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Nous n'avions que la vie devant nous

Nous n'avions que la vie devant nous

Pubblicato 29 feb 2024 Aggiornato 17 lug 2024 Poetry and Songs
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Nous n'avions que la vie devant nous

 

I - J’ai assisté à mon propre lever de vie, pas de quoi s’en émouvoir.

 

  • Dans l’antre de la Belle

 

Est-ce ainsi que la vie commence ?

Dans l’ombre d’un corps,

bercée par le bruit sourd

du palpitant d’une autre ?

Au temps où l’on savait écouter le cœur,

avant d’en avoir oublié la musique.

Est-ce ainsi que l’on vient au monde ?

Bout de chair, fruit de l’amour,

pas encore assez mûr

pour comprendre que, parfois,

l’amour ne fait pas bien les choses.

De l’amour peut bien naître la merde…

Comment aurais-je pu le savoir,

moi qui ignorais jusqu’à ma propre identité ?

Et alors que je flottais

dans le silence d’un océan sans lumière,

à l’abri d’un monde

dont je ne percevais que les murmures,

je ne songeais à rien.

Qu’il est bon de vivre sans pensées,

sans images ni souvenirs.

Qu’il est bon de vivre sans passé,

quand tout reste à découvrir.

Est-ce ainsi que l’on naît ?

Coquille vide 

dans une boule à neige ambulante ?

Poisson amnésique

dans un aquarium aux vitres opaques,

ne nageant qu’en nous-mêmes,

suçotant nos petits doigts palmés,

nageoires déformées…

Est-ce ainsi que l’on est ?

Avons-nous connu d’autres mondes,

d’autres parfums, d’autres sons,

avant de n’être qu’embryons ?

Avons-nous goûté au ciel, piétiné les nuages ? Côtoyé d’étranges entités dématérialisées,

nourrices évanescentes

d’âmes en partance pour le grand éveil ?

Avons-nous vécu avant d’être ?

Qu’étions-nous avant l’antre de la Belle ? Qu’importe.

Qu’il est bon de vivre sans penser…

 

  • Lever de vie

 

Les premiers rayons perçaient à l’horizon,

aube d’un jour nouveau,

voyant éclore un bourgeon

déraciné de la nuit dont il avait fait son nid. Premier printemps et déjà le sang

perlant sur l’épiderme

comme une rosée matinale,

rouge ruisseau, rouge l’oiseau tombé du lit

dans un cri.

Hurlement,

comme un chant s’élève quand l’ancre se lève.

Et le front déposé sur ces lèvres.

Arraché au ventre de la mère

et jeté dans la gueule de la Terre.

Nouvelle victime d’une envie de donner la vie.

De se prendre pour des Dieux…

Et ainsi, à son tour,

l’astre enflammé assistait à l’éveil,

les derniers rayons quittant l’horizon,

aube d’une existence, nouvelle naissance.

 

  • Enre les mains de la Horde

 

Oyez oyez ! Damoiselles, Damoiseaux !

Les neuf coups ont résonné en ces murs,

il est temps de lever le rideau,

et de présenter la progéniture.

Comme il est beau, comme il est gros,

les yeux de son père, le nez de sa mère.

Ou bien est-ce l’inverse ?

Va savoir…

Se peut-il qu’il y ait un homme

dans le placard ?

Bouquet de fleurs de rigueur,

offrandes au jeune baigneur ;

cadeaux et photos,

éloges à débattre,

la chambre devient le théâtre

d’une pièce de piètre scénario.

Et tandis que se joue la scène des hypocrisies, l’acteur principal se fait la malle,

fixant la fenêtre de ses yeux embués,

carré de lumière qu’ils peinent à deviner.

Mais qu’importe l’endroit tant qu’il est ailleurs, loin des bras, loin des doigts

des « irre-spectateurs »

qui le scrutent et l’animent

comme un pantin de bois

en tirant sur des fils

qu’eux-mêmes ne voient pas.

Il arrive parfois qu’à trop jouer de sa corde

la marionnette s’échappe,

au plus loin de la Horde.

Hélas,

prisonnier de son corps engourdi,

l’évasion ne peut qu’être de l’esprit.

Fermant les paupières

comme on baisse le store,

le Prince grenouillère s’éloigne des pécores

qui s’enflamment et s’extasient

devant la discutable mignonnerie

d’un nouveau-né boudiné.

 

  • Animal

 

Pourquoi me regardes-tu ainsi,

assis au fond du lit, immobile.

Tes billes de plastique,

brillantes comme des étoiles filantes,

n’ont-elles rien de mieux à faire

que de dévisager mes chagrins infantiles ?

Oui je pleure.

Je pleure d’être né

et de ne savoir comment l’exprimer.

Je pleure d’avoir peur d’une ombre,

d’un simple bruit,

Je pleure d’avoir peur du silence de la nuit.

Je pleure d’avoir faim, d’avoir soif,

ou bien d’être oublié.

Je pleure d’avoir chaud, d’avoir froid

et de m’être oublié.

Oui je pleure.

Je pleure de pleurer.

Je pleure de crier.

Je pleure d’être observé

par un ours mal peigné,

assis au fond de mon lit,

de mon lit de bébé,

aux barreaux bien trop hauts

pour m’en échapper.

Enfermé dans la cage,

un animal sauvage coule ses larmes minuscules sous le regard immuable d’une bête ridicule.

