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Chapitre 1 - C'est TOI le problème !

Chapitre 1 - C'est TOI le problème !

Pubblicato 24 ott 2023 Aggiornato 23 apr 2024 Young Adult
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Chapitre 1 - C'est TOI le problème !

— Où est-ce que tu comptes aller comme ça ?

La voix narquoise qui s’éleva derrière lui bloqua immédiatement sa respiration dans sa gorge. La main crispée sur la lanière de son sac de cours qu’il portait en bandoulière, le jeune garçon se mit aussitôt à courir à toutes jambes. Il ne devait pas se laisser attraper une nouvelle fois ! Il tourna brusquement dans une petite ruelle déserte recouverte de pavés et continua sa course effrénée. Son sac se balançait sur sa cuisse, la frappant à répétition, et ses poumons étaient en feu.

Cependant, entendre le bruit de pas qui résonnait dans son dos le dissuadait de ralentir.

Après quelques instants, une main se posa sur son épaule et la serra si fort qu’il en eut mal. Son poursuivant freina brusquement, à tel point qu’il manqua de tomber sur le derrière à cause de l’arrêt brutal. Le souffle de buffle enrhumé qu’il sentait sur sa nuque le fit frémir.

Ils l’avaient rattrapé ! Il allait sans aucun doute passer un très mauvais quart d’heure, et ce en moins de cinq minutes !

Ce garçon, c’était lui : Conrad Morris, un gamin de onze ans presque ordinaire qui subissait depuis quatre ans le harcèlement que lui faisaient subir trois de ses camarades de classe. Encore une fois, ils l’avaient suivi après sa sortie de l’école à la fin des heures de cours, et une nouvelle fois, il devait s’attendre à ne pas apprécier la suite. Se faire courser par ces abrutis n’était généralement pas bon signe !

Sa respiration était encore sifflante et soulevait une mèche de ses cheveux légèrement ondulés et mi-longs à chacune de ses expirations précipitées. Il secoua la tête, et sa tignasse couleur roux flamboyant suivit le mouvement. Ses cheveux, plus long dans le dos, touchaient presque le haut de ses épaules. Tandis qu’un souffle puissant continuait de caresser sa nuque, des bruits de pas continuaient de retentir dans la petite rue. Conrad soupira de lassitude, tout en essayant de reprendre un rythme cardiaque normal. Il n’était pas fan des solos de batterie dans sa cage thoracique. Mais les deux silhouettes qui passèrent à côté de lui le ramenèrent à la réalité.

Et voilà, le reste de la bande arrivait. Rapidement, deux autres garçons apparurent dans son champ de vision.

Jules Metz, le premier qu’il vit, était grand et musclé. Sa carrure imposante, due au fait qu’il était plutôt grand et baraqué pour son jeune âge, était surmontée d’une tignasse brune en bataille. Ses yeux marrons étaient enfoncés dans leurs orbites. Habillé d’un débardeur qui laissait aisément deviner ses muscles et d’un jeans troué au niveau des genoux, il faisait généralement le maximum pour impressionner les filles de sa classe.

Bref, un mégalomane comme on les aimait !

Un second garçon arriva en trottinant d’une démarche pataude et en soufflant comme un bœuf à deux doigts de la crise cardiaque. En même temps, Adam Simons n’avait pas ce qu’on pouvait qualifier de physique d’athlète. De taille moyenne et assez gras, il ressemblait, à quelques détails près, à un gros cochon dodu surmonté d’une perruque blonde et courte. Son gros pull clair à col roulé ne le faisait pas paraître plus mince, bien au contraire, pas plus que son pantalon large qui traînait sur le sol. Ses yeux noirs étaient mi-clos : il semblait au bout de sa vie.

C’était sûr qu’en comparaison à eux, Conrad n’avait aucune chance avec son physique mince et petit. Il ne pouvait pas se vanter d’être musclé, et il n’avait rien d’imposant. Ce qui faisait de lui la victime parfaite !

— Alors, tu ne nous attendais pas, l’anormal ? ricana Jules d’une voix forte.

Le brun attrapa brusquement le col de la chemise blanche de son condisciple avant de le plaquer contre le mur de briques d’une maison. Maintenant, sa victime pouvait voir le troisième membre du groupe : Jaysen Dubois. Ce garçon était beaucoup plus grand que tous les autres. Son visage était maigre et ses cheveux bruns et gras tombaient négligemment sur son front. Son t-shirt à manches courtes laissait voir toute sa maigreur. Mais en revanche, il était diablement rapide au sprint, ce qui expliquait que ce soit lui qui ait attrapé Conrad.

