
L'ombre de moi-même.
Il faut que je m'évade
Toi tu lis, ce n'est pas pareil,
Tu jardines, tu bricoles
Hugo lui, il bosse du soir au matin
Aussi, vous ne vous ennuyiez pas,
Et moi?
Alors il s'est fait des amis, de nouveaux amis
Qu'elle ne connait pas.
Il ne les lui présente pas.
Et puis ils s'absente, de plus en plus souvent.
Elle ne dit rien, le tout, c'est qu'il soit bien.
Même si elle aimerait bien
Parfois sortir de ce chez elle
Qui n'est pas chez elle.
Mais il n'a pas le temps, ils font un barbecue,
Il faut que je soit là.
Et puis, tu sais quoi, je vais dormir là bas.
Si je bois un verre ou deux ,
Ce ne serait pas sérieux...
Et elle dort, sur le canapé,
car depuis 14 ans , elle n'a pas passé
une lit sans lui et ce grand lit froid,
Elle le hait déjà.
Et puis, nuit après nuit, vie après vie
Il est absent
De plus en plus souvent
Et elle a peur, mais mais quand elle dit
"Tu es folle où quoi, je doit juste respirer."
Elle, elle ne respire plus, où du moins plus souvent
Elle reste avec son fils, ils vivent en vase clos,
Car il n'y a personne, personne avec eux.
La mère est malade, alors le fils la surveille.
Tu vas bien maman, je t'aime maman.
Tu as pensé au neurochirurgien?
Oui, j'ai annulé, pour pas le déranger.
Et puis plusieurs mois se passent ainsi,
"Je reste chez eux, ils sont un peu vieux
Ils préfèrent que je sois là ça les rassure un peu
Et puis pour Noël, j'suis invité chez eux!"
Noël et jour de l'an, encore tous les deux
Alors, ils font semblant, des toasts pour deux,
Une raclette pour deux, des cadeaux pour deux
Elle, elle sait déjà, mais elle n'y croit pas.
Alors elle interroge
"Pourquoi tu n'es jamais là ?
Pour Hugo, pour moi"
"C'est cette maison, elle ne me plait plus!"
Mais elle non plus, elle y est prisonnière
Elle ne conduit pas et son fils préparait son permis,
Mais son "papa" n'a plus le temps pour lui.
Alors, que fait-elle?
Elle arrange la maison, met des couleurs claires,
De nouveaux rideaux, et puis une étagère...
Mais la suite est claire,
Monsieur part en voyage avec une autre qu'elle,
Les photos arrivent lui, avec elle.
Elle avec lui.
Dans leur paradis,
Où ils ont vécu à trois...
Elle sait déjà
Qu'elle n'y retournera pas
Alors elle pleure, et son fils lui dit qu'il savait déjà.
Alors elle s'effondre, séjour à l'hôpital
Pris trop de cachets, ah? pardon, j' ai dû me tromper!
Et puis, elle écrit, à tous , sur Panodyssey
Et à lui encore,
Mais il ne lit pas,
Elle est muselée.
Il revient parfois, pour les ravitailler.
La ville est trop loin.
Alors il amène des gâteaux
Qui finissent aux poules,
Ca tombe bien, elles adorent les tartes au citron...
Et puis parfois, les laisse les courses devant le portail,
Comme ça il les voit pas
Il évite les conversation.
Il ne sais pas ou il ne leur dit pas
Et puis c'est pour ça que je ne viens pas
Vous questionnez trop
Pourtant, les conversations...
Ils disaient on t'aime et on t'attend...
Lui disait, je sais, j'ai besoin de temps,
Je suis malheureux,
Et puis, la maison est trop sombre...
Alors ils attendent
Elle ne mange plus
Elle perd 11 kilo.
Et elle l'interroge;
Qu'est ce que tu veux faire?
"Si tu dois nous quitter, fais le
Au moins au saura!"
Mais lui, il répond: "on verra"
Elle devrait partir et le laisser là.
Mais elle ne le fait pas,
Parce qu'elle est amoureuse
Et qu'elle garde espoir avec ses "on verra".
Et en ce moment,
Elle perd tout espoir
Elle n'y croit plus
Elle veux déménager
Elle veut tout quitter.
Mais elle n'le fait pas
Avec ses "on verra"
Alors moi, petite étagère
Je suis là et j'attends
Je voudrais bien l'aider
Mais je sens que parfois,
Elle veut me décrocher,
Elle qui pensait
Que j'allais tout réparer
elle veut tout casser, mais elle n'le fait pas.
Parc'qu'elle est pas comme ça...
Peut-être que bientôt,
Plus de plante en pot
J'aurais servi à rien...
Alors j'espère qu'au moins
Je resterai au mur
Et qu'la prochaine fois
On se servira de moi.
Une autre plante en pot
Un autre stylo.
Un histoire moins triste.


Aline Gendre 1 day ago
J'aimerais être les étagères qui vous construisent une autre maison.