Tu te dis ours,

mais tu n’as de féroce que le nom,

puisqu’en ton ventre

ne grondent que nuages de coton.

Moi j’ai le cœur qui bat

comme un tambour de guerre

et mes cris

réveilleraient tous les chiens de l’enfer.

 

  • Un pas ou deux, mais toujours de travers

 

Je cherche mon équilibre

sur un sol bancal.

Je tangue, chavire,

titube,

me casse la gueule.

Mes pieds sont bêtes comme eux-mêmes. Toujours vouloir être en tête,

compétition puérile.

Ils m'agacent, je m'emporte.

Je prends ma grosse voix

en les pointant du doigt.

Alors ils ne se dépassent plus,

demeurent côte à côte.

Et on reste plantés là,

on ne bouge pas.

En fait, marcher n'est pas si compliqué.

Faut juste les laisser faire,

un pas ou deux, mais toujours de travers.

 

  • Un été sans indien

 

Il n’est que peu de gens

ignorant la chaleur de l’été,

celle qui pousse à danser

pour faire, la pluie, tomber,

au son des tambours des indiens d’autrefois.

Ciel sans nuage, vent somnolant,

et le sable des plages devient ardent brasier

pour petons maladroits.

Si par malheur le bambin s’en va nus pieds

en quête d’aventures,

sans machette ni chaussure,

se perdre dans les mystères

d’un désert bordant la mer,

il se peut qu’il vous revienne changé.

Car la vie est ainsi,

elle fait peau rouge des visages pâles égarés,

qu’ils marchent à quatre pattes

ou qu’ils courent comme des chevaux sauvages,

le long du rivage.

Alors, sculptant châteaux,

à l’ombre d’un tipi ;

parasol déployé au-dessus de lui,

l’enfant dégourdi, blanc comme la lune,

n’aura rien accompli sans planter sa plume ; trésor abandonné par une mouette distraite,

au sommet de sa tour ornée de coquillages,

que l’écume des jours emportera au large.

 

  • Le cœur cerf-volant

 

Cesse de me retenir et laisse-moi m’envoler,

je n’ai pour avenir qu’un ciel étoilé.

Ne crains ni les nuages, ni le souffle du vent,

j’ai le cœur volage, je suis un cerf-volant.

 

Allez petit homme, inutile de pleurer,

il est un royaume qu’il me faut survoler.

Ouvre tes mains, mon garçon, il est temps,

j’ai le cœur papillon, je suis un cerf-volant.

 

Je suis fils de l’air, enfant du Céleste.

Je me ferai la Terre, l’univers et le reste.

Il te faut accepter, m’oublier à présent,

j’ai le cœur liberté, j’ai le cœur cerf-volant.

 

  • Du plomb dans la cervelle

 

Nous étions embusqués dans les hautes herbes, scrutant les moindres faits et gestes

de l’armée ennemie.

Les pieds dans la boue,

pataugeant dans la merde,

nous étions tous atteints du mal du pays.

Lorsqu’il m’arrivait de songer

aux retrouvailles tant espérées,

loin du champ de bataille,

avec ma bien-aimée,

j’avais le cœur lourd

mais battant comme jamais,

martelant comme un sourd

tandis que je rêvais

à ses bras, à sa peau, à ses doigts, à ses mots,

qui s’en viendraient panser mes blessures,

plaies ensanglantées de mon corps criblé

de plomb.

Et puis je rampais, en silence…

Fusil chargé, baïonnette fixée…

Paré à faire parler la poudre.

C’était pas ma guerre, mais il m’a obligé.

J’avais l’âge du coloriage,

de dompter le pastel,

de tremper le pinceau dans la gouache, l’aquarelle.

Mais mon dessein fut tout autre.

À qui la faute ?

Aux dirigeants ?

Au bon Dieu ?

À la putain de cathodique

qui diffuse à outrance des images de violence

à des mômes incapables de faire la différence entre réel et fiction,

et qui se croient militaires au milieu du salon, brandissant la kalash en plastique,

fidèle réplique, tout en sons et lumières,

et pointant le canon sur des soldats de plomb,  parfaitement alignés pour être exécutés.

Le gamin, armé par ses pères, s’amuse à tuer ; simulacre de guerre.

Jeu à la con…

 

Dans quel cerveau malade

a germé l’idée de vendre à des gosses

flingues et mitrailles.

La mort n’a rien à foutre

dans les mains de la marmaille.

Mais où sont donc passés les châteaux de sable, 

la pâte à modeler, 

les briques de Lego,

les dessins abstraits qu’on aimante sur le frigo ? Que sont devenus les parents responsables ? Sont-ils morts pour de faux ?

De la main de leurs marmots ?

J’étais soldat d’alliage

et j’avais pour mission d’infiltrer les bas étages

des hauts dégradés,

histoire d’y laisser matière à penser ;

« Du plomb dans la cervelle »

comme le dit l’expression.

 

  • Dans l’ombre du coffre à jouets

 

Je me cache sous le lit,

derrière la porte entrouverte,

je me cache et observe à travers la fenêtre,

je me cache mais jamais je ne gagne à ce jeu.

On ne peut se cacher éternellement à ses yeux.

Je me cache et me crashe :

« Touché c’est toi le loup ! »

Un, deux, trois,

puis le ciel de la marelle devient flou.

Les pieds, dans l’élastique,

emmêlés,

je trébuche et m’affale sur les dalles.

