HYSTÉRIE
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HYSTÉRIE
Maladie inventée de toutes pièces par un patriarcat séculaire, j'avais envie de vous parler aujourd'hui de : "l'Hystérie".
Éthymologiquement, le mot hystérie est issu du mot grec ὑστέρα hyster ou hustéra, signifiant utérus. On doit ce terme à Hippocrate.
L’idée d’une “maladie de l’utérus” expliquant les maux de la gent féminine va traverser les siècles. Au Moyen-Âge, cette maladie est perçue comme diabolique et on préconise l’exorcisme comme traitement. Malgré les tentatives de scientifiques, comme Charcot de démontrer une hystérie chez les hommes, cette maladie reste fortement liée à la féminité. Au XIXe siècle, on parle même d’ “hystériques nerveuses” pour désigner ces femmes et on se met à interpréter le moindre symptôme ou comportement déviant comme un signe d’hystérie.
Virginia Woolf et certaines suffragettes britanniques seront diagnostiquées hystériques.
Comme d'autres médecins, Isaac Baker Brown, le président de la British medical society recommande une ablation du clitoris. Selon lui, cette clitoridectomie permettrait de soigner l’hystérie mais aussi l’épilepsie ou encore l’homosexualité qu’il qualifie de “formes de folie féminines”. Cette procédure se fait alors avec l’accord du père ou du mari. L’ablation comme traitement sera utilisée jusqu’aux années 60.
Sigmund Freud a également proposé sa théorie sur l’hystérie. Ses travaux sur la sexualité auront une influence capitale sur notre vision du plaisir féminin. Selon lui, les femmes vivent dans une sorte de frustration due à leur absence de pénis. Elle se contenterait du clitoris pendant l’enfance avant de découvrir le phallus. Il maintient que les femmes doivent renoncer à l’orgasme clitoridien, qu’il juge immature, et accéder à l’orgasme vaginal afin de devenir adulte. Si elles n’y parviennent pas, elles risquent alors, selon lui, de devenir hystériques. Contrairement aux autres travaux sur le sujet, la théorie de Freud ne se fonde pas sur l’utérus, mais sur le psychisme de ces patientes qui utiliseraient leur corps pour exprimer ce qu'elles ne peuvent formuler avec la parole.
"Au XXième siècle, les médecins considèrent que les femmes qui souffrent de privation sexuelle sont des "malades". Pour les "soigner", ils procèdent à des massages vulvaires. Russel Thatcher Trall, médecin américain, observe en 1873 que ces massages vulvaires représentent pour les praticiens une véritable manne financière: «Plus des trois quarts de l'ensemble de la pratique des médecins portent sur le traitement de maladies particulières aux femmes» dit-il pudiquement. En clair: sur les quelques 200 millions de dollars de revenu global annuel de la profession aux Etats-Unis, «trois-quart de cette somme —soit 150 millions— proviennent des femmes fragiles». Libération.
"Les thérapies vont de la "douche pelvienne" (projection d'un jet d'eau chaude entre les cuisses) à la "confrication vulvaire" (massage interne des zones génitales), en passant par les cures thermales assaisonnées d'"irrigation locale" (lavements), de flagellations des reins, de massages, de fumigations intimes et d'électrothérapie". Libération.
L’hystérie a été officiellement retirée de la classification internationale des maladies en 1952.
Toutefois, le terme persiste et est devenu aujourd’hui une insulte sexiste dont les femmes font l’objet lorsque leurs comportements ne correspondent pas aux attentes de la société.
Personnellement je crois que certains confondent une femme en colère avec une hystérique car une femme n'a pas le droit de manifester sa colère. Uniquement sa tristesse. Je pense aussi à ma grand-mère paternelle qui a été lobotomisée comme cela se faisait beaucoup à l'époque car elle souffrait de mélancolie. Encore un autre mot fourre-tout si joli et qui mériterait d'être interrogé.
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