Ce dernier se désintéressa de la grande asperge pour reporter son attention sur le véritable danger. Il remarqua immédiatement que le sourire mauvais du meneur s’accentuait et que ses yeux brillaient de méchanceté.

— Tu pourrais répondre quand je te parle, s’exclama Jules en tirant légèrement sur le vêtement. Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as peur ?

Conrad leva vers lui ses yeux bleu azur. Cette couleur inhabituelle lui avait valu pas mal de moqueries, bien plus que de commentaires admiratifs. Cependant rien, à ce moment précis, ne ressemblait à une lueur de défi dans ces prunelles atypiques. Son regard était véritablement insondable, à la limite d’être paisible, bien qu’il soit fixe. Le rouquin laissa un profond soupir franchir la barrière de ses lèvres, presque blasé.

— Non, plus maintenant, répondit-il après quelques secondes d’un silence lourd. À partir du moment où vous m’avez attrapé, je sais à quoi m’attendre.

Jules ne cacha pas sa grimace de dégoût et de fureur. Et le jeune garçon savait parfaitement pourquoi. C’était évident, son bourreau aurait préféré que son souffre-douleur favori soit terrorisé en le voyant arriver. Malheureusement pour lui, ce n’était plus le cas depuis déjà des années.

Conrad coula un discret regard vers la main de son assaillant qui ne tenait pas son col : il serrait le poing si fort que les jointures de ses phalanges étaient blanches. Maintenant, il savait que l’issue de cette rencontre dans cette ruelle allait se dérouler dans les coups, et il pouvait même dire qui allait les recevoir. Et non, ce n’était pas un don de devin.

— Tu es vraiment le plus chiant et le plus anormal des types sur cette terre ! cracha Jules en lui assénant un puissant direct dans le visage.

Le rouquin vacilla légèrement, mais la présence du mur derrière lui l’empêcha de basculer tandis que la prise de son attaquant sur son col se resserrait encore un peu plus. Derrière, Jaysen et Adam ricanaient bêtement comme deux porcs qui grognaient. Conrad sentit quelque chose d’humide couler au-dessus de ses lèvres pour glisser jusqu’à son menton. Et bim ! Il saignait déjà du nez et ça venait à peine de commencer !

— Jules, j’ai faim ! se plaignit Adam, une main posée sur son énorme bide pour essayer d’en étouffer le gargouillement sonore.

— Sérieusement ? gronda l’intéressé, furieux qu’on l’interrompe dans son activité favorite. Tu n’as qu’à fouiller ses affaires pour voir si tu trouves quelque chose.

Le garçon aux cheveux blonds s’approcha et arracha presque le sac à son propriétaire. Puis il l’ouvrit et le retourna, laissant tomber une pluie de cahiers, de feuilles et une trousse sur les pavés. Enfin, un paquet de biscuit dont Conrad ignorait l’existence tomba et Adam se jeta littéralement dessus comme une bête affamée.

— Quel est le problème ?

Jules tourna lentement la tête vers Conrad qui les regardait à tour de rôle. Sa mâchoire se serra si fort qu’il entendait ses dents grincer les unes contre les autres. Il détestait vraiment quand cet anormal faisait une tête de naïf comme il le faisait en ce moment même.

— De quoi tu parles, encore ? cracha-t-il avec véhémence.

— Mon père m’a dit qu’on devient un harceleur quand on est en colère à cause de quelque chose et qu’on n’est pas capable d’exprimer ses sentiments, répondit posément sa victime. Donc je vous demande ce qui vous met en colère pour que vous vous défouliez sur moi.

— À quoi tu joues ? renifla Jaysen en fourrant ses mains dans les poches de son jeans couvert de terre.

— Tu n’as pas encore compris ? rugit Jules en mettant un nouveau coup de poing sur le nez de son souffre-douleur avant de la secouer comme un cocotier. C’est TOI, notre problème ! Tu n’es pas normal, tu n’as rien à faire parmi les gens comme nous !