Écorché,

j’enchaîne les défaites et cumule les plaies…

« L’important est de participer ! »

qu’ils disaient.

Je me cache sous le lit,

derrière la porte entrouverte,

je me cache et observe à travers la fenêtre.

Je me cache d’elle mais échoue à ce jeu,

on ne peut se soustraire bien longtemps

à ses yeux…

Je me cache de la vie car elle est malhonnête, mauvaise joueuse, tricheuse,

elle n’en fait qu’à sa tête.

Je me cache de la vie,

mais il n’est guère cachette

qu’elle ne saurait trouver,

si ce n’est dans l’ombre

d’un tout autre monde,

au fond du coffre à jouets.

 

  • Les fragiles Messagères

 

Que s'envolent bulles de savon,

jusqu'au jardin silen-cieux,

qu'elles les emportent vers l'horizon.

Que s'envolent bulles de savon,

et qu'elles racontent aux blancs cotons

les éclats de rires, les jours heureux.

Que s'envolent bulles de savon,

jusqu'au jardin silen-cieux.

 

  • Au bord du ciel

 

J’aimerais m’envoler…

« Impossible » disent les grands.

Les adultes ont tendance à brider les enfants.

Les grandes personnes pensent tout connaître, mais ils ne savent que déchirer les rêves.

J’aimerais m’envoler,

et qu’importe ce qu’ils soufflent,

je profiterai du vent

pour m’échapper du gouffre

au fond duquel les grands toisent le ciel

en battant de l’aile.

« J’aimerais m’envoler ! » que je leur dis…

Et alors ils rient.

Ils rient de mes bêtises, comme ils disent,

et se marrent de l’espoir.

Et moi je pleure un sourire pour faire bien,

un sourire de gamin, qui étouffe son chagrin.

 

« Va donc jouer au ballon

avec d’autres garçons !

Les ballons s’envolent

 dans les cours d’écoles…»

 

Les ballons ne sont que de l’air en prison

dans lequel on frappe

pour je ne sais quelle raison…

Je me moque des ballons, des garçons,

des railleries…

Moi je veux m’envoler loin d’ici, c’est ainsi.

Alors dans le square, à deux pas de la maison,

je retrouve la grinçante balançoire.

Je m’assieds, puis recule,

je me lance et bascule,

me casse la gueule sous le tilleul,

la vie encore, la vie toujours…

Mais pas le temps de me cacher d’elle,

le vent m’attend.

Je bats des ailes et à nouveau je monte à bord,

au bord du ciel.

Je m’assieds, puis recule,

je me lance, et balance

en avant,

en arrière,

en avant,

en arrière,

plus haut,

plus haut,

en avant,

en arrière,

encore,

encore plus haut…

Le cœur ouvert et les yeux clos.

Je vais m’envoler…

Mais pris de vertige, je renonce

et m’inflige la caresse des ronces…

« Je voulais m’envoler…

Et regarde où cela t’a mené,

cesse un peu de rêver,

ça risque de piquer… »

 

  • La Maison de Poufiasses

 

La nuit est tombée

et Lune impose sa lumière empruntée :

« Regardez-moi comme je brille sans la moindre flamme ! »

Se vante-t -elle de son tendre drame.

La Lune s’en fout apparemment

d’user de la lueur d’une étoile,

et le monde,

qui s’en moque tout autant,

semble trouver cela normal.

Le feu du Soleil peut brûler ce dernier,

il habille dame Lune d’une extrême beauté. 

« Qu’il en soit ainsi, se dit-elle

si larme des uns fait l’âme des autres »

La tête tournée vers la fenêtre

aux rideaux mal cousus,

assise, inerte, dans le fauteuil en plastique,

une jeune femme,

quelque peu lunatique,

occupe sa nuit en rêveries décousues.

Le désastre des astres ne l’émeut guère,

elle qui n’a d’horizon

que les murs moroses de sa maison close.

Tapissées de silence,

les pièces endormies

perdent peu à peu souvenance

d’avoir connu la vie ;

au temps où « Tempête »

s’en venait foutre en l’air

garde-robe, mobilier, aliments de polymère,

la jeune femme n’avait guère le loisir

de réfléchir aux étrangetés de l’existence,

aux injustices et aux non-sens.

Mais la vie passe et l’enfant se lasse.

Le virtuel ne laisse que peu de place

aux maisons de poufiasses…

Traînant leurs plastiques superbes

comme un fardeau, une galère,

les poupées finissent toujours

par se faire voler la lumière.

« Qu’il en soit ainsi, se dit-elle, si,

dans ce monde obsédé par l’image,

aux modèles de beauté imposés des poupées succède le charme des LED. »

 

  • La corde aux coups

 

Pourquoi les filles sautent-elles

par-dessus la corde ?

Pourquoi s’imposer la douleur qu’elle inflige lorsqu’elle claque comme un fouet

sur la peau d’une sept piges,

incapable de voir qu’elle s’amuse d’un serpent, 

et qu’un serpent sait mordre.

Pourquoi ne voient-elles pas les écailles

recouvrant entièrement l’instrument de torture. Un jouet ne devrait pas causer de blessure,

et pourtant.

Petite fille sanglotante se souviendra, je crois,

que les cordes ne sont pas faites pour amuser, mais pour nouer.

Nouer des liens bien trop serrés

pour s’en défaire.

Des liens qui lacèrent quand s’éteint la lumière…

Tu n’aurais pas dû te prendre au jeu.

