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Le cas de Mayotte

Le cas de Mayotte

Pubblicato 1 giu 2025 Aggiornato 2 giu 2025 Politica
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Le cas de Mayotte

Voilà bien longtemps que je pense à écrire un article sur Mayotte. Parce qu'ici à la Réunion, également dans l'Océan Indien, nos chemins respectifs sont dans une certaine mesure liés. Parce que la Réunion est en quelque sorte le chef lieu de la politique française dans la région Océan Indien.


Mais je ne connais pas Mayotte, je n'en ai que des échos réguliers et indirects, sur la situation extrêmement complexe de cette île, sur son histoire, sur ses problématiques actuelles, qui viennent régulièrement s'inviter et nous questionner à la Réunion. Alors, j'attendais de me sentir un peu plus légitime pour en parler.

Je ne le suis toujours pas. Mais je vous invite très fortement à regarder ce reportage diffusé sur France 5, Mayotte, l'impossibilité d'une île, qui nous retrace tout le parcours de cette île singulière des Comores, qui s'est détachée de cet archipel pour devenir le 101ème département français.


En voici un bref résumé, associé à ce que j'ai pu entendre et comprendre des problématiques de ce territoire. A savoir peut être nuancer grâce à l'intervention de certains de mes compatriotes réunionnais qui connaissent bien mieux le sujet ?


https://www.france.tv/france-5/le-monde-en-face/6927166-mayotte-l-impossibilite-d-une-ile.html




Située dans le canal du Mozambique, entre Madagascar et l'Afrique, Mayotte fait donc partie de l'archipel des Comores. Outre Mayotte, on compte 3 autres îles dans cet archipel : Grande Comore, Anjouan, et Mohéli.



A Mayotte, on compte deux îles principales, Grande-Terre et Petite Terre, et plusieurs autres îles dont Mtsamboro, Mbouzi, et Bandrélé. Le chef lieu est Mamoudzou, situé sur Grande Terre, qui compte un peu plus de 70.000 habitants, 250.000 pour l'air urbaine, « officiellement ». Ses habitants sont appelés les Mahorais et on y parle localement le français, le mahorais ou shimaoré, et le shibushi. D'un point de vue culturel, Mayotte est issue principalement de la culture swahilie, provenant de la côte est de l'Afrique, d'influence arabo-musulmane.



L'histoire des Comores est une histoire de rivalités et de domination entre les îles.

Mayotte, souvent dominée par ses rivales, devient française en 1848 après la vente par le dernier sultan Andriantsoly de son île à la France en échange de sa protection. L'ensemble de l'archipel devient protectorat français en 1886, placé sous la direction du gouverneur de Mayotte.

Mais en 1958, quand l'administration française quitte Mayotte pour s'installer à Moroni en Grande Comore. Mayotte craint de se retrouver à nouveau sous la domination de cette île rivale, et demande la départementalisation de son territoire, à l'instar des Antilles ou de la Réunion. C'est un mouvement de femmes, les chatouilleuses, qui viennent chatouiller les politiques jusqu'à se retrouver pliés de rire à terre, qui fait pression sur l'Etat pour accéder à cette demande.


En 1974, l'Etat Français organise une grande Consultation sur l'ensemble de l'archipel pour savoir s'il souhaite accéder à l'indépendance ou pas. Les 3 îles votent majoritairement pour l'indépendance, Mayotte vote principalement contre. S'ensuit tout un débat pour savoir s'il faut considérer les résultats de la consultation dans leur globalité, ou île par île.

Par la voix de l'Anjouanais Abderamane, l'indépendance de l'Etat comorien, composé des 4 îles, est déclarée unilatéralement en 1975. Mais la France, après plusieurs tergiversations, se refuse à abandonner Mayotte.

D'une part parce qu'elle a acquise légalement cette île avec l'assentiment des mahorais, contrairement aux autres îles, d'autre part parce qu'elle représente une place stratégique sur la voie des pétroliers reliant la péninsule arabique à l'Europe en contournant l'Afrique.

En outre, le cas de Mayotte se retrouve pris dans une contradiction entre deux principes fondamentaux du droit international : le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, en faveur d'une Mayotte française, et le droit à l'intégrité territoriale des États, en faveur d'une Mayotte comorienne. La France sera condamnée par l'ONU, chaque année jusqu'en 1994, pour le maintien de sa présence à Mayotte et son refus de rétrocéder cette île aux Comores devenues indépendantes, au nom de cette intégrité territoriale.

Après un référendum local en 2009, approuvé par 95% des mahorais, Mayotte devient en 2011 le 101ème département français.