Conrad sentit le goût métallique et caractéristique du sang dans sa bouche. Il redressa néanmoins la tête et fixa dans les yeux le brun. Ce n’était pas comme s’il n’était pas habitué à ce traitement, de toute façon.

— C’était ça ? reprit-il sans agressivité, toujours avec le plus grand calme. D’accord, je comprends. Je n’accepte pas la façon de l’exprimer, mais je comprends tes raisons. Même si je dois dire qu’elles sont stupides.

— Tu viens de dire que j’étais stupide, là ? gronda son bourreau, se préparant à le frapper à nouveau. Je commence à croire que tu es masochiste en plus d’être con !

Un coup de poing dans l’estomac força Conrad à se plier en deux dans un gémissement de douleur. L’attaquant lâcha son col avant que Jaysen le fasse tomber par terre d’un solide coup de pied.

— Ça va ? Tu ne voudrais pas nous filer un coup de main, à tout hasard ? interrogea la grande asperge en regardant Adam qui se léchait les doigts après avoir avalé une barre de chocolat à moitié fondue.

Leur chef était bien trop furieux pour se soucier du régime alimentaire de son camarade, et même pour se soucier de lui tout court. Une fois sa victime au sol, il lui asséna trois coups de pied violents dans le ventre.

Jules haleta, son visage crispé sous la colère, tout en observant Conrad. Ce dernier préféra rester immobile. Il avait mal aux côtes à chaque fois qu’il inspirait. Sur le trottoir sur lequel il était tombé, quelques gouttes de sang tombèrent depuis son menton. Le haut de sa chemise avait pris une couleur rouge écarlate à cause de son nez qui saignait toujours.

— T’as de la chance que c’est la fin de l’année, murmura le bourreau, toujours furieux. Mais t’en fais pas, on viendra te voir même pendant les vacances… À plus, merdeux !

Le brun lui mit un dernier coup de pied dans le visage avant de se tourner vers ses acolytes, glissant ses mains dans les poches de son pantalon.

— On y va, les gars, ordonna-t-il à sa bande. Il ne faut pas qu’on se fasse prendre ici avec ce con qui pisse le sang.

Laissant piteusement Conrad derrière eux, les trois garçons reprirent leur route en chuchotant entre eux. Le rouquin attendit que le bruit de leurs pas se soit évanoui pour se relever. À peine arrivait-il en position assise qu’il manqua de se laisser retomber sur le sol. Il porta une main tremblante à ses côtes et grimaça de douleur.

Ces abrutis étaient vraiment les pires dans son école ! Et encore, il avait réussi à minimiser les dégâts. Il avait connu pire.

En tournant la tête sur sa droite, il vit que ses affaires étaient toujours éparpillées partout sur les pavés. Il fallait qu’il ramasse ça, avant qu’une voiture ne passe par là. En se tenant le côté de la poitrine, Conrad se redressa et commença à rassembler tous ses papiers et cahiers. Dès qu’il eut terminé, il se releva pour de bon et jeta son sac sur son épaule avant de reprendre d’un pas mal assuré la route vers son domicile.

Conrad quitta la ruelle dans laquelle il s’était engouffré quand il avait entendu ses assaillants le poursuivre. Il continua son chemin en s’éloignant encore plus du centre de la ville. La petite cité d’Ayrith n’était pas très grande, perdue dans le sud-est de la France. C’était à la limite des Alpes, dont on voyait les montagnes.

Après une dizaine de minutes de marche silencieuse à fixer ses chaussures, Conrad arriva enfin devant sa maison. Il habitait dans une demeure un peu à l’extérieur d’Ayrith avec son père adoptif. Il appréciait le calme et le silence de son domicile après une longue journée bruyante à l’école. Le jeune garçon resta quelques instants immobile à regarder les murs en pierre bruts et les reflets que le soleil faisait sur les fenêtres.

Après un soupir las, le rouquin sortit une clé en cuivre de sa poche de pantalon et l’inséra dans le trou de la serrure. Il avait eu de la chance qu’elle ne soit pas tombée pendant qu’il se faisait frapper. Dès qu’il entendit le clic caractéristique, il entra avant de refermer la porte dans un claquement sec. Il laissa tomber son sac sur le sol carrelé du hall d’entrée et ôta rapidement ses baskets pour les balancer dans un coin à côté d’une paire de chaussures marron élégantes.

— Je suis rentré ! cria-t-il pour signaler sa présence.