Vous auriez pu vous allonger, tous les deux,

et regarder les nuages,

deviner les images qu’ils décrivent,

comme des messages qu’ils nous livrent…

À quoi bon se jeter dans l’arène,

endurer la peine et l’essoufflement

à pieds joints dans la gueule du nœud coulant

d’un lasso en mouvement.

Est-ce un jeu d’éviter de souffrir ?

Ne vaudrait-il pas mieux prévenir que guérir ?

Demande-toi à l’avenir,

au sujet de cette corde,

s’il ne serait pas plus sage de s’en passer

que de la passer…

 

  • Dans les poches des mioches

 

Les mains tu sais,

quand elles s’en vont au fond des poches,

ce n’est pas qu’elles soient moches

où qu’elles aient peur,

ni qu’elles cherchent un abri

pour se cacher de la vie.

Les mains sont des pirates

et les poches, des plages

qu’elles creusent à coup de pioche,

pour y enfouir leur butin.

Les poches contiennent mille trésors de mioches.

Dans le secret des miennes,

traînent quelqu’affûtiaux ramassés en chemin. Quand l’automne s’amène,

il balance à outrance tant et tant de richesses,

que les chercheurs d’or,

bien qu’encore gamins,

les recherchent et s’empressent

d’en avoir plein les mains.

Qu’importe qu’elles saignent de s’être battues,

tant qu’elles gardent en paumes

les reliques disparues

d’autres royaumes,

de ceux auxquels les grands ne croient plus.

Dans mes poches de mioche un peu moche, s’entassent des trésors

que l’on me reproche de garder secret.

Il semble que caillasses, glands et billes d’agates soient bien plus à leur place,

rangés dans une boîte,

qu’à faire des tours dans le tambour

d’une machine à laver…

 

  • J’irai m’allonger sous l’Arbre Lumière

 

Lorsque les saisons s’en seront retournées

sous les jupons de mère Nature,

laissant à l’hiver

le soin d’imposer sa vision du monde,

j’irai m’allonger sous le conifère

recouvert de dorures,

et, dansant avec mes rêves au bal des lumières,  j’oublierai les ombres,

ces restes de nuits

refusant le règne de l’astre de feu,

quand, au plus haut des cieux,

ce dernier tente en vain d’illuminer la vie.

La vie, de jour comme de nuit,

est emplie de noirceur,

que Soleil et Lune,

quand bien même réunis, ne sauraient dissiper.

Puisque les astres, impuissants, demeurent,

que reste-t-il aux hommes,

si ce n’est s’évader,

emportés par le ballet hypnotique

des guirlandes électriques.

Voilà pourquoi,

lorsque les saisons s’en retourneront

sous les jupons de leur mère,

j’irai m’allonger sous l’Arbre Lumière,

rêver un peu, oublier les ombres,

rêver pour mieux oublier le monde…

 

  • Guirlande d’étoiles

 

Clignotantes ou scintillantes,

elles habillent les ramures

de parures étincelantes,

et chassent l’obscur,

en singeant les lueurs

de leurs sœurs des Hauteurs…

 

Les lumières de Noël

 sont étoiles hors du ciel.

 

  • Les larmes givrées du Bonhomme enneigé

 

Le ciel tombe sa neige sur la ville endormie.

C’est l’hiver qui assiège quand le froid s’ennuie.

Esprit de conquête et de domination ;

recouvrir la planète d’un blanc de coton.

 

Le ciel pleure des larmes de givre,

et personne n’est là pour lui prêter l’épaule,

pour éponger son cœur lassé de vivre

au temps des regards rivés vers le sol.

 

Le ciel fait la gueule, comment le blâmer,

lui qui s’habille d’étoiles

pour des êtres aveuglés.

Alors il dégueule, forcément, le pauvre !

Comme je pisse dans mon froc

pour me faire remarquer.

 

Le ciel chiale des perles glacées

dans l’indifférence,

et impose au bitume la couleur de l’enfance ; virginité, innocence, pureté,

saupoudrées sur les toits et les routes…

Poussière de lumière dans un écrin qui goutte.

 

Le ciel tombe sa neige sur la ville endormie.

C’est ainsi qu’il protège des torrents de pluie qui, avec le temps, font des anciens printemps

des piétineurs de pleurs, des salisseurs de blanc.

 

Le ciel peut bien s’habiller de gris

et ensevelir le monde, si le cœur lui en dit,

je m’en irai demain, au milieu du jardin

faire bonhomme de neige du céleste chagrin.

 

  • L’offense aux santons

 

Le papier froissé, faisant office de montagne,

est à peine posé

que déjà se pressent les santons.

Bœuf, âne, chameaux et moutons

côtoient Rois mages, anges, bergers

autour d’un berceau de paille encore inoccupé. Nous ajoutons les parents

et quelques invités anachroniques,

tout en essayant de ne rien déchirer.

Trop tard…

La maladresse n’a cure du biblique,

nous cacherons la fissure

sous les flocons synthétiques…

La crèche prend vie sous le sapin décoré,

devant la marmaille qui braille

pour être preum’s à vaporiser la fausse neige

sur la tronche du divin nouveau-né.