Toute cette histoire n'est pas sans laisser des traces, et depuis, il y a une forte immigration illégale de comoriens vers Mayotte, d'une part car ils revendiquent cette île comme leur appartenant, d'autre part parce que les écarts de richesse se font de plus en plus criants, et que l'Etat Français assure un certain nombre de services auxquels les comoriens espèrent bien avoir droit.

La traversée se fait en kwassa-kwassa, des embarcations de fortune traversant Anjouan pour rejoindre Mayotte, qui font régulièrement naufrage. On estime que ce bras de mer est le premier cimetière marin au monde, devant la Méditerrannée.

Aujourd'hui, on estime que près de 50% de la population à Mayotte est sans-papiers. Ils vivent dans des bangas, des cases de fortune faites de bois et de tôle formant de grands quartiers en périphérie des villes.

S'ajoute un très fort taux de natalité sur l'île, (mahorais et non mahorais), faisant de Mamoudzou la première maternité de France. Le taux de croissance démographique est de 3,8 % par an, ce qui en fait même la plus forte croissance démographique de tout le continent africain, Niger excepté.


Le droit français du sol, constitutionnel, y est régulièrement remis en cause, et de nombreuses exceptions au droit français ont d'ores et déjà été votées, notamment pour réguler les droits de ces étrangers et lutter contre cet appel d'air en faveur de l'immigration clandestine.

Il existe comme un jeu du chat et de la souris entre forces de l'ordre et sans-papiers, et quand ceux-ci se font contrôler et arrêter, ils se retrouvent dans le centre de rétention administrative (CRA) de Pamandzi avant d'être renvoyés éventuellement vers les Comores. De nombreuses familles se retrouvent régulièrement disloquées de ce fait, des sans-papiers parfois nés sur Mayotte expulsés vers un territoire qu'ils n'ont jamais connus, ce qui les amènent à retenter rapidement la traversée.




Le problème majeur à Mayotte semble être l'insécurité. Ces quartiers totalement déshérités voient naître des gangs rivaux, violents et revendicateurs, et les coupeurs de route sont légion à la nuit tombée. On évite donc au maximum de sortir le soir à Mayotte, de peur de se faire attaquer. Même le SAMU ne sort plus pour les urgences médicales, la nuit tombée ! Cela fait de ce territoire un endroit très peu attractif, et il existe une véritable pénurie de personnel pour assurer tous les services public de l'Etat de droit français.


  1. Pénurie dans la justice, avec très peu de juges et d'avocats pour juger ces actes de violence et défendre les victimes de ces attaques répétées.
  2. Pénurie dans la santé, avec un déficit criant de soignants pour assurer les prises en charges appropriées (0,18 médecin pour 1 000 habitants, contre 2 en Métropole et 1,8 à la Réunion), ce qui donne lieu à de nombreuses EVASAN (évacuations sanitaires) vers le CHU de la Réunion pour assurer ces soins, parfois dans des états avancés et même dépassés. L'accès aux soins depuis 2005 n'est plus gratuit pour tous, et il faut présenter une attestation de sécurité sociale pour pouvoir en bénéficier, sauf cas d'urgence. Associé aux contrôles d'identité intempestifs réalisés aux abords des hôpitaux ou des écoles, on peut comprendre la réticence de ces populations à recourir au système de soins, et l'état catastrophique dans lequel arrivent certains sans-papiers parfois evasannés chez nous.
  3. Pénurie dans l'éducation, avec de nombreuses écoles non ouvertes (900) faute de personnel pour les encadrer. 15% des enfants ne seraient ainsi pas scolarisés.
  4. Pénurie dans les services publics, avec notamment un système de distribution d'eau potable défaillant, mal entretenu, et insuffisamment développé au vu de l'augmentation (prévisible pourtant) de la population. Ces dernières années, l'eau peut n'être accessible au robinet qu'un jour sur trois, et en quantité limitée, générant ce qu'on appelle la crise de l'eau. On comprend les conséquences désastreuses, tant d'un point de vue économique pour les populations précaires, qu'au niveau de leur santé et notamment celle des enfants.
  5. Pénurie dans la protection de l'enfance, avec ses familles paupérisées ou ses parents contrôlés et expulsés au sortir des écoles, confiant leurs enfants aux proches ou aux voisins, « le confiage » sans aucune garantie de sécurité pour eux. Tout ceci fait le lit de nombreuses situations d'abus, de violence, et pousse irrémédiablement ces enfants vers la délinquance, la violence des gangs, la drogue, et la haine des autres et de l'Etat français.