Un raclement de chaise dans la cuisine lui indiqua que son père se levait pour le rejoindre. Rapidement, un homme apparut dans le hall. Il avait quelque chose d’imposant malgré qu’il soit plutôt mince, sans doute était-ce sa grande taille qui donnait cet effet. Son visage était fin et pâle, mais ses traits étaient doux et chaleureux. Ses cheveux bruns et raides ramenés en arrière tombaient dans sa nuque, à l’exception de quelques mèches réticentes qui pendaient sur son front. Ses cheveux bruns étaient chaleureux, tout comme son sourire plein de tendresse.

En avisant la chemise bleu foncé, la cravate noire soigneusement nouée autour de son cou et la longue blouse blanche qu’il portait toujours, Conrad pouvait deviner que son père rentrait du travail. En effet, Evan Morris était un médecin généraliste qui travaillait dans un petit cabinet un peu éloigné de la maison.

Cependant, dès qu’il vit le visage de son fils, Evan perdit son sourire et soupira longuement et profondément.

— Ils ont recommencé, c’est ça ? interrogea-t-il en passant une main sur son visage.

Ah !

Conrad avait un peu oublié ce détail-là. Il avait la figure ensanglantée à cause des coups qu’il avait reçus. Pourtant, il ne chercha pas à le cacher, car il savait que c’était inutile de mentir à cet adulte. Par moment, il pensait vraiment que ce dernier était équipé d’un sixième sens pour détecter les mensonges.

— Ouais, ils me lâchent jamais quand on arrive à la fin de l’année scolaire, lâcha-t-il avec un fond de mépris dans la voix. Ils disent que c’est pour faire le plein pour les vacances.

— Tu as de la chance que je sois médecin, fit observer Evan en prenant le bras du rouquin.

L’homme l’entraîna vers une petite pièce à part. C’était dans cette dernière que le médecin stockait tous ses médicaments et bandages qu’il ne pouvait pas ranger sur son lieu de travail. Il fit s’asseoir son fils sur une chaise tournante avant de se tourner vers une armoire et d’en ouvrir un tiroir. Conrad se mit à tourner nerveusement sur son siège en se laissant aller contre le dossier, ses jambes battant dans le vide.

— Ce n’est pas croyable, ils ne te laisseront donc jamais tranquille, ronchonna le brun en s’approchant de lui.

Il posa deux doigts sous son menton pour lui faire relever la tête et examiner ses blessures. Heureusement, les dégâts étaient moins sérieux que d’autres fois. Il avait la lèvre fendue, le nez en sang et quelques bleus commençaient à apparaître sur sa mâchoire.

— Je vais te donner un peu de glace pour tes ecchymoses, déclara Evan en retournant farfouiller dans son armoire. Il faudrait que ça cesse, Conrad, continua-t-il, la tête dans un bac.

— Je sais, soupira le concerné en faisant un tour complet sur son siège. J’ai essayé d’en parler à ma prof, mais elle n’a rien voulu savoir.

Son père se redressa en glissant quelques glaçons dans un tissu avant de le lui tendre. Le rouquin le posa sur sa joue en grimaçant sous le froid et la douleur.

— De quel prof parles-tu ? interrogea le brun en désinfectant doucement une plaie. De celle qui m’avait donné rendez-vous il y a un mois ?

— Ouais, c’est celle-là.

— Dans ce cas, ça ne me surprend pas, marmonna Evan en essuyant le liquide rouge. Elle m’avait dit que tu étais un élève turbulent et bagarreur. Elle disait aussi que tu passais ton temps à grimper sur le toit de l’école.

Conrad grimaça, mais cette fois, ce n’était pas la souffrance ou la glace. Comment ça, il grimpait sur les toits ? C’était totalement faux ! Et c’était lui, le bagarreur de l’école ? Elle en avait de bonnes, son enseignante.

— En parlant de ça, reprit l’enfant avec un fond de malaise, sa jambe frétillant de gêne, même si c’était le dernier jour, j’ai encore eu un mot dans mon carnet.

— Encore ? s’exclama le médecin qui venait de terminer ses soins, sa voix montrant de l’impatience et de la colère. Bon, montre-moi ça !