Le respect des convenances

hélas, n’est pas de mise,

au grand dam de grand-mère

qui fustige nos bêtises :

« Génération perdue,

possédée par le diable,

passera sa vie

à rouler sous la table… »

 

À la nuit tombée,

les ainés, de mèche avec les grands,

déposeront, au pied du village déchiré,

les paquets que les plus jeunes,

au matin,

ouvriront avec entrain,

sous le regard réprobateur

de l’aïeule scandalisée

qu’en lieu et place du p’tit seigneur

sommeille un troll ébouriffé.

 

  • Le cerisier est en fleur

 

Bruissent les feuilles, craquent les branches,

tel est le chant du Cerisier

lorsque la bise se brise et flanche

entre ses ramures ornées

de parures immaculées.

 

Le Cerisier est en fleur,

y a du printemps dessous l’écorce.

Le Cerisier a fleuri de toutes ses forces…

 

  • Rat débile au ras des champs

 

Derrière la vitre, défile le paysage

sans jamais dépasser la vitesse autorisée.

Au gré des virages et des voies sans issue, succèdent aux villages des terres inconnues.

La radio grésille les quelques stations

qu’elle parvient à capter.

Dans l’trou du cul du monde,

il arrive que les ondes peinent à s’orienter.

Moi, je fixe le film

tout en imaginant un hérisson bleu

éviter comme il peut de se faire rattraper

par le bord de l’écran…

Alors sautant par-dessus maisons et clôtures, esquivant les murs, pour rester en vie,

la drôle de bestiole, libérée des pixels, 

m’emporte avec elle dans sa course folle,

loin du siège auto de la vieille Fuego.

Trop de jeux vidéo ?

Et alors…

Ne vaut-il pas mieux s’amuser

d’un rat débile au ras des champs,

qu’écouter les fadaises de parents égarés,

aussi bien sur cette route

que dans leur couple

qui doute de s’être, un jour, aimé…

 

  • J’veux pas grandir

 

J’veux pas grandir, jamais.

J’veux pas devenir une grande personne.

J’veux pas r’garder le monde de haut

comme s’il m’appartenait.

J’veux pas le piétiner de mes grands pieds.

Les grands souliers ne sont bons

qu’à écraser les horizons…

J’veux pas grandir, grandir c’est nul,

c’est comme vieillir, c’est ridicule.

J’veux pas grandir, j’veux pas vieillir,

parce qu’après on doit partir.

Et moi, bah! J’veux rester,

j’ai pas encore tout vu, pas encore tout fait.

J’veux découvrir ce qui se cache

derrière les murs

sans pour autant les enjamber.

J’veux ramper dans les fissures,

escalader, contourner,

prendre le temps,

pas survoler.

J’veux goûter l’eau des rivières

et m’y baigner,

et p’t’être aussi un peu la mer,

mais j’aime pas trop quand c’est salé.

J’préfère le sucre, l’acidulé,

j’aime quand ça pique,

qu’ça fait pleurer,

mais pour de faux.

J’aime pas pleurer, pleurer c’est nul,

c’est comme grandir, c’est ridicule.

Les grandes personnes, elles pleurent jamais,

ou alors elles font semblant.

Les larmes qu’elles coulent

sont celles de leur enfant.

Celui qui demeure au cœur malgré le temps.

Celui qu’elles voulaient être éternellement,

mais qu’elles ont oublié.

Les grandes personnes oublient souvent

qu’elles étaient comme moi avant.

Des enfants

qui n’voulaient pas devenir grands…

 

  • Les goûts et les couleurs

 

Dimanche matin,

réveil matinal,

p’tit déj en tête à tête.

Silencieux,

je rêvasse

devant mon bol de céréales,

tandis qu’Il vide sa tasse à peine remplie

d’un café dégueulasse plus noir que la nuit.

Habillé comme la veille et l’épi indompté,

nous quittons la maison.

Dehors, le soleil s’éveille,

et balance ses rayons par-delà l’horizon.

Les portières claquent

et dans l’habitacle

demeure l’odeur des prises de la veille.

Ça pue la poiscaille et l’humidité,

effluves tenaces

que le sapin du rétro ne saurait masquer.

La bagnole démarre

sur les notes de guitare du taulier,

album des 50 ans, parc des princes 93,

« C’est un chanteur abandonné… »

J’aurai préféré le Rouge-gorge

et son « aquarium »

j’me sens plus scaphandrier

en quête d’un trésor planqué

sous les cailloux bariolés qu’j’ai en poche.

 

Les goûts et les couleurs…

 

Ici, point de poésie chantée,

ça cri de bon cœur,

ça vient scander la qualité des produits frais.

Fruits et légumes, viandes et poissons…

« Bonjour messieurs !

Qu’est-ce qu’il vous faut ?

Avec ceci ?

Y a 3 kilos !

Encore un peu ?

Bien sûr messieurs !

Je vous r’mercie !

Bon appétit ! »

 

Bien emballés dans le sac plastique,

oignions, poivrons et champignons,

quelques plantes aromatiques,

rumstecks, filet mignon…

Au fond des poches des grands

y a des trésors bien différents

que ceux qui traînent au fond des miennes…

Je marche derrière,

à travers les méandres du Marché.

Bousculé parce que trop petit

pour être vu dans la cohue,

j’essaye de le suivre, mais je dérive,

Rêveur parmi les coureurs.

 

Les goûts et les couleurs…

 

Dimanche matin, fin de matinée,

à nouveau en tête à tête.

Silencieux,

je m’affaire à boulotter

le sucre perlé des chouquettes.

« Bonjour messieurs !

Qu’est-ce que ce s’ra ?

