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Summer body

Summer body

Pubblicato 23 set 2024 Aggiornato 1 lug 2025 Drama
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Summer body

Le mois de juillet n'est-il pas le plus beau de tous les mois de l'année ? La chaleur un peu sèche qu'un opportun vent d'ouest se plaît à tempérer. Les terrasses des cafés, les serviettes de plage, les femmes en sandalettes et les shorts ajustés. Ces regards qui se croisent, ces sourires spontanés et ces désirs divins ressentis çà et là : mises à l’épreuve héroïques où seuls les plus chanceux se permettent d’échouer.


Oui, c'est un beau mois, assurément. Parfois. Quelque part. Mais pas ici.


Ici est tellement terne, ici est tellement triste qu'il ne mérite vraiment aucune poésie, aucune envie débile d’enlacer un instant un corps à peine effleuré dans l’eau d’une mer brulante, sous un soleil d’été.


De l'air moite. La chaleur, la pluie et les typhons. Une forêt accablante, une jungle délurée. Un peu moins aujourd'hui depuis l'agent orange : ce produit déversé appelé dioxine, vomis par des barils tous marqués au pinceau d’une griffure assassine de couleur abricot. Délicate attention. Les lianes sont tombées, l'humus s'est appauvri, les rhizomes apeurés se sont tous enfuis, les insectes sont partis, les oiseaux se sont tus, les arbres ont tous pourris. Les femmes, les hommes, aussi.


Habillée sobrement d'une tenue vert-crasse, souple, ample et confortable pour pouvoir travailler, une tunique longue, quatre pans suspendus pour couvrir les hanches et descendre doucement au plus près des genoux, une longue natte de tissu enroulée plusieurs fois autour de l'abdomen, nouée très simplement un peu sur le côté, un pantalon léger ourlé au-dessus des chevilles et des sandales en bois dont la lanière de cuir cisaille le cou-de-pied, Suối Huýt Sáo s’acharne.


Le sang coule de ses mains à force de riper sur le manche d'une pelle qui n'en finit jamais d'aller et de venir entre un trou de boue sale et un amas de terre pâteux et élastique. Deux mètres sur un, pas plus. Mais une bonne profondeur pour y déposer dans un simple linceul le dernier de ses frères. Et sans même un cercueil. La dépouille d'un homme déterminé à fuir dans son nouveau vaisseau, éclatant et doré. Libre, apaisé.


D’un horizon à l’autre, le sol se recompose : d’épaves organiques en décomposition, vient l’argile oppressante, acide et rougeoyante, puis le schiste cinglant, qui élague et qui tranche, met la peau en lambeaux, libère la chair et l’os. Le sol est dur maintenant. Elle doit saisir la pioche et briser en morceaux les roches trop solides qui résistent au karma de son parent défunt, à ce qui accueillera son âme, son esprit, dans une nouvelle enveloppe, peu importe laquelle tant qu’elle s’exile, s’enracine loin d’ici.


Il pleut. Le cône élancé et les bords élargis de son nón bài thơ la préservent de cette bordée. Mais pas la cavité qu'elle peine à creuser, qui menace de s’effondrer sous la pression d'une tourbière accablée d’eau, avide de se répandre et d’engloutir un vide qui ne lui convient guère. Elle se hâte.


Elle veut se changer. Revêtir son plus bel ao dai, livide, immaculé. Une seconde pluie s’échoue, s’ajoute à la première. Sa belle tenue est détrempée. Le bonze n'est même pas là. Mais qui va officier ? Qui portera le riz et aussi l’œuf bouilli ? Le désespoir est là, lui, toujours invité.


Elle se souvient de ses frères, quatre enfants dégourdis, quatre hommes déconstruits. Dans ce village perdu au cœur d'une province pauvre d'un état ravagé par la créativité humaine, tous les enfants sont morts avant d'avoir vécus. Ils ne sont nés que pour subir les atrocités des défoliants toxiques goulument ingérés : là un membre déformé, ici une cécité ; des poumons défaillants, des muscles atrophiés ; des douleurs, des cris, des larmes et des brasiers.


Elle, c’était la première, la plus âgée, l’ainée. Pour toute infirmité elle n'a jamais parlé. Jamais dit à ses frères, sa mère ou bien son père, combien elle les aimait : s’il n’y a qu’un seul enfer, ce ne peut être que celui-là. Sa dernière chance de pouvoir s’exprimer, d’expirer son amour, d’expier cette cruauté, va partir dans un trou, pour toujours y rester.


La nuit dispose du jour avec autorité. Les rites funéraires ne seront pas respectés, son karma prometteur sans doute réassigné, son éveil interdit, son âme errant sans fin dans le bardo maudit.


Mais elle doit en finir. Elle jette au loin l'outil qu'elle serrait dans ses bras sans y prêter attention, étouffée dans son propre suaire d’idées et de réflexions. Elle se déchausse, recule, pieds contre pieds, saisit le cordage qui enserre le linceul, tire de toutes ses forces pour traîner l’enveloppe jusqu'au bord de la fosse, fait un pas de travers et chute la première tout au fond de la niche emportant avec elle la dépouille de son frère.


Bloquée sous ce poids mort, elle se résigne, le blottit dans ses bras et attend tranquillement que son tour s'achève, ensevelie dans la fange, les viscères et les larmes.

Une dernière tentative. Elle gonfle ses poumons, expulse un air sans voix.


Les mots ne sortent pas.

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