Le rouquin se leva de sa chaise et repartit dans le hall en traînant des pieds, le tissu froid toujours plaqué sur ses bleus. Il ouvrit son sac et en ressortit le carnet à spirales qui était froissé après sa rencontre avec les pavés. Il retourna près de son père qui se lavait les mains après avoir touché des cotons sanglants. Conrad fit tourner les pages, laissant défiler sous ses yeux les nombreuses lignes remplies de son carnet. Il s’arrêta sur la feuille où trônait la note qui datait de midi, le jour même. Il tendit le cahier à Evan qui le prit brusquement, sourcils froncés.

— « Conrad s’amuse à escalader la toiture du gymnase. C’est un comportement inadéquat. », lut-il à voix haute, son ton exprimant clairement sa fureur. Bon, ça va, ça ne fait jamais que la douzième fois, ce mois-ci !

Le garçon détourna le regard, embarrassé et désolé, son talon frappant nerveusement le sol. Oui, ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait. C’était même plutôt fréquent. Et il devait bien admettre qu’il était en haut du gymnase pendant le cours d’éducation physique. Mais il ne l’avait pas fait exprès. Sans qu’il comprenne la façon dont ça arrivait, le rouquin se retrouvait généralement dans ce genre de situations… embêtantes.

— Je ne sais pas ce que j’ai, papa, admit-il en fixant le carrelage. Je ne comprends pas.

Evan laissa tomber le carnet sur la chaise où était son fils précédemment. Mais plutôt que de s’énerver en le réprimandant pour avoir fait l’imbécile, il s’accroupit devant lui et le prit doucement dans ses bras. Conrad répondit immédiatement à son étreinte chaleureuse, glissant sa tête dans son cou. Il sentit une main caresser ses cheveux ondulés tandis que la deuxième frottait doucement son dos.

— Je ne t’en veux pas, Conrad, murmura doucement le brun au creux de son oreille. Je te crois : si tu me dis que tu ne le sais pas, je te crois. Je sais aussi que tu n’es pas un bagarreur, donc je pense que tes professeurs déforment en partie ce qu’il se passe.

— Je suis souvent sur les toits, mais je ne sais jamais comment je suis arrivé là-haut. Je ne le fais pas volontairement, j’ai trop le vertige !

— Est-ce que tu ressens quelque chose de spécial avant d’être dessus ? interrogea le médecin en parlant lentement, articulant bien chaque mot. Est-ce qu’il y a une chose qui le déclencherait, à ton avis ?

Le rouquin resta songeur quelques secondes, les sourcils froncés et les yeux plissés sous la réflexion. Oui, il y avait un contexte dans lequel ça arrivait :

— Généralement, c’est parce que Jules et sa troupe d’abrutis me coursent.

À sa grande surprise, Evan resta silencieux. Il aurait pensé qu’il aurait essayé de trouver une explication logique, ou de tout rejeter en bloc, mais non. Il ne disait rien du tout. Un silence lourd tomba entre eux, avant que le brun ne s’écarte doucement de son fils. Il déposa un baiser rapide sur son front avant de se redresser en lui ébouriffant affectueusement les cheveux.

— Allez, va mettre tes affaires dans ta chambre et vient prendre ton goûter, dit-il avec un sourire chaleureux, quoiqu’il paraisse un peu forcé. Tu es en vacances, maintenant !

Conrad hocha simplement la tête en lui adressant un sourire hésitant. Son père se comportait bizarrement, ces derniers temps, comme s’il était plus stressé que d’habitude. Pourtant, le garçon n’avait pas envie de le lui faire remarquer, comme s’il pressentait que la raison de ce trouble n’allait pas lui plaire.

Il finit par retourner dans le hall pour reprendre son sac. Il monta les escaliers en bois, écoutant distraitement les marches grincer sous son poids. Le rouquin tourna dans un couloir sur la gauche. Il sentait que ses chaussettes glissaient sur le sol recouvert de parquet. Mais retrouver l’atmosphère si douce de sa maison lui faisait sans cesse ce bien fou après une journée d’école avec des camarades harceleurs et une professeure rasante.

Conrad arriva enfin devant la porte de sa chambre et tourna la poignée avec lassitude. Le panneau de bois pivota simplement. La pièce était illuminée d’une douce lumière orangée. Le soleil disparaissait lentement derrière une montagne à l’horizon, ce qui éclairait la chambre de cette couleur particulière. Le parquet avait une teinte plus vive qu’à l’ordinaire, tout comme les rideaux.