Comme d’habitude ?

On fait comme ça ! »

 

Alors,

attablés dans un coin du bistrot,

je rêvasse à nouveau

devant la valse des bulles

d’un diabolo grenadine

tandis qu’il vide sa chopine,

fraîchement remplie

d’un liquide dégoutant,

rouge comme le sang.

 

Les goûts et les couleurs…

 

  • L’enfant Lune

 

Maman est pleine comme la Lune.

Paraît qu’un autre cœur bat en elle,

un autre palpitant que le mien,

au temps où j’écoutais le sien.

J’en ai fait du chemin depuis mon lever de vie.

J’ai appris à marcher avant de savoir tomber

et même à pleurer avant d’avoir mal.

L’eau a coulé sous les ponts, au gré des saisons,

et nous voici à l’aube d’une existence,

nouvelle naissance.

Mais pourquoi faire, je vous le demande ?

À quoi bon récidiver, ne suis-je pas suffisant ?

Ne puis-je, à moi seul, combler le néant

qu’ils essayent de remplir

en obligeant encore le corps à souffrir ?

Maman est pleine comme la Lune,

regardez-la !

Légère comme une plume, la voici enclume trainant comme elle peut son surpoids.

Je l’aimais croissant, gibbeuse ou demi,

mais voilà qu’elle peine d’être pleine de vie.

Les grandes personnes accumulent les erreurs, ensuite ils s’étonnent

quand leur tombe un malheur,

comme feuilles en automne.

Moi j’ai l’hiver au cœur

de ne plus être l’unique,

glacé par la peur du destin tragique

d’être mis de côté, remplacé, oublié…

Fils de printemps ou fils d’été,

tous les enfants sont condamnés

à devenir grand, un jour ou l’autre,

tous les enfants sont comme les vôtres.

Même cet alien qui,

dans sa chrysalide charnelle,

suçote ses immondes tentacules.

Tous les enfants sont ridicules.

Dans quelques jours,

l’enfant Lune arraché à la nuit,

de son lever de vie,

subira la lumière,

me poussant hors du monde,

m’exilant dans l’ombre

de la face cachée du désastre lunaire.

 

  • Les liens du sang

 

Et que veux-tu que je te dise, j’étais là avant ! Telle est la loi des liens du sang ; priorité au premier de cordée. C’est moi qui grimpe et tu me suis, harnaché au mousqueton de mon jogging à pression que des couillons se plaisent à déboutonner pour mettre en lumière mes guiboles blanches comme un cul d’albinos vautré dans la neige. Où je vais, tu viens. Ce que je fais, tu le tentes. Et, bien entendu, après mes conneries, tu te dénonces sans tarder. Les règles sont claires, alors ne vas pas t’imaginer la moindre marge de manœuvre. Je serai intransigeant ! Telle est la loi des liens du sang ; l’assujettissement du cadet.

L’aîné avait, a et aura toujours raison, d’autant que, pour filer la métaphore de la varappe, si je tombe, tu tombes avec moi, alors que si tu glisses en loupant ta prise, tu peux être sûr que je te ramène fissa contre la paroi avant que le vertige n'ait eu le temps de souiller ton short pastel et tes méduses à paillettes.

Désolé frangin, mais nous n’avons pas l’âge du magasinage, et mère semble s’amuser des déguisements qu’elle nous oblige à porter.

Leçon n°1 : les parents se moquent de l’image sociale de leurs rejetons.

Leçon n°2 : les parents se moquent de leurs rejetons…

Leçon n°3 : l’aîné avait, a et aura toujours raison.

 

  • Ils s’en iront sans nous

 

Il s’en est allé un après-midi de juillet,

jour de fête nationale, tu parles

rien à célébrer.

Il s’en est allé, de plein fouet, percuté

par un putain d’camion,

comme disait la chanson.

Il s’en est allé, laissant sur le quai

les amis, les enfants, la famille…

À l’heure du grand voyage

au royaume des ombres,

il n’est point de bagages

dont les âmes s’encombrent.

Il s’en est allé, c’est ainsi

et qu’importe que les cœurs en pluie

l’escortent vers le paradis,

si tant est qu’il existe.

Il s’en est allé, comme tant d’autres avant lui.

Il s’en est allé et moi, pour la première fois,

je découvre la joie d’être triste.

Quand le corps s'effondre,

submergé par la montée des eaux

qui ruissellent sous paupières fermées 

à se les faire saigner,

parce que l’on refuse de voir

ce qui crève les yeux,

que parfois les cauchemars survivent à l’éveil,

et que le ciel aura beau s’habiller de bleu,

il demeure, pour le cœur,

sombre

comme un jour sans soleil.

Le chagrin nous remplit,

le chagrin nous enivre,

au goulot de l'eau de vie,

le chagrin nous dérive.

Naufragés survivants, éplorés sur la grève,

quelque peu honteux

d'être de ceux qui se relèvent

quand tant d'autres tombent

par la faux, par le glaive.

Enfermés dans l’écrin du chagrin,

point de jour ni de nuit.

Le balancier se fige

tandis que les aiguilles

nous injectent le sable du temps,

qu'il s'égrène dans nos veines 

comme un compte à rebours angoissant.

Nous nous reverrons bientôt,

dans une heure, 

dans un mois

dans un an.

Dans un siècle ...

Comment explique-t-on la mort à l’enfant ?