La population mahoraise, elle, est dépitée. Premier département français pour les cambriolages ou les coups et blessures volontaires, elle est ex aequo avec la Guadeloupe et derrière la Guyane pour les faits de vols avec violence. Des collectifs citoyens se sont montés, notamment en 2018, pour réclamer à ce que l'accès à tous ces services publics soit réservé uniquement aux Mahorais et à ceux détenteurs de papiers en règle, et une plus grande sévérité envers les sans papiers. Le Rassemblement National y est bien entendu accueilli à bras ouverts.

Des opérations de décasage, afin de détruire les habitats non déclarés dans des quartiers devenus très chauds et pourvoyeurs de violence, sont régulièrement organisés par les autorités, ce qui ne fait qu'attiser la haine et le ressentiment chez ces populations précaires, et ces jeunes en totale déperdition.

La plus célèbre, l'opération Wuambushu menée par Gerald Darmanin à partir de 2023, vise à expulser les étrangers en situation irrégulière, détruire les bidonvilles et lutter contre la criminalité. Si son bilan est controversé, questionné par l'opposition et les instances officielles ou associatives veillant au respect des droits humains, elle est très largement soutenue et même réclamée par la population exaspérée par cette situation chronicisée depuis bien trop longtemps et qui ne fait qu'empirer.



La situation était donc déjà explosive, et d'une complexité politique, juridique, éthique à s'en casser la tête. Il est si facile d'attiser le feu avec des solutions simplistes et radicales, les fameux « y'a qu'à faut qu'on » !

On ne peut en tout cas que déplorer l'échec à réguler et favoriser l'intégration de cette immigration massive et de toute sa descendance désormais née sur le territoire français ; et comprendre aussi l'exaspération d'une population mahoraise qui, bien que faisant partie de la République Française, ne bénéficie pas des mêmes accès aux services de l'Etat et du même développement que dans le reste du territoire français.

Cela fait le lit parfait au discours identitaire et xénophobe du Rassemblement National, et bien prétentieux est celui qui affirmerait avoir toutes les solutions pour résoudre cette crise là, dans le respect des principes de l'état de droit français, j'entends.




Alors.... rajoutez à cela le cyclone Chido, du 14 décembre 2024, d'une ampleur exceptionnelle et ravageant l'île comme jamais : 320 000 habitants sans eau courante et plus de 15 000 foyers privés d’électricité, de téléphone, d'internet. La tour de contrôle de l'aéroport, le Centre Hospitalier de Mayotte, les administrations et les écoles sont profondément endommagés. Des quartiers entiers de bangas, où vivent plusieurs dizaines de milliers de sans-papiers, sont pulvérisés.

On compte officiellement 39 morts et 5600 blessés. Mais au vu de tout ce que je vous ai décrit sur l'accès au système de soins notamment et à la politique d'expulsion des sans-papiers, et vu le fait aussi que chez les musulmans on enterre très rapidement ses morts, surtout s'ils n'existent pas officiellement pour l'Etat Français, le bilan officiel est certainement très fortement en dessous de la réalité.



On fait appel à la Réunion pour coordonner l'assistance d'urgence, organisée initialement par l'armée, la seule en mesure de faire atterrir un avion dans ces conditions. On sollicite la réserve sanitaire nationale et le personnel soignant volontaire local pour assurer les soins de premier recours, le CHU de la Réunion pour accueillir les personnes le nécessitant vitalement comme les dialysés, les collectivités pour reloger certaines populations, et notamment les mineurs isolés.

Mais la Réunion, bien que solidaire et volontaire pour apporter de l'aide à ce territoire voisin, manifeste aussi sa crainte de voir se déporter les problèmes de Mayotte sur son territoire. La réticence est grande à devoir accueillir une population mahoraise de plus en plus nombreuse sur le territoire réunionnais, qui peut être facilement assimilée à la progression de la délinquance sur l'île, notamment par la présence de jeunes déscolarisés qui erreraient dans les rues des grandes villes.

Dans cette île pourtant reconnue pour son métissage et son savoir vivre ensemble, les appréhensions envers une population aux us et coutumes assez différents de la culture réunionnaise sont aujourd'hui bien présentes. Ici aussi, le vote pour le Rassemblement National progresse, et une circonscription sur les 7 qu'elle compte a même basculée en faveur du RN.



Les destins de Mayotte et de la Réunion, bien que très différents, restent dans une certaine mesure reliés. En tout cas, nous ne pouvons pas ne pas nous sentir fortement concernés par ce qui arrive sur ce territoire, voisin du notre à l'échelle de la planète






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