La chambre du jeune garçon était plutôt sobre, puisqu’il n’avait jamais trouvé utile de l’encombrer de tonnes d’objets inutiles. La seule chose à laquelle il attachait beaucoup d’importance, c’était l’importante collection de livres qui remplissait une étagère complète, le long d’un mur entier. Dans un coin, il y avait son bureau. C’était le style simple qu’on trouvait dans les grands magasins de meubles, avec une simple chaise tournante à roulettes. Toute la surface en imitation de bois était recouverte de dessins divers et variés.

Je devrais peut-être penser à faire un peu de tri dans tout ce fatras.

Conrad fit quelques pas pour arriver au pied de son lit. Il y laissa tomber son sac qui bascula sur le côté. Il rejoignit sa fenêtre qu’il ouvrit avant de s’asseoir sur le rebord. L’air était plus frais et doux que lorsqu’il était sur le chemin du retour après l’école. Le vent, qui était alors absent durant une bonne partie de la journée, s’était levé en une brise agréable. Il caressa le visage du garçon, soulevant délicatement ses mèches de cheveux, les agitant devant ses yeux.

Le rouquin appuya sa tête sur le rebord, et ses yeux bleus quittèrent le coucher du soleil pour dériver vers une grande colline qui était un peu plus loin. Parmi les arbres qui la couvraient, le garçon remarqua quelque chose de brillant. En plissant légèrement les yeux, il constata qu’il s’agissait d’un reflet sur une fenêtre.

En effet, en haut de cette colline boisée, il y avait un grand bâtiment qui s’étendait sur plusieurs étages. Conrad savait ce que c’était : une école privée. Il avait entendu des tas de rumeurs à propos de ce lieu, comme le fait qu’il s’y passerait des choses étranges, ou que dans les alentours de l’imposante bâtisse, on avait déjà entendu des bruits étranges. Certains disaient même que la police avait déjà été patrouiller là-bas pour voir ce qu’il se passait.

Mais tous ces ragots n’étaient pas vraiment ce qui intéressait Conrad. Cette école privée, il aurait bien aimé l’intégrer. Non pas pour savoir si ce qu’on disait était vrai ou faux, mais simplement pour échapper à son quotidien actuel. Il en avait déjà parlé à son père, qui lui avait évasivement répondu qu’il y avait certains critères pour entrer dans cet établissement et que c’était donc impossible.

Le rouquin n’avait jamais su quels critères étaient nécessaires, précisément. Mais il se doutait que si Evan avait pu l’y inscrire, il l’aurait fait depuis longtemps pour lui éviter le harcèlement qu’il subissait à l’école.

Cela faisait quatre ans que le garçon allait à l’école avec la peur au ventre de se faire tabasser par ses camarades. Et malgré ses efforts pour éviter la confrontation, il n’avait jamais pu y échapper. Un jour, il y a trois ans, il était rentré chez lui avec une côte cassée, et son père adoptif avait découvert le traitement dont il souffrait. Bien qu’il ait essayé d’en discuter sérieusement avec ses professeurs et le directeur de son établissement, ceux-ci avaient fait la sourde oreille en disant que ce qui se passait en dehors de l’enceinte du bâtiment n’était plus de leur ressort, et qu’ils ne pouvaient rien faire.

Si seulement il avait y avait un moyen pour ne plus être avec cette bande de brutes sans cervelle ! S’il y avait la moindre petite possibilité, Conrad la saisirait sans l’ombre d’une hésitation. Malheureusement, Ayrith était une petite ville, et il n’y avait pas d’autre école où aller. Et avec ce collège privé, il était certain qu’il devrait passer encore de longues années en compagnie de Jules et sa troupe.

— Conrad ! Est-ce que tout va bien ?

Cet appel d’Evan sortit le garçon de sa rêverie. C’était vrai, il était censé redescendre pour prendre son goûter. Il lâcha un discret soupir et ferma les yeux quelques secondes.

— Oui, ça va ! cria-t-il en retour. J’arrive tout de suite !

Après un dernier regard sur la colline où s’étendait le tapis vert d’arbres feuillus, il se leva du rebord et referma la fenêtre. Conrad repartit vers les escaliers, les mains enfoncées dans les poches de son jeans, la mine songeuse.

Il y a quelque chose de bizarre, ici. Quelque chose m’échappe.

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