L’enfant que je suis

et qui riait encore avec lui,

il n'y a pas si longtemps ;

cet homme que j’aimais comme un père.

 

Quand j’y pense aujourd’hui,

je maudis la faucheuse d’emporter, toujours,

ceux qui puent l’amour

et de laisser sur place ceux dont on se passe…

 

Il s’en est allé, comme tant d’autres avant lui.

Et d’autres suivront,

sans rien dire, sans prévenir.

Les gens qu’on aime, quoi qu’il advienne, demeurent au cœur, un point c’est tout.

Mais souviens-toi qu’un jour ou l’autre,

ils s’en iront sans nous.

 

  • Laisser chagrin frôler l’ivoire

 

Je pose phalanges pour la première fois

sur les touches du Bontempi.

La mélodie ne vaut rien

et les accords sont vains.

Les notes se suivent et dérivent

dans une belle cacophonie,

mais sur les blanches comme sur les noires

je laisse chagrin frôler l’ivoire.

 

‘’Ils s’en iront sans nous…’’

 

Je ferme les yeux et pose un doigt en La,

un autre en Do, un autre en Mi

et je martèle plusieurs fois

cette première harmonie.

Je réitère en Si,

et puis enchaîne en Fa

tout en laissant quelques maladresses

venir saigner les tympans de l’auditoire.

Mon public fantasmé

ne m’en tiendra pas rigueur,

pas du genre à gueuler pour de simples erreurs.

Je vais et viens,

d’une seule main,

d’un La mineur,

Si,

Fa,

et puis revient,

comme un refrain.

De ma droite,

je tente quelques approximations

qui me paraissent écoutables.

Premier morceau, dans cette chambre bleue, porte et fenêtre fermées,

et pourtant je sens le froid s’infiltrer

sous ma chemise froissée.

Je ne sais rien de la musique,

et ne connais du solfège

que les bases enseignées par cette prof

que je suis seul à entendre,

lorsque les flutistes en herbe

oublient de s’écouter.

Je ne suis pas un musicien.

Juste un gamin à larme blanche

broyant du noir,

laissant chagrin frôler l’ivoire.

 

  • La maison oubliée

 

Les fenêtres brisées s’ouvrent sur le vague d’un terrain en friche. La porte dégondée gît sur le sol, peinture écaillée et poignée rouillée. La vie semble avoir quitté les lieux, les fissures sont seules à courir le long des murs.

À l’intérieur, les pièces sont vides. Les meubles et les souvenirs ont été emportés depuis suffisamment longtemps pour que moisissures et poussière atténuent les décolorations inhérentes à la présence d’objets quelconques. Spectre de l’absence qui nous souffle ces quelques mots :

« Tiens !  Il devait y avoir un tableau juste ici… et un tapis juste là… »

La tapisserie se déchire et le bois gondole, tout ici n’est que lambeaux. La maison oubliée, autrefois pleine de joie, est devenue tombeau.

Nous empruntons l’escalier grinçant, la peur au ventre qu’une marche se brise et nous emporte, ou qu’une main agrippe nos chevilles pour nous garder prisonniers dans la cave, enchainés au radiateur froid comme la mort. Il n’en sera rien…

À l’étage, même les moins pieux d’entre nous prient pour que le sol ne se dérobe sous notre poids. Je ferme la marche, convaincu que le danger frappe toujours par-derrière. Rien à voir avec le courage, je suis juste plus lent que les autres. Je ne suis ni grimpeur, ni nageur, ni coureur, je ne suis pas de ceux qui ont la gagne au cœur…

Les autres garçons n’ont qu’une idée en tête ; balancer pétards et claques-doigts aux quatre coins de la maison, que détonations résonnent et réveillent les fantômes en sommeil. Moi, je reste en retrait. Rien à voir avec la couardise, je suis juste plus amoureux que les autres.

Je ne suis qu’un rêveur avec une fille au cœur…

Nous nous observons tous deux en cherchant dans les yeux de l’autre le cran qui nous fait défaut. Un lien semble se tisser, l’espace d’un battement de paupières. J’ignore quels esprits hantent ces lieux, mais je sais qu’en cas de contact, n’ayant aucun positroneur désintégrant sous la main, je serai le premier à me faire engluer, parce que trop lent, évidemment.

Une explosion me sort de mes pensées.

Le lien s’est brisé, elle détourne le regard, les gars se marrent, un chien aboie, un volet claque, le vent se lève, le plancher grince, le ciel s’assombrit… et elle s’agrippe au bras d’un autre.

 

  • Nous courions dans les dunes en attendant la nuit

 

Nous étions des enfants,

des gosses innocents

à qui l’on avait imposé la vie.

Nés d’un désir que je ne saurais expliquer,

de se faire plaisir, de procréer,

d’avoir une bouche à nourrir,

un être à s’occuper,

comme quand on s’achète un chien,

un chat, un animal de compagnie

dans une animalerie…

Ça n’existe pas les animaleries de mômes ;

les gamineries ?

Alors on ‘’fabrique maison’’

des minions qu’on dépose sans gêne

dans l’arène de la vie,

pour qu’ils y mènent des combats,

qu’ils y apprennent la défaite,

la victoire,

la douleur et la gloire…

Comme des piafs,

qu’on prive de ciel

pour les barreaux d’une cage

au sol recouvert de papier journal.

Mais rien d’anormal

puisqu’il en est ainsi depuis des Lunes,

pas de quoi s’arracher les plumes.

