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Les monstres d’Elisa

Les monstres d’Elisa

Pubblicato 26 ago 2025 Aggiornato 26 ago 2025 Drama
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Les monstres d’Elisa


— Tout le monde, vous savez qu’Elisa revient aujourd’hui, n’est-ce pas ? Vous savez qu’elle a été à l’hôpital ces derniers mois. Certains d’entre vous en savent un peu plus. N’en parlez pas. Soyez gentils avec elle. Soyez gentils entre vous aussi. Je peux compter sur vous ?


J’ai crié un grand “Oui”. Le reste de la classe est resté en silence. La prof a lâché un petit rire que j’ai détesté. La première à ne pas être gentille, c’était elle. Pas grave. Elle revient. Elisa et moi, on est amies depuis le CP. Maintenant, on est en 5e.


Maman a dit qu’Elisa était morte pendant quatorze secondes. Je n’ai pas compris. Papa m’a expliqué qu’on peut parfois ranimer quelqu’un dont le cœur s’est arrêté. À l’école on nous avait montré ça en premiers secours, mais je n’avais pas bien saisi. J’imaginais : mourir, c’est comme quand l’écran du téléphone s’éteint et qu’on le rallume ?


La serrure tourne. C’est elle. Elle pousse la porte juste assez pour passer, regarde la classe par-dessus ses lunettes, fait un signe à la prof et s’assoit au premier rang, contre le mur.


Ah non. J’aurais voulu qu’elle vienne au fond, près de moi. Comme toujours. Peut-être qu’après la récré, elle viendra. Marta et Elisa, ça ne peut pas rester séparé.


Je copie le tableau. Histoire. La préhistoire. J’suis en retard, la prof parle déjà :

— « Puis, il y a environ 2,5 millions d’années, les premiers hommes fabriquent des outils en pierre taillée… »


J’me demande à quoi ça sert. Aujourd’hui on va au supermarché et voilà. Pas besoin de cailloux taillés.


Je lève les yeux. Elisa soutient sa tête avec la main. Elle fixe la prof d’un regard vide.

La prof continue :


— « À la Préhistoire, la vie n’était pas facile : il fallait chasser, cueillir, et aussi se défendre des animaux… mais parfois aussi d’autres groupes humains. »


Et c’est là qu’Elisa se lève. Sans rien dire. Elle sort. La prof la suit.


Moi je reste. Mais Elisa ne revient pas.


La sonnerie de la récré retentit. Je descends les escaliers en courant. La cour paraît différente sans elle. Plus sombre. Les gros durs sont là. Ceux qui m’avaient frappée l’autre jour juste pour mon yaourt. Quand Elisa est là, ils n’osent pas.


Je cherche partout. Et je la trouve. Derrière la vitre du bureau de la CPE. Chignon roux, tête contre le mur. Elle a l’air minuscule, repliée.


Je me rappelle quand j’étais en CP et que j’ai dit à Elisa qu’il y avait un monstre sous mon lit. Elle m’avait expliqué que ces monstres-là n’existent pas. Que les vrais se promènent dans la maison. Qu’ils frappent en plein jour, avec une chaussure, une ceinture, une gifle, chaque fois qu’elle cassait un verre ou répondait trop à l’école. Qu’ils crient, qu’ils punissent, qu’ils font mal. Mais qu’ils n’entrent pas dans la chambre la nuit pour tirer le pied. Ils viennent jamais. Ils s’en foutent.


Je n’avais pas tout compris, mais j’avais deviné que ses parents étaient durs. Trop durs.


L’an dernier, elle m’a dit qu’un des monstres était parti. J’étais contente. Mais elle a ajouté que l’autre devenait pire. Seul, plus violent. Et qu’il faisait venir d’autres monstres à la maison.


Juste avant l’hôpital, elle pleurait sans arrêt. Elle ne passait plus la récré avec moi. Un jour, je l’ai surprise aux toilettes, en train de laver ses bras. Des coupures rouges. Elle m’a regardée comme pour s’excuser. Je n’ai rien su dire.


Quelques jours plus tard, peu avant qu'elle tombe de la fenêtre, j’ai réussi à parler avec elle. Elle m’a dit que sa mère avait invité un nouveau monstre. J’ai essayé de la rassurer :


— Ça passera. Tu es forte, courageuse. Lui aussi partira.


Elle a baissé les yeux vers ses bras, a respiré fort et a murmuré :


— Ce nouveau monstre-là… lui, il vient dans ma chambre la nuit.


Depuis, j’y pense tout le temps. Maman dit qu’un hôpital n’est pas un endroit pour les ados. Mais si elle avait eu besoin de moi ? Et si, après ces quatorze secondes, elle m’avait oubliée ?


Je reste encore là, devant la vitre. Et soudain une femme arrive. Une dame bien habillée, maquillée. Elle va vers Elisa.


Je la connais pas. Je me dis que c’est peut-être sa nouvelle mère. Mes parents m’ont dit qu’Elisa a une autre famille maintenant.


Je voudrais aller leur parler. Je voudrais dire à Elisa qu’elle n’est pas seule. Mais, tout bouge sauf moi.

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