Nous étions des enfants,

nés d’un coup de rein,

conçus au creux des hanches,

prisonniers d’une épinette

qu’ils appellent ‘’maison’’,

elle-même détenue dans une bulle d'air, 

qu’ils appellent la Terre.

Cette manie de donner des noms

à tort et à travers ;

Terre ou maison,

cage ou prison,

c’est du pareil au même,

on ne peut en sortir indemne.

Alors pour feindre l’évasion,

les enfants, qu’en ce temps nous étions,  s’émerveillaient de peu,

et sans raison.

Nous sautions dans les flaques

et gueulions à tue-tête

en évitant les claques

des adultes malhonnêtes

de nous reprocher de faire aujourd’hui

ce qu’hier ils faisaient aussi.

Nous jouions,

nous dansions,

nous rêvions et puis,

nous courions dans les dunes

en attendant la nuit…

 

  • Dormir sous les combles

 

Dormir sous les combles c’est comme avoir la voûte céleste pour couverture.

C’est, chaque nuit, s’allonger de travers et fixer la Lune sous la fenêtre de toit, rêver dans ses bras quand Morphée se tire endormir je ne sais qui, je ne sais où.

C’est regarder la pluie tomber sur le hublot, la neige jouer le rideau, la grêle marteler le carreau.

C’est voir passer les saisons sans quitter sa couche, admirer le ballet des nuages ;

paréid’au lit.

Dormir sous les combles c’est prendre de la hauteur sur les grands, bien moins grands qu’ils ne l’étaient avant.

C’est une cabane de solitude, un abri bas de plafond.

C’est la bonne altitude pour aimer l’horizon.

Dormir sous les combles c'est respirer poussière d'étoiles et toucher l'espace du bout des songes.

C'est mettre les voiles sous les draps d'un tapis volant sur lequel on s'allonge.

C'est le vertige d'être l’oiseau dans son nid, sur la plus haute branche de l'arbre de vie.

Mais dormir ainsi, ici, la nuit, c'est aussi, pour être honnête, se casser la gueule en allant aux toilettes.

 

  • La dernière balançoire

 

Maintes fois j'ai glissé sur des toboggans,

à l'endroit, à l'envers, la tête la première...

Les cabanes, les tape-culs des jardins d'enfants, n'ont à présent, pour moi,

plus le moindre mystère.

J'ai essayé, plus d’une fois, de voler

et je suis, plus d’une fois, tombé

dans les ronces.

J’ai appris le vélo, ici, avec Lui,

dans le square du haut de la butte,

j’ai appris l’équilibre et j’ai appris les chutes.

Un cache-cache dans un buisson épineux

ça laisse des traces, c’est malheureux,

comme les souvenirs des jours heureux.

Balades dominicales, parties de pétanque,

je me souviens…

Le goût de papier journal

qu’avaient les pignes de pomme de pin.

Si vous vous demandiez la saveur de la presse,

les quotidiens ont le parfum des pignons de pin.

Je me souviens sa main dans mon dos

me donnant l’impulsion nécessaire

pour fendre l’air à vélo.

Je me souviens des bosses, des montées,

des descentes…

Je me souviens avoir oublié les freins.

Je me souviens le mur, le chagrin,

l’écorchure au genou

bien moins profonde

que la blessure à l’amour-propre.

Je me souviens ses mots ;

« C’est rien, relève-toi, t’en verra d’autres ! »

Je me souviens de Lui, de celui qu’Il était,

je me souviens du square du haut de la butte,

j’ai appris à l’aimer, et j’ai appris la chute… Attends un peu que je décolle, 

il commence à faire noir,

avant que tout ne s’envole,

une dernière balançoire…

 

  • Dis Papa, c’est quand qu’on rigole

 

J’me suis encore vautré sur le bitume ‘’réalité’’.

J’ai les deux genoux qui saignent

et les paumes écorchées…

Alors c’est ça la vie ?

 

J’me suis pris en pleine face le retour de bâton.

Sûr que ça laisse des traces

en plein milieu du front…

Dis, c’est vraiment ça la vie ?

 

J’me suis relevé sans pleurer

comme Tu m’as appris

‘’Un garçon ça chiale pas !

Un homme ça survit…’’

Dis-moi, c’est ça la vie ?

 

J’me suis juste excusé de mon inattention

j’n’aurais pas dû rêver

d’un nouvel horizon…

Mais dis, est-ce que c’est ça la vie ?

 

J’me suis encore heurté à ton silence

j’ai l’cœur qui pleure

mais quelle différence ?

Puisque c’est ça la vie.

 

Des hauts pas très hauts

et des bas bien trop bas,

des questions sans réponses,

des plaies qui n’guérissent pas.

Alors Papa, la vie c’est donc ça ?

 

Tu disais :

‘’tu verras comme la vie peut être folle,

qu’importe si parfois le cœur dégringole !’’

Alors dis-moi Papa, c’est quand qu’on rigole ?

 

  • Et puis l’on grandit

 

Lorsque l’on est enfant,

et que l’on traîne sa bedaine au ras du sol,

on n’attend pas grand-chose de la vie.

Manger, boire, dormir semble suffisant,

on se contente de ramper de traviole.

 

Et puis l’on grandit…

 

Alors, cowboys minuscules

aux jambes arquées

d’avoir trop chevauché le poney à bascule,

nous cheminons, plus ou moins d

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